Open Data : Bercy ouvre ses données sur les ventes de biens immobiliers

Open Data : Bercy ouvre ses données sur les ventes de biens immobiliers

Allons enfants de la PATRIM

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

24/04/2019 5 minutes
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Open Data : Bercy ouvre ses données sur les ventes de biens immobiliers

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) vient de diffuser, en Open Data, ses données relatives aux ventes de biens immobiliers : maisons, terrains, etc. Si aucun nom ou prénom n’est mentionné, l’adresse des biens et les prix d’acquisition sont quant à eux rendus publics.

« Ce n’est pas tous les jours qu’on libère 15 millions de données », s’est félicitée la mission Etalab, le service du Premier ministre chargé d’accompagner les administrations dans leurs démarches d’ouverture de données publiques.

Et pour cause, la base de données « Demandes de valeurs foncières » (DVF) recense « l’ensemble des ventes de biens fonciers réalisées au cours des cinq dernières années, en métropole et dans les départements et territoires d’outre-mer – sauf à Mayotte et en Alsace-Moselle ». Ces informations détenues par la DGFiP, qui proviennent des actes enregistrés chez les notaires et du cadastre, concernent aussi bien les appartements et maisons que les biens non bâtis (de type parcelles, exploitations...).

Cinq années de données foncières en Open Data

Jusqu’ici, les contribuables disposant d’un compte sur le site « impots.gouv.fr » pouvaient certes accéder à ces informations, mais de manière relativement limitée. Le service Patrim, qui a ouvert ses portes en 2013, ne permettait en effet d’effectuer que 30 recherches sur une période de trois mois. L’internaute devait au passage expliquer pourquoi il souhaitait accéder à ces données : vente ou acquisition potentielle, succession, etc.

Comme l’a souhaité le législateur lors de l’examen du projet de loi sur le « droit à l’erreur » (également connu sous le nom de projet de loi « ESSOC »), Bercy a véritablement ouvert ses données foncières, mercredi 24 avril, puisque celles-ci sont désormais librement téléchargeables pour les années 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.

Dans le détail, il est possible de connaître, pour chaque « mutation » d’un bien immobilier :

  • La date et la nature de l’acte
  • Le prix
  • L’adresse complète du bien (numéro de rue, commune, etc.)
  • Les références cadastrales
  • Les éléments descriptifs du bien (surface « Carrez », nombre de pièces, surface du terrain, etc.).

Si ces données sont avant tout censées bénéficier aux professionnels de l’immobilier, elles vous permettront aussi de savoir très facilement pour quel prix votre voisin a récemment vendu sa maison, par exemple...

dvf

Les traitements Fidji et Majic de l'administration fiscale alimentent la Base nationale des données patrimoniales (BNDP).

Une actualisation des données est prévue tous les six mois, en avril et en octobre. « Chaque mise à jour supprime puis remplace la totalité des fichiers précédemment publiés », prévient néanmoins Bercy. Rien n’empêchera malgré tout de réaliser des sauvegardes au fil du temps.

La mission Etalab a été mise à contribution pour l’occasion, l’institution proposant notamment des « données enrichies » (fourniture des fichiers au département ou à la commune, renommage des colonnes pour un traitement informatique plus facile, normalisation des valeurs monétaires, etc.) au format CSV.

Pas d'indexation dans Google

Mais qu’en est-il du respect de la vie privée ? Le décret d’application de la loi ESSOC précise que la réutilisation des données de la base DVF est interdite dès lors que le traitement a pour objet ou pour effet « de permettre la réidentification des personnes concernées ».

« La réutilisation des données n’est autorisée que pour répondre à l'objectif poursuivi par le législateur (à savoir concourir à la transparence des marchés fonciers et immobiliers) », se justifie-t-on à Bercy. En outre, « les traitements de données mis en œuvre par les réutilisateurs ne doivent pas aboutir à un degré d’identification des personnes concernées plus important que celui caractérisant le jeu de données mis à disposition ». Autrement dit, pas question de constituer un nouveau fichier faisant par exemple correspondre les adresses des biens ayant subi des mutations aux noms des personnes figurant dans l’annuaire.

Le décret prohibe au passage toute « indexation » des données de la base DVF sur un moteur de recherche.

« Vous pouvez si vous l'estimez nécessaire adresser une réclamation à la CNIL », indique néanmoins Bercy.

Le rapport sur les « données d’intérêt général », commandé en 2015 par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, prévenait le gouvernement qu’ouvrir certaines données, notamment de localisation, présentait « un risque juridique au regard des dispositions constitutionnelles et conventionnelles en vigueur » (page 16 du rapport, révélé l’année dernière dans nos colonnes).

rapport dig

Le Conseil constitutionnel ne s'est jamais prononcé sur les dispositions législatives ayant permis l'ouverture de la DVF. 

Écrit par Xavier Berne

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Cinq années de données foncières en Open Data

Pas d'indexation dans Google

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Commentaires (21)


Incroyable la mise à disposition de cette BDD !!

Soit je me trompe, soit c’est un outil extraordinaire pour les particuliers qui prospectent en vue d’un achat immobilier, et/ou qui souhaitent par exemple connaître le prix auquel s’est vendu un bien ? (par opposition au dernier prix affiché)




Si ces données sont avant tout censées bénéficier aux professionnels de

l’immobilier, elles vous permettront aussi de savoir très facilement

pour quel prix votre voisin à récemment vendu sa maison, par exemple…





C’est une blague ?!

Quelle est la proportion de personnes qui vivent dans leur résidence principale ? Pour eux, pas très compliqué de relier le prix d’achat à l’identité de l’acquéreur : il suffit de lire le nom sur la boîte aux lettres ! <img data-src=" />


C’est disponible depuis un bon moment quand tu te connectes sur le site des impôts.

&nbsp;Tu peux&nbsp; rechercher&nbsp; toutes les transactions immobilières dans un rayon donné autour d’un point entre des dates. Tu obtiens&nbsp; ainsi un descriptif du logement (étage, pièces, superficie même je crois) et le prix de vente.


mmh certain quartier a paris , les prix entre leboncoin et la réalité laisse songeur :).



par contre vu le nombre de transaction par parcelle cadastral, c’est surprenant. Je croyais que c’était morose, qu’il fallait soutenir et donner moulte argent public pour soutenir la filière.


Suis-je parano où ça va être encore plus facile pour les proprio de justifier une hausse maximale des loyers ?

Genre les apparts de l’immeuble sont évalués/vendus xxK€ donc celui que je vous loue les vaut aussi donc j’ajuste le loyer en conséquence ?


Il s’agit des tarifs d’achat-vente, pas des tarifs de location.



Pour les loyers, sauf erreur de ma part l’augmentation est limitée à l’inflation ?


Oui en effet t’es parano :)

L’effet est plutôt inverse ça met en exergue le fossé énorme entre les prix affichés en agence, et le vrai prix auquel les transactions se font.

Concrètement c’est très bien pour les acheteurs: pour justifier une proposition un peu faible,

Moins bien pour le vendeur, va-t-on refusé largement inférieur au prix de vente souhaité mais au-dessus du prix moyen du quartier par ex ?

Carrément dangereux pour les agences qui pipotaient ouvertement vendeur et acheteur: Comment rester crédible quand les prix sur ta vitrine sont 50 / 100k€ au-dessus des vrais prix du marché ?


Si ces données sont avant tout censées bénéficier aux professionnels de l’immobilier, elles vous permettront aussi de savoir très facilement pour quel prix votre voisin à récemment vendu sa maison, par exemple…



Bah non, ces données étaient déjà accessibles sur le site des impôts (authentifié avec son numéro fiscal, limité en nombre de recherches, et après accepter des CGU assez ferme en mode rappel à la loi concernant l’identification des personnes, et l’interdiction d’enregistrer ses données).

Donc pour les particuliers ça ne change rien (à part en cas de recherche sans quartier pré-défini où on pouvait être limité)



Pour les pro en revanche la limite saute, l’interdiction d’en faire un fichier aussi








Gurdil a écrit :



C’est disponible depuis un bon moment quand tu te connectes sur le site des impôts.

&nbsp;Tu peux&nbsp; rechercher&nbsp; toutes les transactions immobilières dans un rayon donné autour d’un point entre des dates. Tu obtiens&nbsp; ainsi un descriptif du logement (étage, pièces, superficie même je crois) et le prix de vente.





À lire l’article, la procédure ne paraissait quand même pas très pratique :

“Jusqu’ici, les contribuables disposant d’un compte sur le site «&nbsp;impots.gouv.fr&nbsp;» pouvaient certes accéder à ces informations, mais de manière relativement limitée.&nbsp;Le service Patrim, qui a ouvert ses portes en 2013, ne permettait en effet d’effectuer que 30 recherches sur une période de trois mois. L’internaute devait au passage expliquer pourquoi il souhaitait accéder à ces données&nbsp;: vente ou acquisition potentielle, succession, etc.”



Voilà, tout est dit.


C’est le prix avec ou sans les frais de mutation (8%) ?? <img data-src=" />


Si c’est la même base qui sert pour l’outil qui était sur le site des impôts c’est sans les frais de notaires et sans les frais d’agence.


Humm. J’ai acheté mon appart fin novembre 2018 (24 si ma mémoire est correcte) et je ne le trouve pas dans les données…


C’est le prix net vendeur de l’immobilier uniquement, sans l’ameublement fixe (cuisine, sdb, …). C’est le montant retenu pour le calcul des frais de notaire, normalement légèrement inférieur au prix de vente.








Ov3rSoul a écrit :



À lire l’article, la procédure ne paraissait quand même pas très pratique :

“Jusqu’ici, les contribuables disposant d’un compte sur le site «&nbsp;impots.gouv.fr&nbsp;» pouvaient certes accéder à ces informations, mais de manière relativement limitée.&nbsp;Le service Patrim, qui a ouvert ses portes en 2013, ne permettait en effet d’effectuer que 30 recherches sur une période de trois mois. L’internaute devait au passage expliquer pourquoi il souhaitait accéder à ces données&nbsp;: vente ou acquisition potentielle, succession, etc.”





En effet, le service “Patrim” (nom du projet) a été ouvert en 2013, avec cette limitation justement pour éviter que des professionnels ne vident la base (issue de BNDP comme indiqué dans l’article). C’était la première fois que l’administration fiscale ouvrait un accès à une de ses bases, dans l’objectif de donner à l’usager les moyens de procéder à l’évaluation de son bien (via l’utilisation de termes de comparaison) pour contester, par ex., un éventuel contrôle fiscal basé sur une évaluation supérieure de son bien immobilier.



6 ans ont passé, nous sommes bien à l’ère de l’opendata, et on ne peut que se féliciter de voir cette base ouverte à tous! De fait, la restriction existant actuellement sur Patrim devrait logiquement sauter, de même que les conditions restrictives d’utilisation. Pour l’anecdote, initialement, la vente/acquisition potentielle n’était pas reconnu comme un motif d’accès à Patrim. Le lobbying des agents immobiliers était passé par là…



Les données ne couvrent que la France métropolitaine et les DROM (hors Moselle, Haut-Rhin, Bas-Rhin et Mayotte), du 1er janvier 2014 au 30 juin 2018.

&nbsp;Si vous n’êtes pas dans les départements exclus, votre transaction apparaîtra dans la prochaine livraison plus tard cette année (octobre).

Il y aura toujours un décalage de plusieurs mois entre acte et publication.

Plus d’informations ici :&nbsphttps://www.data.gouv.fr/fr/datasets/demandes-de-valeurs-foncieres/


En revanche, tu as de bonne chance de retrouver cette transaction dans Patrim (impot.gouv.fr, Votre espace particulier, onglet Données publiques, “Rechercher des transactions immobilières”…)








Jarodd a écrit :



C’est une blague ?!

Quelle est la proportion de personnes qui vivent dans leur résidence principale ? Pour eux, pas très compliqué de relier le prix d’achat à l’identité de l’acquéreur : il suffit de lire le nom sur la boîte aux lettres ! <img data-src=" />





Je n’ai pas pigé ta remarque.

En quoi ce que tu as cité de l’article est discutable ?

Et sinon, la proportion : 58 % des français sont propriétaires, fin 2018.



Oui il y a un indice officiel publié par l’INSEE. Le proprio ne peut augmenter le loyer au delà de l’augmentation légale prévue (comme pour l’indice Syntec en presta info).








Manozco a écrit :



Humm. J’ai acheté mon appart fin novembre 2018 (24 si ma mémoire est correcte) et je ne le trouve pas dans les données…







Je vais voir pour mon cas, j’ai acheté fin 2017. Ca doit prendre en compte la date d’enregistrement à la publicité foncière et, si c’est le cas, ton acte a dû être enregistré début 2019 (vu les délais…)



je suis dubitatif

je ne trouve aucune trace de vente ou d’achat dans mon immeuble dans aucun des fichiers alors que j’ai un voisin qui a acheté en 2014