Sur le modèle du fonds de 60 millions d’euros ouvert il y a deux ans en France, Google vient d’annoncer qu’il allouerait également 150 millions d’euros pour l’ensemble de la presse européenne. Un geste destiné à financer des projets innovants, mais aussi – et surtout – à calmer la grogne de certains professionnels du secteur.
Ce n’est guère une surprise. Les relations entre le moteur de recherche n°1 en Europe et les éditeurs de presse sont généralement houleuses, les seconds estimant que le premier leur pique en quelque sorte une partie de leur audience à cause de son service « Google Actualités ». Résultat, différentes initiatives ont eu lieu ces dernières années, par exemple en Allemagne ou en Espagne, afin que la firme de Mountain View compense ce prétendu manque à gagner – qui fait au passage les affaires du géant de l’internet.
Un fonds destiné à financer des projets innovants
Hier, lors d’une conférence organisée à Londres par le Financial Times, un responsable de Google a ainsi annoncé la création d’un nouveau fonds destiné à « soutenir et stimuler l’innovation en matière de journalisme » (création de nouvelles applications, de versions mobiles, etc.). Intitulé « The Digital News Initiative », ce programme est doté d’un budget de 150 millions d’euros sur trois ans, à l’image donc de celui lancé en France en 2013.
Mais contrairement au fonds hexagonal, qui est réservé aux éditeurs de presse dite d’information politique et générale, le « DNI » est ouvert à n’importe quelle personne travaillant en Europe sur un projet innovant pour la presse en ligne, « y compris les éditeurs nationaux et régionaux, les nouveaux acteurs et les pure players ». Français, Espagnols, Allemands ou Italiens pourront donc y prétendre. Le géant de l’internet reste cependant très discret sur la façon dont seront sélectionnés les bénéficiaires de ce nouveau fonds.
En France, le Fonds Google-AIPG pour l’Innovation Numérique de la presse (FINP) peut soutenir des projets à hauteur maximale de 60 % des dépenses éligibles engagées par les éditeurs, dans la limite de 2 millions d’euros par projet. Chaque dossier est étudié par un Conseil d’administration composé majoritairement de représentants de la presse. Comme on pouvait s’y attendre, il a notamment bénéficié à de grands groupes tels que Le Monde ou Le Figaro (qui figurent aussi parmi les titres les plus aidés par l’État).
Google régulièrement critiqué et sanctionné en Europe
L’annonce de ce nouveau fonds (d’un montant très relatif au regard des 3,59 milliards de dollars de bénéfices net engrangés par la firme de Mountain View lors du premier trimestre 2015) permettra-t-elle de redorer l’image de Google en Europe ? Pas sûr... Le géant de la recherche en ligne est en effet malmené sur de nombreux autres fronts. Il a par exemple écopé de plusieurs sanctions pour avoir violé la législation relative à la protection des données personnelles. Plus récemment, la Commission européenne a officiellement engagé une procédure pour abus de position dominante, laquelle pourrait se solder par une amende dépassant le milliard d’euros.