En dépit de nombreux projets, la transformation numérique de l’appareil étatique se fait attendre. La nouvelle feuille de route de la DINUM est là pour mettre des points sur les i, d’autant que ses moyens vont être renforcés et son nombre d’agents accru.
Le ton adopté par la nouvelle feuille de route est particulier. Les axes – sur lesquels nous allons revenir – sont clairement établis, mais la Direction interministérielle du numérique est insatisfaite de nombreux points, dont l’avancement de plusieurs projets et l’éparpillement des ressources.
Cette feuille de route sonne donc comme un signal : la Direction veut reprendre les choses en main, va se doter de 40 agents supplémentaires, diligenter des missions spécifiques et veut s’affirmer comme la « DSI de l’État ». Nombre d’ambitions affichées vont dans le sens d’une fin de récréation : en matière d’accessibilité numérique des Français, il y a beaucoup à faire, en dépit de quelques succès.
Ce qui ne va pas
« Malgré le recours aux articles 3 et 4 du décret de la DINUM qui permettent d’auditer les grands projets numériques de l’État pour s’assurer de leur viabilité, l’impact des recommandations émises par la DINUM dans la vie des grands projets des ministères demeure relatif », indique ainsi la Direction dans son rapport.
Elle fustige un « glissement budgétaire moyen de 24 % et un glissement calendaire moyen de 26 % à fin 2022 ». Non seulement les projets sortent du cadrage imposé, mais en plus leur coût s’envole et la mise en œuvre prend du retard. Ces dérives sont par ailleurs « en augmentation avec plusieurs projets de plusieurs dizaines de millions d’euros en difficulté manifeste ».
Pourquoi ? On touche là au cœur du problème, car les « recommandations en matière de design, d’accessibilité, de sécurité ou d’interopérabilité se heurtent à un patrimoine applicatif vétuste, sur lequel les coûts et délais d’intervention sont élevés ».
La faute, selon la DINUM, à une approche des systèmes d’informations en place comme un empilement de projets, dont la plupart sont aujourd’hui dans un statut de « maintenance », donc sans « les garanties de qualité qui devraient être celles de l’État ».
Une façon de faire qui n’est plus au goût du jour pour la Direction : « les systèmes d’information se gèrent aujourd’hui très majoritairement en équipes produit, durables et autonomes, pour pouvoir apporter en continu les améliorations réclamées par l’évolution des contextes, des réglementations, des usages et limiter les dettes techniques accumulées ». En outre, il n’est plus question de lancer des projets sans « objectifs d’impact minimal définis ».
La DINUM souhaite un « numérique agile et performant »
La Direction va embaucher 40 personnes supplémentaires, ses effectifs passant de 180 à 220 agents. Ces 40 nouveaux agents viendront nourrir la toute nouvelle « brigade d’intervention numérique ». Elle ne souhaite en effet plus se contenter de son rôle de « tiers de confiance » faisant la liaison entre les ministères, mais veut également pouvoir faire de l’accompagnement ponctuel.
Cette brigade aura plusieurs missions. Elle regroupera l’ensemble des expertises de la DINUM (accessibilité, cloud, UX, devops, écoconception, etc.) et interviendra directement dans les projets surveillés, afin de mieux structurer la conduite des travaux, « rendre plus lisible l’offre d’accompagnement » et, surtout, concourir à l’un des grands objectifs de la DINUM :
« responsabiliser les ministères dans le déploiement de chacun des appuis de la DINUM, qu’ils concernent le cloud, la donnée, le logiciel libre, l’écoconception, le design ou encore l’accessibilité et que ces appuis soient humains ou financiers (comme le Fonds de transformation de l’action publique) ».