Dernièrement, on a pu lire un peu partout sur la Toile que le sport électronique venait d'être reconnu comme un sport olympique. En pratique, il y a bien eu une avancée ces derniers jours dans ce domaine, mais elle est bien moins importante qu'elle n'y paraît. Explications.
Tout est parti d'un simple post sur Reddit, dans le sub-Reddit /r/LeagueOfLegends intitulé « KeSPA has gotten e-sports accepted into the 2nd level of the Olympic Committee. One more level to go before it becomes part of the Olympics! », relayant un article publié sur un site web coréen. Rapidement, plusieurs médias ont relayé la nouvelle en titrant sur le fait que le sport électronique était ainsi reconnu officiellement en tant que sport olympique. Si cela semble plutôt attrayant, en pratique, les faits sont un peu moins reluisants.
Comment sont reconnus les sports olympiques ?
Pour qu'une discipline soit qualifiée d'olympique, et qu'elle puisse potentiellement entrer au programme des Jeux olympiques, elle doit être reconnue comme telle par le Comité international olympique (CIO). Chaque discipline est évaluée selon plusieurs critères.
Parmi eux, il est notamment question de l'existence de fédérations internationales pour le dit sport, de la tenue préalable de championnats mondiaux (féminins et masculins), du nombre de fédérations nationales, rattachées à un comité national olympique (CNO) existant pour ce sport. Or, si l'on se base sur ces deux critères (sur 33) essentiels à l'obtention du précieux tampon « discipline olympique », le sport électronique ne peut pas être reconnu comme tel par le CIO.
Actuellement, il n'existe aucune fédération internationale du sport électronique, et il est bien difficile de nommer plus d'une seule fédération nationale, les entreprises organisatrices d'événements tels que l'ESL ne pouvant être qualifiées ainsi. Enfin, le CIO ne s'est de toute façon pas penché sur le cas du sport électronique lors de ses dernières réunions. La dernière en date s'est ainsi tenue le 8 décembre 2014, et il y était seulement question de l'agenda olympique 2020.
Le CIO ne s'étant pas prononcé officiellement au sujet du sport électronique, il ne peut donc pas être considéré comme une discipline olympique, contrairement aux échecs, au karaté ou au sport automobile.
Que s'est-il vraiment passé ?
Une seule fédération officielle de sport électronique existe dans le monde : la KeSPA (Korean e-Sports Association), qui s'occupe de la gestion du sport électronique en Corée du Sud. Dépendant du ministère de la Culture, des sports et du tourisme, elle pilote ainsi les compétitions se déroulant dans le pays sur un total d'environ 25 jeux différents, parmi lesquels on retrouve Hearthstone, League of Legends, Starcraft II et bien d'autres.
Cette organisation a été rattachée le 27 janvier dernier au Comité National Olympique Coréen (KOC). Si c'est une avancée intéressante, elle reste encore mineure. Si l'inclusion de fédérations nationales au sein de divers CNO est un prérequis indispensable pour l'obtention du statut de discipline olympique, il ne suffit pas d'un seul cas, sur un total de 205 CNO, pour pouvoir s'assurer d'une promotion à l'échelon supérieur.
Pour que le sport électronique atteigne ce stade, il faudra donc que des dizaines de fédérations nationales fleurissent à travers le monde, et qu'elles se rattachent à leurs CNO locaux. Ensuite, il faudra que plusieurs fédérations internationales, naissent, et que des championnats mondiaux, féminins et masculins, s'organisent de façon régulière. L'e-sport devra également trouver sa place lors de compétitions multisportives, tels que les Jeux du Commonwealth ou les Jeux Panaméricains.
Une fois que tous ces critères seront remplis, le sport électronique aura une chance d'être reconnu comme sport olympique, si le CIO tranche en sa faveur. Et même en supposant que cela se produise, rien ne certifie que l'e-sport entrera au programme des Jeux olympiques un jour. N'en déplaise à Rob Prado, tout ceci ne pourra pas se produire à court-terme.