Microsoft ouvre officiellement son serious game Minecraft : Education Edition dans l'Hexagone. Le logiciel éducatif, poussée par l'entreprise, impose l'usage d'un compte Office 365 et d'un ordinateur équipé de Windows 10 ou macOS. Cela alors que des alternatives libres tentent de se faire une place.
Microsoft vient d'annoncer la disponibilité de Minecraft : Education Edition dans 50 pays, dont la France. Il s'agit donc d'une version dédiée au monde de l'éducation, avec un suivi de la progression, l'intégration de captures d'écran, des personnages non-joueurs dispensant des tutoriels et, bien entendu, la collaboration entre élèves.
Pour les enseignants, elle propose une supervision du serveur, avec une vue de l'emplacement des élèves et la gestion des paramètres du monde. Rappelons que le principe du jeu, tel que développé au départ, est de permettre de miner des matériaux et de construire ce que l'on souhaite avec, laissant une grande part à l'imagination. La version dédiée à l'enseignement doit donc surtout aider à aiguiller les élèves dans leurs conceptions.
Une portée d'entrée vers les élèves pour Microsoft
À son siège français d'Issy les Moulineaux, le groupe américain propose aux classes des scénarios d'usage du jeu, via son programme Classe immersive, affiché comme partenaire de l'académie de Versailles. Cela alors qu'un accord signé entre Microsoft et l'Éducation nationale est attaqué en justice. Sans succès pour le moment.
Ce serious game est une porte d'entrée dans les classes pour le groupe américain, par deux biais. D'une part, la société impose aux éducateurs et aux administrateurs de disposer d'un compte Office 365 pour télécharger l'application. De l'autre, les ordinateurs qui accueillent le jeu doivent tourner sous Windows 10 ou macOS, même si l'usage du premier est bien plus probable.
Pour mémoire, Microsoft a racheté Mojang, le studio derrière Minecraft, pour 2,5 milliards de dollars à la fin 2014. En début d'année, le groupe a aussi acquis MinecraftEdu, une entreprise qui concevait une version adaptée au milieu scolaire. Elle était sous contrat avec Mojang, qui lui avait confié la licence du jeu pour en développer une édition spécifique. C'est sur cette base que s'appuie Minecraft : Education Edition.
L'alternative libre via Framinetest Édu
Le succès du jeu aidant, des alternatives libres se sont aussi développées, en premier lieu Minetest. En France, Framinetest Édu s'est lancé il y a deux mois pour fournir une alternative à l'environnement tout-Microsoft qui accompagne l'édition officielle du titre de base. Il s'agit de deux serveurs Minetest destinés à être utilisés par des enseignants pour des travaux en classe.
À l'Éducation nationale, les porteurs du projet affirment que « tu te laisses courtiser par les GAFAM, tu leur ouvres grand les portes de nos établissements d’enseignement… sans assumer le fait que c’est aussi grave que d’ouvrir les portes des cantines à McDonald’s ». Les professeurs ont donc le choix d'opter pour cette alternative libre, même si elle a quelques limites, dont celle de 400 connexions simultanées ; un écart important avec les infrastructures d'un Microsoft.
Comme nous l'expliquait d'ailleurs l'association, les services « Frama » ne sont pas destinés à être utilisés massivement ou de manière pérenne, mais à démontrer que l'on peut se passer de certaines solutions propriétaires, laissant ensuite soin à ses CHATONS d'essaimer localement.
Un membre de l'équipe illustre d'ailleurs son usage de Minetest en classe. Il reste donc à voir si les enseignants prendront vraiment le temps de s'impliquer dans cette version libre, plutôt que d'opter pour l'offre clé-en-main de Microsoft.