L’Arcep vient de mettre en ligne son observatoire sur les haut et très haut débits fixes, le premier de 2023. On y observe cette fois encore un ralentissement sur les déploiements, notamment dans les zones denses. 81 % des 43,553 millions de locaux sont éligibles à la fibre optique.
32 millions d’abonnements HD ou THD, 19 millions en FTTH
Au total, l’Arcep dénombre 32 millions d’abonnements haut et très haut débit sur le fixe au 31 mars de cette année, soit environ 400 000 de plus sur un an et 100 000 de mieux sur trois mois.
Le nombre d’abonnements au très haut débit dépasse pour la première fois la barre des 22 millions de clients, dont plus de 19 millions à la fibre optique (FTTH), soit 895 000 de plus en trois mois.

Ils sont toujours un peu plus de 800 000 avec du câble coaxial à plus de 100 Mb/s et 2,4 millions avec un débit entre 30 et 100 Mb/s via différentes technologies (VDSL2, câble, 4G fixe, THD radio ou satellite). Dans les deux cas, les chiffres sont en baisse trimestre après trimestre.
Le nombre d’abonnements haut débit seulement (entre 8 et 30 Mb/s) baisse lui aussi au fil des années, pour arriver à 9,8 millions au 31 mars 2023.
35,3 millions de locaux éligibles au FTTH
Pour ses calculs, l’Arcep prend comme estimation une base de 43,553 millions de logements sur toute la France (+919 000 sur un an). Sur ce total, 37,6 millions de locaux sont éligibles au très haut débit sur le fixe et 35,3 millions à la fibre optique (à comparer aux 19 millions de clients qui ont sauté le pas), soit une hausse de 15 % en un an. On passe ainsi de 72 à 81 % de taux de couverture pour le FTTH.
Le plan France THD prévoyait pour rappel d’avoir au moins 80 % de lignes en FTTH fin 2022. Un objectif loupé de peu puisque, selon l’Arcep, le taux était de 79 % au quatrième trimestre 2022. Le prochain objectif est pour rappel d’atteindre 100 % en fibre optique (ou du moins s’en rapprocher le plus possible) d’ici à 2025.
Mais comme toujours, la répartition suivant les zones est loin d’être uniforme. Petit rappel du découpage de la France :
- 7,774 millions de locaux sont en zones très denses,
- 17,486 millions en zones moins denses d’initiative privée,
- 16,915 millions en zones moins denses d’initiative publiques (RIP),
- 1,378 millions dans les AMEL (appels à manifestation d’engagements locaux).
Ça traine toujours dans les zones très denses
L’Arcep tire, encore une fois, un triste bilan dans les zones denses : « Le rythme insuffisant constaté […] ces dernières années chute encore avec moins de 50 000 locaux rendus raccordables [44 000 pour être précis, ndlr], soit une baisse de près de moitié par rapport au premier trimestre 2022 ».
Sur les 7,774 millions de locaux en zones très denses, 7,097 millions sont ainsi raccordables à la fibre (91 %). Orange est toujours largement en tête sur les déploiements avec 5,684 millions de lignes, dépassant de la tête et les épaules le second Altice (maison mère de SFR) à 1,113 million, sans parler de Free à 303 000 seulement.
Petite précision de l’Arcep : « Le total de locaux raccordables par zone ne correspond pas à la somme des lignes raccordables de la zone. Le nombre de lignes raccordables par opérateur d'infrastructure (OI) prend en compte l'ensemble des lignes raccordables alors que le total des locaux raccordables tient compte des déploiements multiples qui sont déduits de la somme ».

16 points d’écarts entre Paris et Marseille
Ce mauvais résultat cache une autre réalité : « Il existe une forte disparité dans l’avancement du déploiement dans les zones très denses. Cela est illustré par la comparaison de l’état d’avancement du déploiement de fibre optique parmi les 10 communes comportant le plus de locaux et qui appartiennent à ces zones ». Paris est ainsi à 97 % de couverture en FTTH, contre 81 % « seulement » pour Marseille.
Au niveau départemental, la Meurthe-et-Moselle est largement à la traine avec un taux de couverture de 75 % de ses zones très denses, en hausse de… zéro. Les Bouches-du-Rhône et le Puy-de-Dôme suivent avec 81 et 83 %. 16 départements ont une couverture inférieure à la « moyenne nationale de ces zones qui s’établit à 91 % ».
Baisse de régime aussi dans les zones moins denses d’initiatives privées
Dans les zones moins denses d’initiative privée, la situation n’est pas franchement plus reluisante non plus : « Seulement 120 000 locaux ont été rendus raccordables […], en baisse de plus de moitié par rapport au premier trimestre 2022. Il faut remonter à 2014 pour observer une progression trimestrielle aussi faible dans ces zones », note l’Arcep. Sur les 17,486 millions, 15,349 sont éligibles à la fibre (environ 89 %). Là encore, Orange domine largement avec 12,060 millions de lignes, alors que le second Altice n’est qu’à 3,1 millions.
Sur les AMEL (appels à manifestation d'engagements locaux) la progression reste dans les mêmes eaux que sur le premier trimestre 2022, avec 64 000 locaux rendus raccordables. Mais cette zone ne compte que 1,378 millions de locaux et on passe de 664 000 à 728 000 logements éligibles. Les 64 000 de plus représentent donc presque une hausse de 10 %.
Quoi qu’il en soit, ce sont encore une fois les RIP (Réseaux d’Initiative Publique) qui font office de locomotive puisque « 610 000 locaux ont été rendus raccordables ». Cela reste néanmoins « en baisse d’environ 10 % par rapport au premier trimestre 2022 ». 12,116 millions de locaux sont éligibles, soit 71 % des 16,915 millions. Dans le lot, 5,1 millions sont en zones rurales, 1,4 million dans des communes de montagne, précise le régulateur.
Cette fois-ci c’est Altitude Infra qui est en tête avec 3,396 millions de lignes, puis on retrouve Orange à 2,823 millions, Axione à 2,605 millions et Altice à 2,47 millions.
Au total, sur le premier trimestre, « 840 000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables au FTTH, soit environ 20% de moins que sur la même période de l’année précédente ».

79 % des locaux peuvent choisir entre quatre opérateurs
La mutualisation des réseaux est assez forte pour l’ensemble des 35,3 millions de locaux éligibles en France : 98 % ont le choix entre deux opérateurs minimum. On descend à 93 % pour trois opérateurs et 79 % pour quatre opérateurs, de quoi faire jouer la concurrence pour la grande majorité des clients.
Là encore, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Dans les zones très denses, 99 % des 7,1 millions de locaux éligibles ont le choix entre au moins deux opérateurs. On passe à 95 % pour trois opérateurs et enfin dans 69 % des cas les quatre opérateurs nationaux sont présents. Dans les RIP, on oscille entre 94 % (deux opérateurs) et 73 % (quatre opérateurs). Le choix est bien plus limité dans les AMEL : 33 % seulement ont le choix entre quatre opérateurs.
En zone AMII, l’Arcep et l’Orange sont plutôt ennemis
L’Arcep se penche sur les engagements d’Orange et SFR dans les zones dites AMII (appel à manifestation d’intention d’investissement). En guise de préambule, le gendarme annonce que sa « publication sera prochainement enrichie pour préciser, parmi les locaux non raccordables, la proportion de ceux qui font l’objet d’un refus de raccordement par les copropriétés concernées ».
« À la fin du premier trimestre 2023, environ 89 % de ces locaux sont raccordables » pour Orange, contre « environ 95 % » pour SFR. C’est largement en retard sur le calendrier puisque les engagements de 100 % étaient pris pour fin… 2020.
En mars 2022, l’Arcep mettait en demeure Orange de respecter ses engagements (décision publiée en février 2023). L’opérateur avait riposté en saisissant le Conseil d'État d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Mais, « par sa décision du 21 avril 2023, le Conseil d’État décide de ne pas transmettre la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel. Il rejette également le recours de la société Orange contre la décision de l’Arcep, mettant en demeure Orange de respecter ses engagements de déploiement de la fibre dans des zones moyennement denses », se félicitait l’Arcep en avril de cette année.
Comme le rappelle la Banque des territoires, le décompte des locaux a son importance, particulièrement dans le cas présent : « Orange estime que ses engagements portent sur 11,7 millions de locaux, soit la base de données logements de l’Insee de 2013. L'Autorité se fonde pour sa part sur les fichiers IPE (pour "informations préalables enrichies") utilisés par les opérateurs pour identifier chaque logement, beaucoup plus proches de la réalité du terrain ».
« En février 2022, Orange réitère cette base de calcul et ajoute que "le périmètre des engagements volontaires est déterminé par l’opérateur lui-même" […] Sur ces bases, il considère avoir rempli ses engagements L. 33-13 avec un taux global de couverture de 109,7 % au 1er janvier 2022 sur les 2.978 communes AMII », ajoute notre confrère. On est donc à plus de 100 % selon les organisateurs, contre 89 % pour le gendarme des télécoms.
Pas de jaloux, du retard aussi sur des zones AMEL
Dans les zones AMEL aussi, des opérateurs sont en retard sur leurs objectifs. C’est le cas d’Altitude Fibre 21 en Côte-d’Or et Altitude Fibre 40 dans les Landes, de Savoie Connectée, et de XpFibre dans plusieurs zones : Alpes-de-Haute Provence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône, Eure-et-Loir et Nièvre.