Cédric O : service universel de la fibre en 2025, saturation de la 4G, plan d’aide au numérique

« Si plus de Français voulaient »…
Internet 7 min
Cédric O : service universel de la fibre en 2025, saturation de la 4G, plan d’aide au numérique
Crédits : Public Sénat

Le plan France THD prévoit d’atteindre 100 % de fibre en 2025, et Cédric O prévoit ensuite d’en faire un service universel. Il revient aussi sur la saturation de la 4G et le déploiement de la 5G. Enfin, il rappelle que 4 000 conseillers au numérique sont prévus pour les prochaines années, afin d’apporter une aide à ceux qui en ont besoin.

Samedi, Cédric O (secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques) et Patrick Chaize (sénateur et président de l’Avicca) étaient les invités de Public Sénat dans l’émission Un monde en docs. C’était l’occasion de revenir sur de nombreux sujets d’actualité autour des réseaux fixes et mobiles.

Bien évidemment, il a d’abord été question du déploiement de la fibre en France. Patrick Chaize a commencé par rappeler qu’il reste encore de nombreux territoires « isolés numériquement » dans les campagnes, et que cela concerne des personnes qui « se comptent encore en millions ».

C’est l'un des enjeux du plan France Très Haut Débit (que nous avons détaillé dans notre second magazine) : permettre à tout le monde de profiter d’un abonnement avec au moins 30 Mb/s en téléchargement. Actuellement, sur les plus de 30,6 millions d’abonnements, 15,9 millions sont en haut débit, et donc « seulement » 14,658 millions en très haut débit, dont 10,3 millions en fibre optique.

Un discours fort sur la fibre… et « ça n’a pas toujours été le cas »

Dans les points positifs, Patrick Chaize reconnait par contre qu’« on a un discours politique qui est clair […] ça n’a pas toujours été le cas ». Il note ainsi une évolution dans le bon sens des discours « vers la connexion fibre optique », avec l’objectif d’atteindre 100 % des lignes en 2025. Le plan France Très Haut Débit ne prévoyait initialement que 80 % en 2022.

C’est un « détail  » important, car « on peut tout mettre derrière le haut débit et le très haut débit, c’est une limite qui est très théorique et peu perceptible ». Le câble, la 4G fixe, le VDSL2 et le satellite peuvent entrer dans la définition du très haut débit. Pour rappel, le THD signifie simplement 30 Mb/s en téléchargement, rien de plus.

Pour revenir au 100 % de FTTH en 2025, Patrick Chaize rappelait il y a quelques mois qu’il ne faut  pas être « plus bête que la moyenne : évidemment qu’on sait que le 100 % on ne l’atteindra jamais, mais on ne l’atteint avec aucun réseau. Il faut avoir la démarche intellectuelle de penser que c‘est le réseau qui va devenir le réseau de communication de demain et qui devrait pouvoir répondre à la quasi-totalité des cas ».

La France en tête des déploiements, pas des abonnements

Pour Cédric O, l’argent mis sur la table par l’ensemble des acteurs de ce plan « permet de crédibiliser l’objectif qui est que 100 % des Français aient accès à la fibre optique en 2025 ». Il en profite pour sonner les cloches patriotiques : « Il n’y a pas un pays en Europe qui est mieux fibré que la France ».

Il insiste : « En termes de déploiement, de nombre de kilomètres de fibre par habitant, il n’y a pas un pays qui est mieux fibré que la France […] Non seulement on est les premiers en stock – nombre de kilomètres de fibre –, mais aussi les premiers en déploiement : la moitié de la fibre qui s’installe en Europe est en France ».

Repris par Public Sénat sur les abonnements, il reconnait en effet qu’il y a plus d’abonnements souscrits en FTTH en Espagne, mais ajoute que « si plus de Français voulaient souscrire un abonnement, ils pourraient »… sans donner d’explication. La hausse des prix est certainement une bonne piste pour commencer. 

Comme nous l’expliquions avec le dernier observatoire de l’Arcep, sur les 40,657 millions de locaux que compte la France, 24,2 millions sont éligibles à la fibre optique (soit 60 %), mais seulement 10,4 millions de clients ont sauté le pas, soit moins de la moitié des lignes éligibles et 26 % de l’ensemble des locaux en France. Les autres sont encore bien souvent en xDSL.

ARCEP Fibre Q4 2020

Vers un service universel de la fibre d’ici 2025

Il en profite pour rappeler que le gouvernement veut « faire un service universel de la fibre d’ici 2025 pour faire en sorte que la fibre soit – de la même manière que le téléphone, l’eau, le gaz et l’électricité – un bien vital auquel tout le monde ait accès ». L’idée n’est pas nouvelle, on la retrouve notamment dans le plan résilience numérique de juin 2020. C’était d’ailleurs la première des 34 propositions : « il convient d’étudier la reconnaissance du déploiement et de l’exploitation des réseaux fixes et mobiles comme relevant d’une activité essentielle ».

Stéphane Richard, patron d’Orange, s’était montré sceptique face : « Il peut y avoir une mécanique de fonds financé par les opérateurs, pour tendre vers un standard défini qui serait une sorte de service universel, pourquoi pas […] Mais la mécanique actuelle, qui consiste pour le régulateur à désigner un opérateur du territoire comme en charge du service universel, je ne vois pas comment cela pourrait marcher », comme le rapportait alors DegroupTest.

Déploiement 5G vs 3G : il faut faire les deux !

Le secrétaire d’État est ensuite revenu sur le déploiement de la 5G, alors que la 4G (et a fortiori la 3G) n’est pas accessible à tout le monde. Il rappelle au passage qu’ « on veut souvent la connexion, on veut moins le pylône » et rejoint ainsi Alexandre Archambault (avocat et ex-directeur des affaires réglementaires chez Iliad), qui s’en « amuse » régulièrement sur Twitter.

Pour Cédric O, le déploiement de la 5G ne s’oppose pas à celui de la 3G : « il faut faire les deux […] Il faut que tout le monde ait la fibre et il faut que tout le monde ait le mobile », affirme-t-il au passage, avec l’approbation de Patrick Chaize.  Pour la 3G l’enjeu est de résorber les zones blanches via l’accord New Deal Mobile. Pour la 5G il est double, avec une importante dimension économique : « Si l’Europe décidait de ne pas investir dans la 5G, oublions toute implantation d’usine ou même laissons partir les usines, c’est exactement la même chose ».

De plus, « si on ne fait pas la 5G, il y aura un embouteillage dans la 4G et ça c’est à court terme, un an à un an et demi ». Cédric O en ajoute une couche : « pendant le confinement, il y a eu des saturations, car il y avait trop de gens qui regardaient Netflix sur la 4G. Je caricature, mais c’est un peu ça… c’est même complètement ça ».

Aide au numérique : 4 000 conseillers dans les années à venir

Enfin, un dernier sujet était abordé : l’aide au numérique pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec les ordinateurs et/ou les démarches en ligne. Cédric O commence par rappeler que cela ne touche pas qu’une génération (les moins jeunes). Dans les centres de formation, il y a également « plein de jeunes » : « ce n’est pas la même chose d’aller sur Messenger, Snapchat ou Instagram et remplir un CV ou de s’actualiser sur pôle emploi ».

Alors que Public Sénat lance la question d’un problème d’éducation sur ce sujet, le secrétaire d’État esquive : « il y a un problème de maitrise des outils numériques qui n’est pas qu’un problème générationnel […] c’est un sujet de politique public ». En France, toujours selon Cédric O, nous avons « un français sur six qui n’utilise jamais un ordinateur, un français sur trois qui manque de compétences en informatique ».

Pour améliorer la situation, le gouvernement va déployer 4 000 conseillers numériques dans les « mois et années qui viennent ». « C’est l’État qui paye, mais ce sont les collectivités territoriales ou les associations qui les déploient […] On a déjà conventionné avec des départements et des collectivités à peu près 500 à 600 conseillers numériques, un peu partout ».

Une chose est sûre, il reste pour le moment des personnes « oubliées » du numérique, que ce soit via les réseaux fixes/mobiles ou les connaissances. La tendance est néanmoins à la baisse depuis plusieurs années et il faudra voir où en sera la situation dans quelques années. Le numérique, lui, ne devrait pas ralentir quoiqu’il arrive.

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