Comme attendu, les podcasts font leur entrée sur Google Play Musique. Mais pour le moment, seuls deux marchés peuvent en profiter : les États-Unis et le Canada. Aucun détail n'a été donné pour une étendue à plus de pays, dont la France.
Après des années d'attente, Google a enfin décidé de proposer directement une solution aux adeptes de podcasts, via Play Musique. Attention par contre, il faudra encore attendre plusieurs mois pour en profiter, de quoi laisser l'occasion à la concurrence de s'organiser.
S'il y a un secteur dans lequel l'écosystème d'Apple a toujours été bien plus en avance que son concurrent Google, c'est bien celui... des podcasts. En effet, le premier dispose d'une application assez efficace proposée nativement au sein d'iOS, d'iTunes et d'un catalogue pré-rempli ultra-complet. C'est d'ailleurs ce qui a sans doute permis l'essor de ce média ces dernières années (voir notre précédente analyse). Bien entendu, il existe aussi des alternatives dans l'écosystème d'Apple comme Overcast par exemple, mais elles sont bien moins utilisées.
Sous Android, il n'existe pas de solution native pour écouter des podcasts. Ainsi, plusieurs éditeurs se partagent ce marché, et il s'agit souvent de développeurs indépendants. On pensera par exemple à Xavier Guillemane qui propose Podcast & Radio addict, mais il en existe bien d'autres. Pour autant, aucun acteur majeur ne semble avoir décidé d'occuper ce terrain.
Podcasts partout, monétisation nulle part
Il faut dire que le podcast souffre d'un problème important : son manque de monétisation à tous les niveaux. Un problème paradoxalement introduit par l'application d'Apple qui n'a jamais proposé la moindre solution sur ce point. Outre ce qui est proposé par médias comme la radio par exemple, les producteurs de contenus n'ont pas vraiment de moyen de se rémunérer, aucune plateforme ne proposant réellement d'offre d'abonnement.
Force est de constater que l'offre gratuite est déjà pléthorique, animée par des communautés de passionnés, et que même l'intégration de publicité est encore complexe. Ainsi, ceux qui veulent en vivre n'ont souvent d'autre choix que de passer par des plateformes tierces telles que Patreon ou Tipeee (voir notre analyse).
Il en est de même pour les développeurs et les plateformes qui n'ont pas vraiment de choix pour rémunérer leur travail. Ils doivent donc compter sur la publicité ou un accès payant pour ceux qui arrivent à sortir du lot.
Offre Premium et intégration aux services de streaming
Mais ces derniers temps, on a tout de même vu des acteurs tenter de sortir du lot. C'est notamment le cas de Radioline qui propose d'écouter soit des radios, soit des podcasts, via une application multiplateformes. Le service propose un abonnement Premium sans publicité à 0,99 euro par mois et commence à nouer des partenariats, notamment avec Canal+ pour une présence au sein de son boîtier Cube S.
Mais c'est aussi le cas de ceux qui sont impliqués dans le domaine de l'offre de streaming de musique comme Deezer et Spotify. Google restait donc un des rares à ne pas être réellement entré dans la danse. Ce sera bientôt le cas, comme il l'a été annoncé cette nuit. Un portail a été mis en ligne afin de présenter rapidement le service qui sera instauré « dans les prochains mois », Google étant désormais définitivement adepte des annonces préparées bien en amont, quitte à multiplier les frustrations (comme pour l'offre famille de Play Musique par exemple).
Outre-Atlantique, les producteurs de podcasts peuvent néanmoins déjà proposer leurs émissions, Google ayant déjà annoncé avoir convaincu plusieurs gros acteurs de rejoindre sa plateforme. Reste maintenant à découvrir l'essentiel : l'application et l'ergonomie de l'offre.
Proposer un service de qualité, et une offre aux abonnés ?
Car si référencer des fichiers XML contenant des liens vers des fichiers audio avec une image est une chose simple, gérer des millions d'émissions et proposer la bonne, à la bonne audience, au bon moment, et permettre la découverte tout en maintenant un usage simple au quotidien est loin d'être aisé.
On se demande aussi si Google n'a pas dans la tête un plan à plus long terme, qui pourrait sans doute de permettre de changer la donne pour les producteurs : proposer aux abonnés à son offre YouTube Red ou Play Musique d'accéder à des contenus, tout en offrant un partage des revenus. Une idée qui commence à germer dans la tête de certains qui voient des offres payantes fédérer des podcasts en accès gratuit, mais en manque de financement.
Reste à voir si cela prendra forme, ce qui serait sans doute à l'avantage des auditeurs prêts à payer pour un contenu de qualité, des producteurs qui auront enfin les moyens de leurs ambitions et des plateformes qui disposeront d'un contenu indépendant des maisons de disque et qui arrive à fédérer de larges audiences de fans.