Le responsable du site de liens de téléchargement direct Wawa-Mania, considéré l’année dernière par les États-Unis comme l’une des principales plaques tournantes du piratage au niveau mondial, vient d’être condamné par la justice française à une peine d’un an de prison ferme et de 20 000 euros d’amende. Il faudra cependant attendre encore plusieurs mois avant de connaître le montant des dommages et intérêts qui seront alloués aux ayants droit victimes.
La décision du tribunal correctionnel de Paris a été rendue le 2 avril dernier, mais celle-ci n’a été signalée qu’hier par la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP), comme l’a remarqué Numerama. L’AFP a ensuite confirmé que Dimitri M., 26 ans, avait été « déclaré coupable de contrefaçon et travail dissimulé ». Tandis que l’organisation des majors soutient que le coupable a été condamné à « fermer son site », l’agence de presse mentionne simplement la publication d’un communiqué faisant état de ce jugement.
L'accusé avait fui aux Philippines en 2010
Même si le condamné ou les ayants droit parties civiles sont encore susceptibles de faire appel, cette décision pourrait constituer l’épilogue d’un long feuilleton, débuté en 2009 par des plaintes de la SCPP, la SACEM ou bien encore de Microsoft. Et pour cause, Wawa-Mania se présente comme un forum où chaque membre inscrit peut trouver ou publier des liens de téléchargement direct de films, de séries, d’ebooks, de musiques... Il s’agit en quelque sorte d’un annuaire géant renvoyant vers des sites tels que Rapidgator, MEGA ou Uploaded, qui hébergent de leur côté les fichiers litigieux.
Alors que la justice commençait son travail et lui réclamait une caution de 20 000 euros pour éviter la détention, Dimitri M. a préféré prendre le large pour s’installer au Philippines, début 2010. Depuis, l’intéressé n’a pas manqué de s’exprimer dans les médias, notamment lors d’une émission de « Sept à huit » où il affirmait, courant 2013, attirer quotidiennement 350 000 visiteurs. Un trafic qui lui permettait de gagner sa vie, via des revenus publicitaires.
Des dommages et intérêts qui pourraient se chiffrer en millions d'euros
C’est donc en l’absence du créateur de Wawa-Mania, anciennement connu sous le pseudonyme de Zac, que ce procès s’est ouvert devant le tribunal correctionnel de Paris. L’audience concernant le volet civil de cette affaire, au cours duquel les ayants droit réclameront des dommages et intérêts censé indemniser leur préjudice, devrait avoir lieu au mois de mai. Eu égard aux dizaines de milliers de liens proposés sur Wawa-Mania, il y a fort à parier que leurs doléances se chiffrent en millions d’euros. L’éloignement supposé du coupable laisse toutefois à penser que l’application de tout jugement risque d’être compliquée...
Cette nuit, un utilisateur de Wawa-Mania se présentant comme Dimitri M. a réagi à l’annonce de cette condamnation. Il explique avoir été mis en examen pour trois chefs d’accusation : complicité de contrefaçon de l'oeuvre de l'esprit en bande organisée, complicité de contrefaçon de logiciels en bande organisée, travail dissimulé. Il affirme surtout que « Wawa-Mania a un avenir très incertain », laissant entendre que le site pourrait fermer ses portes prochainement. Un autre utilisateur a toutefois ajouté que les administrateurs du site songeaient à la « diffusion de la BDD tous les jours (tous les posts, pas les comptes ou informations personnelles...) [ce qui] permettra à n'importe qui de faire un Wawa-Mania bis »...