Une enquête du quotidien Haaretz révèle que suite aux scandales au sujet du logiciel espion Pegasus de la société NSO, les autorités israéliennes auraient considérablement restreint la possibilité de commercialiser de telles armes de surveillance, au point d'acculer QuaDream, le principal concurrent de NSO, à fermer boutique.
La fermeture de QuaDream, le principal concurrent de NSO sur le marché des logiciels espion, serait la conséquence des restrictions imposées par les États-Unis et du placement sur liste noire de NSO et de son autre concurrent Candiru, révèle le quotidien Haaretz.
QuaDream avait annoncé à ses salariés la cessation de ses activités après qu'une enquête du Citizen Lab et de Microsoft Threat Intelligence avait permis d'identifier les traces de son logiciel espion REIGN sur les portables d'« au moins cinq victimes », dont des journalistes, des personnalités de l'opposition politique et un membre d'une ONG.
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Mais d'après cinq sources familières de l'industrie israélienne des logiciels espions, interrogées par Haaretz, QuaDream, qui « était le seul à pouvoir rivaliser avec le produit phare de NSO, Pegasus », et qui « a longtemps été considéré comme la plus grande menace locale pour le groupe NSO », aurait décidé de fermer ses portes « après avoir échoué à obtenir l'autorisation de vendre ses logiciels espions à de nouveaux clients (dont le Maroc) ».
L'entreprise, elle aussi israélienne, avait pourtant « massivement investi » dans « un certain nombre de nouveaux produits et capacités », et espérait pouvoir « concurrencer NSO et d'autres sur le marché du piratage Android », mais n'aurait « pas réussi à mûrir et à arriver sur le marché », précise le quotidien :
« Selon deux des sources, il s'agissait notamment d'étendre la portée de leurs logiciels espions pour pouvoir également pirater les appareils Android, ainsi que développer ce qui a été qualifié de nouvelle forme de logiciel espion "terrifiante". Sans capacité à conclure de nouveaux accords, ces efforts et d'autres n'ont pas abouti – bien que pour des raisons différentes – l'entreprise a décidé de réduire ses pertes et de fermer boutique. »
Faute de parvenir à obtenir l'approbation réglementaire pour ses ventes à l'international, QuaDream chercherait depuis à revendre certains de ses actifs à des concurrents locaux, et aurait laissé partir ses salariés, dont l'équipe aurait été « intégrée presque dans sa totalité par un concurrent local », dont le nom n'a pas été divulgué.