PowerZ : Emmanuel Freund lève 3 millions d'euros pour son Adi sauce 2020, en monde ouvert

Ou Fortnite, ou Animal Crossing
Economie 7 min
PowerZ : Emmanuel Freund lève 3 millions d'euros pour son Adi sauce 2020, en monde ouvert

Après avoir quitté Blade et Shadow en début d'année, Emmanuel Freund voulait rapidement relancer un projet. Avec une volonté de changer les choses dans un secteur moins « trivial » que le cloud gaming. C'est donc dans l'EdTech qu'il s'est lancé, toujours avec une dimension ludique. Il doit être lancé début 2021.

Lors de notre dernier échange avec Emmanuel Freund peu après son départ de Blade, il nous avait confié avoir décidé de se relancer rapidement dans un projet. Comme à son habitude il fourmillait d'idées mais savait déjà où il voulait aller : terminé les PC virtualisés et autres îles laser, cette fois il ferait dans l'éducatif.

« Ce n'est pas une idée de startup de juin »

Un lien avec le fait que ses propres enfants (qui ont tous deux moins de 10 ans) entrent dans un âge où l'on passe ses journées à engranger des savoirs, apprendre à faire des choses. Une sorte de crise de la quarantaine du père entrepreneur ? Sans doute. Une chose était claire : il avait tourné la page Shadow.

Il reste son cofondateur emblématique pour beaucoup, n'étant désormais plus que l'un des actionnaires minoritaires, administrateur. Il dit faire toute confiance à l'équipe en place, notamment le nouveau duo annoncé ce jour, dont Jean-Baptiste Kempf qu'il avait lui-même tenté d'embaucher il y a quelques années.

Mais cette période lui a servi. Tout d'abord à se faire un nom, puisqu'on le présente aujourd'hui comme ayant été à l'origine de l'une des entreprises du Next 40. Ce n'est pas rien lorsque l'on va parler à la presse économique ou que l'on cherche des investisseurs. Ensuite à comprendre ce qui pouvait être amélioré pour cette nouvelle startup. Enfin à recruter, puisqu'il a embarqué avec lui Arnaud Lamy (ex-CTO de Shadow) et Yann Carron de la Carrière. Il en est d'ailleurs le Président. On note que cette fois, la société et le produit portent le même nom.

Le résultat est là : en deux mois, l'équipe cherchait à lever 1,5 million d'euros. Elle en a finalement obtenu le double. « La plus grosse levée seed de la EdTech » précise le communiqué. « On est surfinancé » nous a lancé Freund lorsqu'il nous a présenté ce nouveau projet il y a quelques jours. Surtout, il a obtenu le soutien tant de la part d'acteurs de « la tech » que du monde éducatif. Preuve pour lui que cette idée était sans doute la bonne.

Il faut maintenant avancer, le lancement étant pour début 2021. Mais tout d'abord, c'est quoi PowerZ ?

De l'éducatif ludique, façon MMORPG

C'est avec son franc-parler habituel qu'il a accepté de nous en dire plus lors d'un long échange téléphonique (Covid-19 oblige). Si vous vous arrêtez au communiqué de presse, il s'agit du « Fortnite de l’éducation ». Pourquoi cette référence plutôt qu'une autre ? De son propre aveu, il fallait que tout le monde l'identifie rapidement.

Ainsi, comme certains lancent un « Netflix de... », ici c'est un « Fortnite de... ». Dans la pratique, le concept est surtout celui d'un monde ouvert où parents et enfants doivent pouvoir se retrouver autour d'une expérience éducative. Plutôt que des quêtes, des exercices ? Cela nous fait plutôt penser à Adi (voir cette vidéo), que ceux nés dans les années 80 connaissent. Un personnage qui, avec ses « cousins » Adibou('chou), a marqué une génération.

Mais comme un « C'est pas sorcier » qui a eu le même effet sous la forme d'un programme TV éducatif, il n'a pas vraiment connu de renouveau dans les années 2000. Désormais, la culture des jeunes passe en partie par YouTube, un format purement passif et où tous les contenus ne sont pas toujours d'une grande qualité.

Un secteur « qui manque d'ambition »

Néanmoins, ce qui a décidé Freund de se lancer dans cette aventure est ailleurs. Il nous a ainsi raconté comment il avait vécu comme une frustration la tentative d'apprentissage du code via un outil tel que Scratch : « on ne fait que bouger des blocs, sans apprendre à programmer ». Mais aussi l'aspect « mono-domaine » des outils éducatifs qu'il a trouvé à sa disposition, le besoin de suivre un programme et son rythme même si l'enfant veut aller plus loin.

Il a donc décidé de repartir de zéro et d'imaginer un univers éducatif dans lequel il serait possible d'acquérir tout type de savoir, en évitant le côté « cahier de vacances numérique », le problème étant pour lui que ce que l'on propose actuellement « manque d'ambition ». Il y a aussi une volonté de réconcilier enfants, parents et écrans pour en faire des outils qui profitent à chacun et ne sont pas vu que comme un élément addictif, d'oisiveté.

Avec PowerZ, il vise principalement les 5/10 ans et leurs parents. Ces derniers doivent avoir un rôle à jouer, pouvoir suivre l'avancement de leurs bambins bien entendu, mais aussi s'impliquer dans le programme et prendre des décisions. L'objectif est de rester sur un modèle d'accès gratuit, avec quelques options payantes par la suite, mais sur ce point, rien n'est encore totalement décidé. Nous en saurons plus d'ici quelques mois.

Fédérer une communauté autour d'un projet éducatif européen

Seule certitude : il veut que le monde éducatif soit impliqué. Notamment pour s'assurer que les contenus sont de qualité. Parmi les investisseurs, on compte ainsi les habituels Pierre Kosciusko-Morizet, Michaël Benabou ou encore Octave Klaba. Mais aussi Educapital, un fonds spécialisé dans l'edtech ou Hachette Livre. C'est d'ailleurs la première fois que l'éditeur français investit dans une entreprise dès sa création précise son PDG, Arnaud Nourry.

De Shadow, Freund garde sa volonté de créer une communauté et a donc ouvert les participations assez largement. On trouve ainsi des influenceurs comme Amixem ou Domingo, stars des adolescents qui ne manqueront sans doute pas de faire la promotion de l'initiative au gré de son évolution. Des acteurs du jeu vidéo sont aussi présents.

Il constate aussi que les grandes plateformes américaines ne proposent pas de telles solutions complètes. Il veut donc travailler sur une solution française, européenne avant que ce ne soit le cas. On voit en effet déjà quelques initiatives comme Minecraft pour l'éducation chez Microsoft mais qui ne va pas aussi loin. Si les outils des géants américains sont déjà bien implantés à l'école, il ne faudrait pas que cela atteigne les programmes.

Il existe d'ailleurs une initiative libre du même genre, Minetest, notamment soutenue par Framasoft et saluée par Freund. Mais pour lui, le problème reste le même : ces applications ne cherchent qu'à reproduire les mécaniques d'un jeu existant en les adaptant à un contexte éducatif. PowerZ opte pour une stratégie inverse : penser un jeu avant tout pour l'éducation, avec des mécaniques empruntées à l'univers vidéoludique. 

Avec un maître mot « garder une naïveté dans notre approche », ne pas penser que la solution est toute trouvée pour marier éducation et numérique, qu'il s'agit d'un chemin restant à parcourir. « Croire que tout est possible est naïf. Et si la naïveté était un pouvoir ? », à la manière des enfants, est ainsi le crédo du projet pour le moment.

Une volonté d'ouverture, des garde-fous nécessaires

Communauté, éducation, ouverture, l'idée d'un contenu participatif pourrait-il y avoir sa place ? On imagine en effet que des équipes d'enseignants voudraient pouvoir proposer leurs propres cours sous une telle forme. L'idée est sur la table nous assure l'entrepreneur. Il faut néanmoins trouver des mécaniques pour éviter les dérives possibles.

En effet, on imagine que trop ouvert, des créationnistes pourraient chercher à apprendre comment l'univers a été créé par Dieu. Des anti-sciences venir organiser des cours sur telle ou telle thématique qui leur tient à cœur. Il ne faudrait pas que l'on passe des fakes news des réseaux sociaux aux fake cours sur une telle plateforme.

La plateforme doit d'ailleurs pouvoir évoluer dans son approche. Un assistant (ou IA) doit aider les parents et les enfants dans leur parcours. Freund annonce déjà sa volonté que celle-ci soit transparente et ouverte, là aussi pour éviter toute dérive. Des discussions sont déjà en cours avec des équipes scientifiques pour faire avancer le projet.

Mais il en convient « tout est encore à faire ». De quoi s'attendre à des retards « à la Shadow » ? Rien de tel pour le moment « pour la première fois depuis longtemps, on est même en avance sur le planning ». De premières étapes doivent être franchies d'ici la fin de l'année, avant la version alpha début 2021.

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