[Critique geek] Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi... on peut sentir le conflit en lui

Mangez des porgs !
[Critique geek] Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi... on peut sentir le conflit en lui

Star Wars VIII est dans les salles depuis mercredi. Débutant exactement là où Le réveil de la force s'était terminé, ce nouvel opus doit nous faire vivre la formation de Kylo Ren et Rey. Entre bonnes surprises, détestations et émerveillement, voici ce que nous en avons pensé.

À chaque Noël, son Star Wars. C'est la règle depuis la reprise en main de la licence par Disney, qui fait coïncider chaque sortie avec les fêtes de fin d'années. L'objectif ? Nous vendre des places de cinéma, mais aussi toujours plus de produits dérivés à destination des petits et des grands. Si bien que certains publient désormais leur « guide de Noël Star Wars ».

Désormais, la saga est scindée en deux, avec d'un côté la « lignée Skywalker » qui nous fait découvrir la suite chronologique des trois films originaux, et de l'autre les « Star Wars Story » qui s'attardent sur un moment précis de « l'Histoire » ou l'origine d'un personnage en particulier.

Les principaux écueils évités, mais tout de même de gros ratés

Les derniers Jedi fait partie de la première catégorie. Ce n'est pas J.J. Abrams qui est aux commandes de ce Star Wars épisode VIII mais Rian Johnson (Looper, trois épisodes de Breaking Bad), tant au niveau du scénario que de la réalisation. Il aura même bientôt la charge d'une nouvelle trilogie.

Autant dire que la pression était énorme après un épisode VII qui n'avait guère convaincu (malgré sa réussite au box office) et un Rogue One de plutôt bonne facture malgré quelques défauts. Il fallait ainsi éviter le piège de la reproduction des mécaniques de L'Empire contre-attaque (épisode V), tout en restant dans l'hommage et en réussissant à développer la multitude de nouveaux personnages introduits par le précédent opus.

Et à ce petit jeu, Johnson a réussi à nous surprendre, parfois à nous émerveiller... mais il nous a aussi donné l'envie de lui passer les mains dans un étau, tant certains défauts de son épisode VIII sont irritants.

Star Wars Les derniers Jedi
C'est ce qui s'appelle sortir l'artillerie lourde

Quelques instants après l'épisode VII

Commençons par planter le décor. Le premier ordre vient de subir une lourde perte avec la destruction de la base Starkiller et la défaite de Kylo Ren (aka Ben Solo, fils de Han et de Leia) face à la jeune Rey. Pourtant, le leader suprême Snoke est dans une bonne position puisque la résistance est exsangue. Traquée, elle pourrait vivre ses derniers instants.

On avait laissé un Kylo Ren, dévasté par son combat perdu, devant terminer sa formation, et une Rey partie à la rencontre de Luke Skywalker en espérant elle aussi avancer dans sa quête grâce au dernier des Jedi encore en vie. C'est à ce moment de jonction que débute l'épisode VIII, la rébellion espérant bien retrouver une « étincelle ».

Autant le dire clairement, le démarrage est plutôt laborieux. Ce, pour plusieurs raisons. On sent tout d'abord que pour la phase d'apprentissage de Rey, l'équipe a cherché à ne pas nous faire revivre celui de Luke avec Yoda sur Dagobah tout en gardant certains éléments... mais au final, ça ne prend pas. Cette phase tourne en rond, et fatigue assez vite.

Prendre un peu de hauteur...

C'est un peu la même chose avec toute l'histoire autour de Finn. Sans rien dévoiler de cette partie de l'intrigue, elle n'est clairement pas à la hauteur. Tant dans son développement que dans son aboutissement, elle est bâclée et on pourrait presque entièrement la retirer sans presque rien perdre du film.

Cela n'est néanmoins pas entièrement vrai, car cette phase sert à nous montrer comment le conflit galactique impacte, de manière positive ou négative, les différentes populations. Cette notion d'impact se retrouve aussi dans un autre élément récurrent du film : la réaction face aux nombres de morts dans chaque phase du conflit, les sacrifices nécessaires, ceux qui auraient pu être évités.

De fait, l'une des bonnes surprises de Star Wars VIII est sa manière de gérer l'opposition constante entre deux lignes de commandement. Celle des dirigeants stratèges face aux hommes d'action qui ont parfois plutôt tendance à vouloir foncer dans le tas. Chacun est ici mis face aux limites de sa méthode, à ses responsabilités.

De manière plus générale, on retrouve comme dans Rogue One un plus grand retour aux valeurs propres à la saga (sans faire dans la moralisation à outrance) qui ne sont pas seulement mises en avant à travers les Jedi et leur célèbre rigueur morale. Mais aussi par la notion d'espoir et l'image de l'étincelle qui sont omniprésentes, le sacrifice parfois nécessaire mais qui doit rester dans un esprit d'équipe, le trop plein de confiance qui, sans remise en question, finit par nous perdre.

Star Wars Les derniers Jedi
Luke ne va pas remporter cette édition spéciale de « Bienvenue chez nous »

... quitte à parfois se manger le plafond

Malheureusement, il n'y a pas que des touches de subtilité dans Les derniers Jedi, bien au contraire. Certains n'apprécieront sans doute pas l'utilisation un peu abusive de la télépathie possible à travers la Force qui fait un peu office de « Messenger Next Gen ».

On sent également une volonté de rendre l'ensemble plus « drôle », avec des scènes qui se veulent parfois cocasses. Mais en réalité, c'est souvent assez gênant. C'est un peu comme si l'on avait essayé de faire se rencontrer Les Tuches et l'univers Star Wars, là où un K2SO avait tapé assez juste dans Rogue One.

Nous n'échapperons pas non plus aux scènes incohérentes et à la multiplication des Deus Ex Machina à outrance, même si à l'inverse, plusieurs mécaniques du scénario apparaissent comme étonnantes, et donc finalement assez plaisantes. Nous avons également été surpris de voir Luke lancer à plusieurs reprises un « tout est à peu près faux dans cette phrase », qui nous laissait craindre de le voir prononcer un « FAUX ! » à la Norman avant la fin.

Mais peut-être était-ce dû à un autre défaut plus local du film : sa version française est tout simplement horrible, indigne d'un Star Wars et de Disney. Notre précédente mauvaise impression de ce niveau remonte à Batman : The Dark Knight Rises et son insupportable Bane. Ici, cela ne concerne pas un personnage en particulier, mais fait assez cheap.

Kylo « Debilo » Ren et instants « Télé-Shopping » (sans Maryse)

Côté casting, l'ensemble est plutôt de bonne tenue, et à part quelques personnages franchement maltraités dans l'histoire de Finn, l'équilibre est plutôt là. On sent les multiples hommages à Carrie Fisher (décédée depuis le tournage), qui ont su ne pas faire dans le pathos, et on notera de nombreuses références plus ou moins appuyées à la saga.

Puis il y a ces moments où Disney reprend ses droits, et où l'on a l'impression de se retrouver dans une vidéo sponsorisée sans finesse sur YouTube. LE parfait exemple de ce phénomène : les porgs. On sait très bien que quand des BB8 ou K2SO sont introduits, c'est aussi pour en faire des compagnons des enfants à travers des produits dérivés. Néanmoins, ils ont dans le film une espèce de personnalité qui leur est propre et même une utilité d'un point de vue purement scénaristique.

Ici, Disney a décidé de nous coller des peluches sans trop savoir quoi en faire. Introduits dans les bandes-annonces pour faire crier de joie ceux qui se passionnent pour chaque nouvelle mode (même les plus débiles), on pouvait espérer qu'ils gagnent avec le film une forme de complément d'âme. Las, c'est tout sauf le cas.

Ils ne sont présents que pour de la décoration ou pour tenter de nous soutirer un petit bout d'émotion lorsqu'ils font leurs yeux de Chat potté dans Shrek. Quand ils se mettent à crier, on imagine que les gens de Disney ont sans doute tenté de placer un « Achetez-moi ! » subliminal, qui ne trompera personne. Car là aussi, ça ne prend pas.

Star Wars Les derniers Jedi
Et j'ai crié, crié...ééééééé

Il en est un peu de même pour les chiens de cristal qui, bien que sans âme, ont un « petit » rôle à jouer dans l'histoire. Pour ne rien arranger, ces deux créatures sont plutôt « mal foutues » et font partie des quelques éléments du films qui sont à ranger dans la catégorie « fonds de couleurs et FX foireux », malheureusement assez nombreux.

La volonté commerciale de Disney se retrouve également dans la « joaillerie », avec la mise en avant abusive de fétiches qui ne manqueront pas de se retrouver dans toutes les boutiques afin de permettre aux enfants d'afficher les pendentifs et bagues de leurs héros préférés. Une tendance détestable.

Mais finalement, le plus irritant de tout le film est... Kylo Ren. Avec Jar Jar Binks il est sans doute désormais l'un des personnages les plus « débiles » de toute la saga. Idée de prochain produit dérivé pour Disney : une biographie du personnage écrite en partenariat avec l'équipe de VDM.

Un film parfois simplement beau à regarder

Tous ces petits défauts ne suffisent néanmoins pas à gâcher totalement l'ensemble et nous sommes ressortis avec une bonne impression de ce Star Wars VIII. Il faut dire que le film est aidé par un point important : outre la bande originale toujours aussi réussie, Rian Johnson sait nous livrer une collection de plans et de situations superbes (mais peut-être était-ce seulement pour pouvoir vendre des cartes postales dans les Disney Store, qui sait ?). 

La machine Star Wars tourne à plein dans la description de son univers tant au niveau des vaisseaux que des planètes et de leur écosystème, avec un bon équilibre entre les phases « spatiales » et au sol. Bien que le scénario soit largement perfectible, il est également plein de finesse et de réflexions intéressantes sur bien des aspects, et l'on ne peut qu'espérer que les équipes en charge de l'épisode IX et du Star Wars Story sur la jeunesse de Han Solo sauront s'en inspirer. 

Les derniers Jedi semble ainsi à l'image de certains de ses personnages : en pleine contradiction, ne sachant pas où aller. Se perdant parfois dans les méandres du côté obscur du tout commercial, il sait aussi nous éblouir par l'étincelle de la caméra et du regard de Johnson.

Ne serait-ce que pour ça, c'est un épisode à voir. Même s'il ne manquera pas, comme avec la Force, de diviser les partisans de chaque camp... qui vont se mener une bataille au moins jusqu'à Noël prochain.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi a droit à une note de 3,3 chez Allociné6,8 chez Sens Critique et 8 chez IMDb.

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