C'est en novembre 2006 que l'on découvrait Windows Vista, présenté à l'époque comme le grand remplaçant de XP. Mais il n'était qu'une étape de plus dans un cycle d'évolutions assez aléatoires qui devait nous mener progressivement au Windows 10 que l'on connaît aujourd'hui.
Lorsque Windows Vista apparaît en janvier 2007, c’est peu dire qu’il est attendu. Windows XP est en place depuis plus de cinq ans et provoque une stagnation du marché. Pourtant, l’accueil de Vista est plus que frais. Il se montre gourmand en ressources, exigeant une configuration nettement plus solide que pour XP.
Voulant indexer le contenu des partitions, il provoque de nombreux accès disque, tirant vers l’arrière les performances de la machine. L’ensemble donne une impression de développement à la va-vite. C’est en partie le cas, car le projet a connu bien des péripéties. Initialement connu comme le projet Longhorn, il était beaucoup plus ambitieux, mais manquant d’une vision claire. Entre-temps, l’arrivée chez Apple de Mac OS X Tiger avait fait du remous, car le système propose plusieurs fonctions prévues par Longhorn, mais avec des performances élevées.
Le projet avait donc été redémarré avec le début d’un travail qui ne devrait plus s’arrêter. Partant du code source de Windows Server 2003 SP1, les ingénieurs ont commencé à tracer des lignes dans le système pour catégoriser les composants et réduire les interdépendances. Mais pressée par le temps, la firme a quand même lancé son produit, alors qu’il manquait cruellement d’optimisations. Aucune leçon n’avait été tirée de Windows ME.
Et vous, quel était votre jeu préféré ?
Microsoft continuera par la suite de confondre vitesse et précipitation à plusieurs reprises. Vista débarque avec un lot conséquent de nouveautés, parmi lesquelles Aero, sa nouvelle interface. Tirant parti de l’accélération matérielle du GPU, elle présente de multiples effets comme la transparence et les ombrages. L’ensemble s’accompagne d’une collection complète d’icônes remaniées, extensibles jusqu’en 256 x 256 px.
La recherche est omniprésente dans l’Explorateur et joue un grand rôle dans le système. Il suffit par exemple d’appuyer sur la touche Windows et quelques lettres pour trouver un logiciel et l’exécuter avec Entrée. Vista inaugure aussi Internet Explorer 7, fonctionnant pour la première fois en isolation. Il introduit la navigation par onglets, la compatibilité RSS et le filtre anti-phishing qui deviendra plus tard Smart Screen.
Media Player 11 et Windows Defender sont aussi présents, de même que les applications Mail, Calendrier, Galerie de Photos, Windows DVD Maker ou encore les Gadgets, que l’on peut disposer dans une colonne à droite de l’écran. C’est aussi la première version à faire de Windows Update un composant à part. Auparavant accessible depuis une page Web, il a maintenant sa propre fenêtre et cherche des mises à jour pour d’autres produits Microsoft, dont Office. Vista fait un bond dans la sécurité, Microsoft ayant clairement retenu la leçon de Windows XP.
Il instaure l’UAC (User Account Control) qui veille à ce que l’utilisateur ne puisse plus exécuter par défaut n’importe quel processus en mode administrateur. Une autorisation est réclamée dans un espace sécurisé. Hélas, la première version de l’UAC est si paranoïaque qu’elle demande à l’utilisateur de confirmer de nombreuses manipulations, provoquant un agacement général.
Pour la première fois, le système est distribué dès le départ en versions 32 et 64 bits, moult processeurs étant alors déjà compatibles avec les instructions AMD64, généralisées plus tard en x64. Cette mouture réclame le double de mémoire vive (2 Go) et des pilotes signés, développés sur la base du WDDM (Windows Display Driver Model).
Mais Vista aurait laissé un souvenir bien plus amer si ses Service Packs n’étaient pas venus à sa rescousse. Particulièrement le SP1 sorti environ un an plus tard qui calme l’UAC et améliore nettement les performances, notamment pour les jeux DirectX 9 (Vista inclut DirectX 10). Il apporte le support du système de fichier exFAT.
Notre dossier sur l'histoire de Windows :
- L'histoire de Windows : de MS-DOS à NT 3.x
- L'histoire de Windows : l'attente fut longue avant Windows XP
- L'histoire de Windows : de Vista à Windows 8.x, de nombreuses erreurs
- L'histoire de Windows (10)
Le SP2, sorti en avril 2009, améliore pour sa part presque tous les aspects du système, notamment la veille et les connexions Wi-Fi. Vista est en outre « spectaculaire » pour son nombre d’éditions : six en tout. Microsoft a eu le mauvais goût de diviser l’édition Familiale en deux, l’une dite Basique, l’autre Premium.
On retrouve la Starter, la Professionnelle et la mouture Entreprise, cette dernière spécifique aux licences en volume. Enfin, une édition Intégrale est proposée, comprenant toutes les fonctions cumulées et ajoutant quelques bonus. On retiendra aussi que les constructeurs ont peu joué le jeu à la sortie du système. Faisant pression sur Microsoft, ils ont obtenu la création de l’étiquette « Vista Capable » qui leur permettra d’écouler des stocks de machines peu puissantes, aux composants tout juste aptes à faire tourner le système.
Certains sont même allés jusqu’à intégrer 256 Mo de mémoire (le minimum requis) pour installer Vista, avant d’en retirer la moitié pour vendre la machine. Dans ces conditions, Windows devenait plus que poussif. Ces choix ont participé à la mauvaise image du produit. Une version Server 2008 l’a suivi l’année suivante. En dépit de son renouvellement technique, Vista est resté comme l’un des plus gros échecs de Microsoft.
Son manque de finalisation et ses mauvaises performances (au début en tout cas) ont même conduit les constructeurs à revenir à Windows XP sur une partie de leurs machines.
Windows 7
Lorsque Windows 7 sort en octobre 2009, Microsoft n’a pas le droit à l’erreur. Vista a marqué négativement les esprits et l’éditeur a besoin de faire amende honorable. Le projet a été confié à Steven Sinofsky, connu pour tenir les délais dans la division Office qu’il dirige alors. L’accueil, on le sait, sera presque triomphal.
Windows 7 est le système du consensus, le premier à réellement se pencher sur les demandes des utilisateurs. Il est pourtant très proche de Vista, surtout dans sa mouture SP2. D’ailleurs, la numérotation du noyau NT passe de 6.0 à 6.1, montrant que Windows 7 est une évolution douce. Le nouveau venu se détache surtout visuellement.
Mise à plat des éléments, nouvelle barre des tâches n’affichant que des icônes et plus des noms, JumpList pour accéder aux fonctions principales des applications, suppression de la barre latérale des gadgets (même si ces derniers peuvent encore être disposés sur le bureau), ou encore de nouveaux thèmes.
L’interface se caractérise aussi par une plus grande sobriété. Elle tranche avec un Vista qui avait à cœur de montrer ce qu’il savait faire, au risque d’en faire trop. Maintenant que la composition de l’affichage n’est plus une nouveauté, il n’est plus aussi nécessaire de jouer, par exemple, sur une trop grande transparence.
Windows 7 lorsqu'il a été temps de passer à Windows 10
Windows 7 apparaît également comme plus clair et lumineux que son prédécesseur. Le système n’est cependant pas avare en fonctionnalités, avec l’apparition de nouveaux gestes AeroSnap en déplaçant les fenêtres vers les bords d’écran, la création de groupes résidentiels en réseau, la liste des connexions Wi-Fi disponibles depuis la zone de notification, l’introduction des rubans dans certaines applications (dont Paint et Wordpad) ou encore les Bibliothèques, dossiers virtuels dans lesquels on peut référencer des répertoires pour les regrouper selon les thématiques (Documents, Images, Musiques, etc.). Côté sécurité, on est là aussi dans la simple évolution.
Le Centre de sécurité est toujours là, mais renommé en Centre de maintenance, intégrant tout ce qui touche notamment à la résolution des divers problèmes. Le Centre appuie également sur l’adjonction d’un antivirus. Windows 7 tente par ailleurs de généraliser l’utilisation de BitLocker pour un chiffrement intégral du disque dur.
Il reste cependant réservé aux éditions Entreprise et Intégrale. Les éditions, justement, demeurent les mêmes que pour Vista. C’est-à-dire trop nombreuses : Starter, Familiale Basique, Familiale Premium, Professionnelle, Entreprise et Intégrale, avec leurs éditions N européennes. Là encore, le système est fourni en 32 et 64 bits. Contrairement aux versions précédentes de Windows, la déclinaison Server adaptée – 2008 R2 – sort en même temps.
Sa plus grande nouveauté est l’hyperviseur maison Hyper-V pour gérer la virtualisation. Windows 7 est encore très utilisé aujourd’hui, devenant peu à peu le « nouveau XP ». Son support technique étendu ayant fini le 14 janvier 2020, les utilisateurs sont depuis encouragés à se tourner expressément vers un système plus récent (Windows 10 en l'occurence).
La situation témoigne d’un succès conséquent, le système ayant dépassé les 100 millions de licences vendues en six mois seulement, cassant tous les précédents records. On ne pourra pas en dire autant de son successeur…
Windows 8/8.1
Trois ans après Windows 7, débarque Windows 8 qui lui aussi va planter durant sa présentation. Steven Sinofsky est encore une fois en charge du projet. Cette fois cependant, pas question de consensus. Microsoft se trouve face à une problématique : le monde mobile. Devant le besoin de se relancer à la conquête des smartphones, l’éditeur choisit d’opérer une jonction entre toutes ses plateformes.
Il rêve d’un système unique et d’une ergonomie commune qui serait capable de s’adapter à n’importe quelle taille d’écran. Windows 8 est le premier pas sur cette voie. Malheureusement, les choix de Microsoft ont provoqué une levée de boucliers. Bien que le bureau de Windows reste essentiellement le même, il devient une simple application parmi une grille de cases colorées, tout droit sortie de Windows Phone.
L’ordinateur démarre sur cet « écran d’accueil », mettant en avant pour la première fois des applications bâties autrement qu’avec Win32. L’environnement WinRT vient de faire son apparition, et avec lui ses interfaces Metro, plus tard renommé en Modern UI. Pour la première fois, les performances et la fiabilité de Windows ne sont plus les points de mire. Le système est stable, rapide et démarre particulièrement vite, mais les choix ergonomiques radicaux lui ont occasionné un mauvais accueil. Le changement a été trop violent, surtout après un Windows 7 qui avait cherché à se mettre tout le monde dans la poche.
Et soudain, c'est la tuile (sur trois écrans)
Internet Explorer 10, l’intégration de OneDrive, la synchronisation des paramètres utilisateurs, les rubans dans l’Explorateur, les débuts de l’authentification par webcam, l’utilisation de la lumière ambiante pour régler l’écran, le Windows Store, le support des images ISO et VHD, DirectX 11 et autres : rien de tout cela ne convaincra réellement les foules. En outre, un panneau Paramètres, très incomplet dans sa version d’origine, ambitionne de reléguer l’ancien panneau de configuration. Microsoft a également cherché à simplifier l’offre. Côté grand public, le choix ne se résume plus qu’à deux versions : Windows 8 et Windows 8 Professionnel.
Pour les grandes sociétés, l’édition Entreprise reste disponible. L’éditeur est alors si sûr de lui qu’il a même lancé Windows RT, une édition spéciale du système totalement tournée vers les applications WinRT et dédiée aux tablettes. Le bureau et ses applications Win32 sont toujours là, mais compilées spécialement pour les processeurs ARM : l’utilisateur ne peut installer que les applications du Store, obligatoirement en WinRT.
Bien qu’intégrant une version RT d’Office 2013 et bénéficiant des mêmes mises à jour que Windows 8, ce sera un échec. Microsoft en prendra bonne note. Une partie de ces problèmes sont gommés avec Windows 8.1, nom choisi pour refléter des changements plus vastes qu’un simple Service Pack. Débarquée en avril 2014, elle inclut de nombreux changements : personnalisation plus poussée, possibilité de démarrer directement sur le bureau, clic-droit sur le bouton Démarrer pour accéder à d’anciens panneaux, nombreuses mises à jour applicatives… Windows 8.1 est clairement ce qu’aurait dû être Windows 8 à sa sortie.
Le fond ne change pas, mais la forme est nettement plus souple à l’utilisation. Microsoft a cependant compris que son chemin allait devoir passer par bien des détours, matérialisés dans l’actuel Windows 10. Notez que ces deux moutures ont été accompagnées en même temps de deux nouvelles éditions Server, 2012 et 2012 R2. Ces versions ont notamment introduit Server Core qui permettrait l’installation d’un serveur minimal avec ligne de commande. Parallèlement, une nouvelle vague de smartphones a émergé avec Windows Phone 8
Bien que nettement plus riche en fonctionnalités, il va provoquer la colère d’une partie des clients, les smartphones sous Windows Phone 7/7.5 ne pouvant pas être mis à jour.
Cet article a été publié dans le #1 du magazine papier de Next INpact distribué en janvier dernier. Il est rediffusé ici dans son intégralité. Il sera accessible à tous d'ici quelques semaines, comme l'ensemble de nos contenus.