Microsoft a publié hier soir une importante préversion pour les testeurs du canal Dev. Un très grand nombre de nouvelles fonctions, majeures pour la plupart, sont arrivées. Force est de constater que l’entreprise a écouté ses utilisateurs.
La préversion apparue hier soir, estampillée 22557, a dévoilé un programme aussi copieux que surprenant. Les ajouts sont si nombreux que l’on pourrait presque parler de Windows 11 Seconde Edition.
Ces nouveautés sont en partie constituées d’anciennes fonctions faisant leur retour, sans que l’on sache pourquoi elles avaient disparu. La frustration des utilisateurs a sans doute fini par atteindre Microsoft. Et s’il est regrettable que des capacités basiques se fassent autant désirer, la première mise à jour anniversaire du système devrait au moins marquer le coup.
Cette première build du nouveau cycle confirme en tout cas nombre d'hypothèses que nous avions formulées récemment. On est encore loin du compte, mais c’est clairement un pas dans le bon sens.
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Menu Démarrer, barre des tâches : nouveautés et retour d’anciennes fonctions
On peut ainsi à nouveau faire glisser un document vers une application épinglée dans la barre des tâches pour l’y ouvrir. Une fonction pratique qui évite des manipulations et dont on comprenait mal la disparition – comme bien d’autres d’ailleurs.
Le menu Démarrer retrouve ses dossiers, dont l’affichage est modernisé pour l’occasion. Le fonctionnement global est le même que dans Windows 10 : on fait glisser l’icône d’une application sur une autre pour créer le dossier, puis on en ajoute d’autres pour le compléter. Toutes ces icônes peuvent être réarrangées. On ne peut pas encore nommer et renommer les dossiers, mais la fonction est bien prévue dans une prochaine build.
Si vous utilisez la fonction Partager depuis la vignette pour diffuser le contenu d’une application dans la version intégrée de Teams, elle évolue dans cette préversion. Les fenêtres partagées sont maintenant marquées d’un liseré rouge. Même chose pour l’icône dans la barre des tâches.
Modifications du mode Ne pas déranger, arrivée de Focus
Plusieurs nouveautés sont présentes pour aider à se concentrer. D’abord une modification pour le mode Ne pas déranger, désormais activable depuis le haut du Centre de notifications. Quand il est actif, l’utilisateur ne reçoit que les bannières pour les notifications de haute priorité et les alarmes.
Le mode reste entièrement personnalisable dans les paramètres du système. Par exemple, dans le cadre d’un télétravail, en définissant heure à partir de laquelle on ne veut plus être dérangé. On peut choisir aussi quelles applications ont le droit de communiquer ou au contraire doivent se taire.
Focus est une nouvelle fonction. Très maladroitement traduite en « Mise au point » pour l’instant, elle permet de définir un temps pendant lequel on ne sera dérangé par aucune notification, quel qu’en soit le type. Cela inclut les panneaux en bas à droite, les sons et même jusqu’au clignotement des icônes dans la barre des tâches quand un évènement est en attente.
La fonction est bienvenue car elle répond à certaines demandes d’un outil simple ne nécessitant de basculer le système sur un fonctionnement ou un autre. Elle se lance depuis le bas du centre de notification, où l’on peut définir un temps puis valider. Une petite fenêtre carrée s’ouvre alors pour représenter le temps restant. On peut arrêter ce décompte quand on souhaite en cliquant sur stop.
Focus est également intégré dans l’application Horloge sous une forme plus complète, via les Sessions de concentration. De là, on peut leur affecter notamment une liste provenant de To Do ainsi qu’une playlist en provenance d’une application de streaming musical. Spotify est par exemple détecté, si l’on accepte de lier le compte pour que les listes soient accessibles.
Live Captions, une fonction épatante
Voilà un ajout que l’on n’attendait pas, et qui peut se révéler d’une aide précieuse. Il s’agit d’un moteur de traduction speech-to-text à l’échelle du système et fonctionnant a priori sur n’importe quelle source audio, donc sur toutes les vidéos.
Pour l’instant, les Live Captions ne prennent en charge que l’anglais. Mais même ainsi, on peut déjà tester la fonction, qui dévoile d’emblée un potentiel énorme, qu’elle soit utilisée en situation de handicap (malentendants) ou comme soutien dans d’autres contextes.
Nous l’avons testée par exemple sur une vidéo YouTube ouverte dans Firefox. En dépit du débit rapide de la voix off, Live Captions s’en est bien sorti, avec très peu d’erreurs. Même chose avec une vidéo ouverte dans Netflix sur Edge (le site noircit automatiquement quand on cherche à prendre une capture). Cette transcription automatique fonctionne aussi avec la musique, mais les résultats sont très aléatoires : un texte chanté est nettement moins reconnaissable.
Explorateur : fichiers épinglés, Accès rapide, intégration OneDrive…
Plusieurs petites améliorations ont été faites à l’Explorateur. Le menu contextuel reste désertique, mais au moins l’Accès rapide s’enrichit.
On peut ainsi épingler des fichiers, en plus des dossiers classiques depuis des années. Ils viennent s’intercaler dans Accès rapide entre les dossiers et les éléments récemment ouverts. L’extension du fichier n’a aucune importante et on peut même épingler des exécutables, même si la barre des tâches et le menu Démarrer sont plus adaptés à cet usage.
Si votre compte utilisateur Windows est lié à un compte Microsoft, les fichiers épinglés et récents manipulés dans Office sont synchronisés dans l’Explorateur. Les manipulations pour épingler ou désépingler des fichiers dans OneDrive, Teams et SharePoint sont également synchronisées. Enfin, l’Explorateur montre certaines activités sur les fichiers, notamment les commentaires, dans la vue en vignettes et la vue détaillée.
OneDrive, justement, voit son intégration renforcée. Quand on se trouve dans un dossier stocké dans le cloud, une icône de nuage apparaît en haut à droite de l’Explorateur. Quand on clique dessus, un petit panneau s’affiche pour montrer une jauge de remplissage. Plusieurs boutons renvoient aux paramètres Windows de OneDrive ou encore à la gestion du stockage, via le site web. On aimerait d’ailleurs que l’expérience soit continue avec un rapatriement des options dans le système.
On note aussi un autre retour : les dossiers affichent à nouveau une prévisualisation de leur contenu. Un comportement dont on se demande, là encore, pourquoi il avait changé.
Le gestionnaire des tâches fait peau neuve
La rumeur était fondée, le gestionnaire des tâches bénéficie enfin d’une modernisation de son interface. Objectif : suivre les nouveaux canons esthétiques de Windows 11, ce qui se voit dès l’ouverture du panneau, particulièrement dans l’onglet Performances. On peut d’ailleurs choisir quel onglet doit s’ouvrir en premier au lancement de l’application, chacun disposant de sa barre de commandes en haut.
Les onglets sont maintenant rangés à gauche et disposent d’icônes. En cliquant sur les trois barres, on peut replier cette zone pour ne laisser afficher que les icônes. L’application prend en charge le thème choisi par l’utilisateur, le gestionnaire ayant pour la première fois un thème sombre.
Le nouveau gestionnaire présente également une meilleure gestion des processus, avec la possibilité de les passer en mode Efficacité. Il permet de passer une application dans un mode de fonctionnement réduit, qui lui fait baisser sa consommation en ressources. À l’activation – via la barre de commandes – le système avertit toutefois que cette action peut entrainer parfois une instabilité de l’application. Après quoi, le processus est marqué d’une petite feuille verte.
On remarque dans les captures que certains processus présentent un signe Pause jaune. Il s’agit d’un nouveau marqueur pour les applications UWP (Universal Windows Platform) qui se trouvent en arrière-plan et dont le processus est interrompu pour ne presque plus rien consommer. Ce fonctionnement n’est cependant pas nouveau : dans la branche stable ou même Windows 10, il est symbolisé par une feuille verte. Il faut donc changer ses habitudes : la feuille verte représente maintenant le mode Efficacité, applicable à n’importe quel processus (unique, non groupé), et le signe Pause un processus UWP suspendu.
Ces changements ne sont pas encore disponibles à tous les testeurs. Dans notre cas, il s’agit d’un « coup de chance ». Par ailleurs, ce n’est qu’une première étape pour le nouveau gestionnaire. Nous verrons comment il s’améliore dans les prochains mois, notamment sur le reste de son interface car le contenu des onglets est à peu près le même à chaque fois.
Le Snap Layout disponible aussi en haut de l’écran
Le Snap Layout permet pour rappel de répartir ses fenêtres selon un modèle proposé par Windows 11. On y accède en laissant une seconde le curseur de la souris sur le bouton Agrandit de la fenêtre.
Il existe maintenant une autre manière d’y accéder : en faisant glisser la fenêtre vers le haut de l’écran. Un petit tiroir apparaît alors et, si le curseur l’atteint, il se déploie pour révéler les modèles proposés.
Les animations ont été légèrement retravaillées et la réactivité augmentée. Le Snap Layout était l’une des rares bonnes surprises de Windows 11, on ne se plaindra donc pas de le voir amélioré.
Tactile, utilisation hybride : du mieux là aussi
Plusieurs gestes tactiles font leur apparition :
- Ouvrir le menu Démarrer : avec un doigt, glisser vers le haut depuis le milieu de la barre des tâches
- Dans le menu Démarrer, basculer sur Toutes les applications : swipe vers la gauche (mouvement inverse pour revenir)
- Ouvrir les paramètres rapides : avec un doigt, glisser vers le haut depuis le bord droit de la barre des tâches
La build 22557 introduit également une accroche dans les applications tactiles en plein écran. Si l’on swipe depuis l’un des bords de l’écran, elle apparaît sur ce bord. Elle pourra être saisie pour manipuler la fenêtre. Elle a été ajoutée pour éviter les gestes accidentels en pleine utilisation. Un comportement que l’on retrouve dans un certain nombre d’applications mobiles sur les tablettes.
Windows 11, presque tel qu’il aurait dû être
Écouter les utilisateurs montre manifestement des résultats. On retrouve nombre de fonctions perdues, même si toutes ne sont pas encore de retour, loin de là. Un clic droit sur la barre des tâches ne permet toujours que d’afficher les paramètres de celle-ci, on ne peut pas épingler une application en la faisant glisser sur un espace vide, la vue calendrier dans le centre de notification n’autorise toujours aucune action.
Ce ne sont là que des exemples, mais la build 22557 montre que Microsoft reconnait ses erreurs, au moins en partie. La firme semble avoir confondu simplicité et minimalisme, comme si supprimer tout un lot de fonctions allait rendre le système plus accessible. Au point d’oublier les bases : les personnes utilisant Windows sont habituées à une façon de faire. Casser celle-ci sans offrir de compensation ne pouvait conduire qu’à la frustration.
Les personnes intéressées pourront se plonger dans la volumineuse liste des apports de cette préversion. On y remarque plusieurs autres ajouts à surveiller, notamment des optimisations pour les anciens jeux lancés en mode fenêtré.
On ne comprend toujours pas pourquoi il aura fallu attendre six mois pour voir revenir d’importantes fonctions, ni même pourquoi elles ont été supprimées en premier lieu. Dommage, d’autant que le grand public ne verra pas la couleur de ces apports avant l’automne. Notez qu’il reste plusieurs mois à Microsoft pour ajouter d’autres nouveautés à son système avant validation de ce qui constituera la version 22H2 de Windows 11.
« Nous savons mieux que vous ce qui est bon », semblait hurler ce système que personne n’avait demandé. Si l’évolution actuelle se poursuit, il pourrait même devenir bon.
