À quelques jours du coup d’envoi de l’Euro 2016, le gouvernement lance mercredi 8 juin son application officielle « Alerte attentats », destinée à avertir rapidement et efficacement la population. Il ne sera en revanche pas possible de donner l’alerte via cet outil...
Le témoignage de l’employé resté caché dans l’entreprise de Dammartin-en-Goële, où s’étaient retranchés les frères Kouachis (auteurs des attentats de Charlie Hebdo), avait souligné l’inadaptation de nos moyens de secours. Il en fut de même suite aux événements dramatiques du 13 novembre dernier. Prévenir les autorités et ne pas se faire remarquer sont deux objectifs bien difficiles à concilier, dans la mesure où il est aujourd’hui quasiment impossible de contacter la police ou les pompiers discrètement, sans faire usage de sa voix. Sans parler des problèmes de saturation du réseau.
L’idée d’une « application 112 » avait ainsi rapidement été soulevée, notamment par le juriste Nicolas Poirier. « On y travaille » nous avait même confié Axelle Lemaire, la secrétaire d’État au Numérique, fin avril. Entretemps, à l’Assemblée nationale, le député Luc Belot interpellait le gouvernement afin que la population puisse être avertie de l’imminence d’une catastrophe naturelle ou d’un attentat par SMS, en fonction de sa géolocalisation.
Un outil complémentaire aux sirènes ou messages radiophoniques
Le 9 mai dernier, Manuel Valls annonçait qu’une application officielle « spéciale attentat » serait déployée en vue de l’Euro de football. C’est désormais chose faite, l’application « Système d’alerte et d’information des populations » (SAIP) étant disponible depuis ce matin sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google. Force est toutefois de constater que l’outil est uniquement tourné vers l’information des utilisateurs de smartphones.
Chaque utilisateur pourra ainsi être averti à partir de sa géolocalisation et/ou en fonction de zones qu’il aura préalablement désignées (jusqu’à huit codes postaux de communes) : lieu de résidence, de travail, villes où se situent des proches, etc. « L’alerte s’active dès lors que l’utilisateur se situe, ou entre, dans une zone à risque » explique le ministère de l’Intérieur. Cette alerte se concrétise par un écran, dit « de sidération », qui s’impose sur le téléphone, quel que soit l’affichage en cours. Normalement, aucun son ni vibration n’est censé se déclencher – afin de ne pas mettre en danger une personne qui se cacherait par exemple.
Si l’utilisateur a choisi d’enregistrer la zone en alerte dans ses « lieux », il reçoit une simple notification.
L’application délivre ensuite des conseils comportementaux et des consignes à respecter en fonction de la nature de l’alerte (« Comment agir ? »). Elle permet également à l’utilisateur de relayer sur les réseaux sociaux les alertes en cours sur ses comptes personnels.
Une nouvelle version pour les inondations ou séismes en préparation
D’après Libération, c’est le préfet qui déclenchera les alertes, délimitera les zones concernées et jugera des consignes à délivrer. Pour l’instant, ce dispositif est censé fonctionner uniquement en cas d’événements exceptionnels susceptibles de résulter d'un attentat (alertes nucléaire, produits dangereux, rupture d’ouvrage hydraulique, etc.), mais l’exécutif affirme qu’une « version plus complète de l’application, intégrant l’ensemble des autres risques majeurs de sécurité civile (inondation, avalanche, séisme...), est en préparation ». Elle pourrait même arriver « dans les prochains mois » selon le ministère de l'Intérieur.
Certains regretteront probablement qu’il ne soit néanmoins pas possible de donner l’alerte via cette application. Nicolas Poirier expliquait pourtant qu’une telle fonctionnalité aurait un double intérêt : « que ce signalement soit pris en compte instantanément par les forces de police pouvant intervenir à proximité et qu’il puisse se faire silencieusement pour ne pas compromettre la sécurité de celui ou celle qui en est l'auteur puisque sa vie ou son intégrité physique peuvent être en jeu ». Le sujet reste néanmoins ouvert, d’autant que la question de l’adaptation des centres d’appels d’urgence a récemment interpellé certains parlementaires.