5G, orchestrateur, V2X : les expérimentations d'Orange sur la voiture autonome

Un réseau pour les commander toutes
Tech 8 min
5G, orchestrateur, V2X : les  expérimentations d'Orange sur la voiture autonome
Crédits : chombosan/iStock

Orange travaille sur la voiture connectée et/ou autonome, qui exploitera notamment la 5G. Lors du Salon de la Recherche 2017, nous avons pu échanger avec les équipes de l'opérateur sur des questions relatives à la sécurité et au respect de la vie privée avec ces véhicules. Des problématiques suscitant plusieurs débats.

Le salon de la recherche d'Orange est l'occasion pour l'opérateur de présenter ses travaux et son orientation pour les années à venir. L'édition 2017, qui se tenait la semaine dernière, était placée sous le signe des objets connectés, des assistants numériques et de la vie privée.

Il était aussi bien évidemment question de 5G, et Orange nous confirme une nouvelle fois qu'il vise l'horizon 2020 pour le lancement de son réseau commercial. L'un des responsables de l'entreprise pense néanmoins que les premiers terminaux mobiles seront disponibles un peu avant, probablement aux alentours de mi-2019.

Sur place, nous avons également pu échanger avec une partie des équipes en charge des technologies liées aux voitures autonomes. Elles planchent notamment sur des échanges d'informations entre les voitures et avec l'infrastructure, grâce au V2X (Vehicle-to-everything).

Des technologies qui ne sont pas sans soulever des questions sur le respect de la vie privée, auxquelles Orange tente d'apporter des éléments de réponse.

L'utilité de la 5G pour la voiture connectée et/ou autonome du futur

La société nous explique tout d'abord qu'elle fait partie de la 5GCAR (5e Generation Communication Automotive Research and innovation), un groupe de travail réunissant plusieurs acteurs (Ericsson, PSA, Volvo, etc.). La phase 2 de ce projet a officiellement débuté le 1er juin de cette année (elle est prévue pour durer deux ans), avec une enveloppe de 154 millions d'euros proposée par la 5GPPP (5G Infrastructure Public Private Partnership).

Ensemble, les différents acteurs planchent sur des solutions techniques pour les voitures du futur. Ils fournissent de la documentation, mais pas de standardisation. Le 5GCAR est un « influenceur », pas une instance de normalisation, nous expliquent les chercheurs d'Orange.

Comme d'autres avant lui, le groupe explique la manière dont la 5G, la virtualisation et le « slicing » (la possibilité de découper le réseau en plusieurs tranches, avec des fonctionnalités et des services différents) sont utilisés.

Afin d'être la plus efficace possible, la voiture autonome devra disposer d'une connexion avec une faible latence, surtout lorsqu'il s'agira de réagir en urgence à une situation. L'entreprise a ainsi mis sur pieds un circuit de test fermé, avec des véhicules passant de cellule en cellule lors de leur déplacement, afin de simuler une utilisation réelle. 

Lors du transfert d'informations depuis une voiture, vers le réseau d'Orange, avec un retour vers un autre véhicule (V2N2V), l'opérateur annonce une latence de 17 ms seulement. De plus, contrairement à un réseau classique, elle reste faible même si la charge augmente grâce à une QoS maison.

  • Orange salon de la recherche
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Des exemples concrets de technologies pour les véhicules autonomes

Parmi les exemples mis en avant dans le cadre du programme « Towards 5G » (ils avaient déjà été présentés au MWC de Barcelone), la diffusion de vidéo d'un véhicule encombrant pour donner des indications à ceux qui se trouvent derrière : ils peuvent ainsi savoir s'ils ont le temps et la possibilité d'effectuer un dépassement ou non.

S'il s'agit pour le moment de transmettre de la vidéo pour la démonstration, à terme les voitures s'échangeront des messages – attention ne pas dépasser – voire simplement des « objets » pour les voitures autonomes. La vidéo en direct peut en effet être troublante pour le conducteur/passager, selon Orange.

D'autres informations pourront également être échangées entre les véhicules et l'infrastructure (signalisation, embouteillage, etc.). Le tout prend le nom de V2X, avec de nombreuses sous-catégories : V2I (Vehicle-to-Infrastructure), V2V (Vehicle-to-vehicle), V2P (Vehicle-to-Pedestrian), etc.

L'idée d'un orchestrateur pour organiser et fluidifier le trafic, grâce à une intelligence artificielle, est également avancée, avec la prise en compte des véhicules non connectés nous précise l'opérateur. « Avec les capteurs sur les bords de la route et dans les véhicules, on va pouvoir déduire quels véhicules sont connectés ou non ». L'orchestrateur se chargera alors d'adapter le trafic au mieux en jouant sur les paramètres qu'il peut contrôler : les voitures autonomes.

Les voitures basiques ne pourront pas être écartées de l'équation au début et « on aura besoin de cette brique » pour le futur ajoute Orange. Pour le moment, l'opérateur ne va proposer qu'un « démonstrateur technique de la faisabilité » pour un cas d'usage précis : l'insertion d'une voiture sur l'autoroute. 

Au final, « c'est toujours la voiture qui va prendre la décision »

Nous avons ensuite demandé à Orange comment il s'était assuré que l'objet, la vidéo ou le message envoyé (par l'infrastructure, une autre voiture, l'orchestrateur, etc.) était légitime et provenait bien d'une autorité compétente : « On ne s'est pas occupé de la partie sécurité dans le projet Towards 5G, mais par contre dans le projet 5GCAR c'est tout un des paquets de travail d'identifier les problématiques de sécurité et de les adresser ».

Il faut maintenant trouver le juste milieu entre sécurité et latence, car le premier n'est pas sans incidence sur le second, nous expliquent les chercheurs de l'entreprise.

Dans tous les cas, « les véhicules autonomes auront leurs capteurs, ce sera juste comme un capteur supplémentaire : si d'un coup on leur dit il y a un freinage d'urgence devant, mais que tous les autres capteurs du véhicule ne voient rien, il ne va pas piler. Il sait très bien qu'il n'y a personne. C'est toujours la voiture qui va prendre la décision en se basant sur les informations dont elle dispose, et qui sont les plus sûrs : ses capteurs ».

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Vie privée : les demandes de la CNIL vs celles de la Défense 

Qu'en est-il du respect de la vie privée ? Les orchestrateurs « ne sont pas censés enregistrer les déplacements des véhicules et ils ne sont pas censés savoir à qui ils appartiennent » nous affirme Orange. Des solutions peuvent être mises en place, mais il parait bien difficile (voire impossible) de ne garantir aucune traçabilité. 

De plus, « d'un côté il y a la CNIL qui demande qu'on ne trace personne, mais de l'autre il y a la Défense qui demande que tout soit tracé » ; une problématique que l'on retrouve déjà sur Internet. Dans tous les cas, le projet 5GCAR s'intéresse davantage au côté sécurité que vie privée, même s'il faudra bien se pencher sur les deux sujets à un moment donné.

Pour rappel, la CNIL publiait en octobre un « pack de conformité » sur la question.

Vers des « opérateurs de confiance » pour les voitures autonomes ?

Orange évoque également une possible délégation des données personnelles à « des opérateurs de confiance ». Dans la même idée que Bouygues Telecom, Orange, Free Mobile et SFR qui savent actuellement quel est votre smartphone ou mobile, et où vous vous trouvez.

« On a délégué à Orange (par exemple) le droit de savoir où vous vous trouvez, avec évidemment en contrepartie l'interdiction d'utiliser ces données. C'est une des pistes envisageables. Ils peuvent savoir où vous êtes, mais il leur est interdit de le divulguer ». Mais quel sera le poids d'une telle volonté fasse au bulldozer de la loi Renseignement ? 

Le technicien d'Orange surenchérit : « On a besoin de savoir où sont les gens. Indépendamment des autorités judiciaires, il y a le côté technique ». Bref, la problématique n'est pas simple, comme la solution d'ailleurs.

« Un mode furtif » à l'étude pour la police... quid des autres ?

Et si l'on refuse de partager la position de sa voiture connectée/autonome ? « Typiquement, on a un peu prévu le cas avec les véhicules d'urgence. Avec le gyrophare on peut signaler notre présence aux autres. Mais peut-être que si on est la police on ne veut pas que tous les bandits sachent où l'on est. On a fait un mode furtif en quelque sorte : quand on appuie dessus, le véhicule arrête d'émettre sa position ».

On peut donc envisager que des particuliers souhaitent également en profiter. Par contre, rien ne dit qu'à terme il sera toujours possible d'être déconnecté à cause de toutes les problématiques de sécurité, notamment lorsqu'une majorité des véhicules sera autonome.

« C'est un vrai débat »

Dans tous les cas, « c'est un vrai débat » et de nombreux films ont déjà exploré cet avenir futuriste... mais nous nous en approchons désormais à grands pas. Il faudra également que les pays s'accordent pour faire transiter les données au-delà des frontières, et donc les voitures autonomes. Là encore, c'est actuellement un sujet de discussion nous précise Orange.

Rappelons que le Sénat a récemment fait un état de lieux et une étude de la stratégie de la France et de l'Europe dans le domaine des véhicules autonomes... Le résultat n'est pas spécialement reluisant et il reste beaucoup de travail (lire notre compte rendu). Dans l'Hexagone, Anne-Marie Idrac, la « haute responsable au véhicule autonome » en charge de coordonner les travaux du gouvernement, devrait rendre ses premières conclusions en mai 2018. 

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