Vague de soutiens pour un appel en faveur de l’interopérabilité à l'école

Le cas décolle
Droit 4 min
Vague de soutiens pour un appel en faveur de l’interopérabilité à l'école
Crédits : michaeljung/iStock/Thinkstock

Depuis la semaine dernière, l’association de promotion du logiciel libre (April) invite les internautes à se rallier à un appel en faveur de l’interopérabilité au sein de l’Éducation nationale. L’objectif est d’arriver à imposer l’utilisation de formats ouverts « pour travailler mieux, plus efficacement [et] pour la qualité de notre enseignement ». Cette question capitale fait néanmoins figure d’absente au grand « plan numérique » promis par François Hollande pour l'école.

En signant cet appel, chaque parent d'élève ou personnel éducatif réclame la mise en œuvre d’un principe très simple : que « toute mise à disposition de documents au sein du service public de l'Éducation nationale » se fasse systématiquement « dans des formats de fichiers ouverts » (CSV, ODT...), de même que pour « tous les échanges de documents bureautiques » de type traitement de texte, tableur, ou présentation. Concrètement, cela reviendrait à bannir en particulier les formats fermés généralement utilisés par les adeptes d’Office, la suite bureautique de Microsoft.

Des formats fermés prédominants au sein de l’Éducation nationale ?

Car avant de lancer cette campagne, le collectif LinuxÉdu a mené une petite enquête relativement intéressante. En sondant les sites Internet des académies, des collèges et des lycées français via des requêtes Google, ce groupe d’agents de l’Éducation nationale s’est aperçu que « près de 90 % » des documents mis en ligne étaient dans des formats propriétaires et fermés (voir les résultats de leur étude). « Cela ne prend pas en compte les documents mis sur les environnements numériques de travail (ENT), qui ne sont pas scannés par les moteurs de recherche, mais on a une bonne tendance » soutient Rémi Boulle, vice-président de l'April, et par ailleurs professeur de maths, auprès de Next INpact.

Linuxédu
Crédits : LinuxÉdu

L’objectif de cette démarche n’est pas seulement de contrecarrer les stratégies commerciales des éditeurs de logiciels propriétaires, qui cherchent selon les auteurs de l’appel à « provoquer la dépendance des utilisateurs et créer un marché captif ». Il est en effet avant tout question de favoriser l’interopérabilité au sein de l’Éducation nationale, l’idée étant de promouvoir « la possibilité pour tous d'utiliser un document sans aucun asservissement à un logiciel ou à un fournisseur spécifique », afin de favoriser le partage des ressources entre les différents acteurs (enseignants, élèves, parents...) mais aussi d’assurer « l'égalité d'accès » à ces ressources.

 

« L'école ne doit pas contribuer à accoutumer les élèves selon la stratégie d'enfermement des éditeurs dominants. Elle doit au contraire enseigner les connaissances et développer les compétences qui permettront aux élèves de s'adapter à la multitude d'outils informatiques qu'ils rencontreront durant toute leur vie » font valoir les auteurs de l’appel. Ceux-ci revendiquaient hier le soutien plus de 2 500 personnes et d’une centaine d’organisations (dont le collectif Savoirs Com1, les syndicats SE-UNSA ou SGEN-CFDT, etc.).

Le sujet pourrait ressurgir lors de la concertation promise par Hollande

Mais quelles sont les barrières à la mise en place d’une telle règle ? Rémi Boulle pointe tout d’abord l’absence de « volonté politique » sur ce sujet. Il constate dans le même temps « un gros frein du côté des administrations (inspections, chefs d'établissements, secrétariats...) qui veulent et produisent tous du DOC [le format fermé de Microsoft Word, ndlr] ». Ce n’est en effet pas une surprise qu’en matière d’informatique, les habitudes des utilisateurs peuvent s’avérer très dures à changer.

 

Alors que le président de la République a promis un énième plan pour le numérique à l’école, avec des tablettes pour tous les élèves de cinquième ainsi qu’une grande concertation pour le mois de janvier, le sujet de l’interopérabilité devrait très logiquement ressurgir prochainement - même si l’exécutif n’y a montré aucune attention particulière ces derniers mois. On se souvient à cet égard qu'en 2013, le gouvernement Ayrault avait déposé un amendement afin de retirer la priorité que certains parlementaires souhaitaient accorder aux logiciels libres au sein de l’Éducation nationale.

 

Cet été, le gouvernement britannique a imposé l’utilisation de standards ouverts à l’ensemble de ses administrations (y compris à l’Éducation nationale donc). Mais quand Next INpact avait demandé à Thierry Mandon ce que la France attendait pour en faire de même, le secrétaire d’État en charge de la Réforme de l’État avait botté en touche, reconnaissant simplement que cela n’avait pas été la « priorité » du gouvernement « jusqu’ici » (voir notre interview).

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