TestWe : surveiller et punir à l'Institut d'Enseignement à Distance de Paris 8

TestWe : surveiller et punir à l’Institut d’Enseignement à Distance de Paris 8

Foucault 2.0

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Martin Clavey

Publié dans

Droit

06/12/2022 7 minutes
50

TestWe : surveiller et punir à l'Institut d'Enseignement à Distance de Paris 8

À l'Institut d'Enseignement à Distance de l'Université Paris 8, des étudiants contestent l'utilisation de l'application très intrusive TestWe pour surveiller les examens.

Les étudiants de l'Institut d'Enseignement à Distance (IED) de l'Université Paris 8 ne veulent pas utiliser l'application TestWe pour la surveillance des examens : « Les modalités d’usage imposées par TestWe constituent une véritable atteinte à la vie privée puisque les étudiants vont devoir se plier à une quarantaine d’interdits ou d’obligations liberticides à implémenter chez eux », dénoncent-ils.

Le 14 novembre, ils ont déposé une requête au juge des référés du tribunal administratif de Montreuil pour suspendre les différentes modifications de l’organisation des examens prise par l’institut d’études à distance de l’université de Paris 8 pour cette année qui introduisaient l'utilisation du logiciel TestWe. L’audience doit se tenir ce mardi 6 décembre à 14h30.

TestWe, un logiciel très intrusif pour surveiller un devoir

Jusqu’à maintenant, comme beaucoup d’étudiants qui passent des examens à distance, ceux de l’IED devaient utiliser le logiciel libre Moodle-Examens pour composer le jour de l’examen. Ce logiciel très connu dans l’enseignement supérieur français permet de plancher sur sa copie à distance.

Mais les institutions ont peur que des fraudes aux examens puissent se passer lors de passation à distance. Et TestWe, une startup française, s’est engouffrée dans cette brèche lors des confinements de la pandémie de Covid-19 pour proposer un système de surveillance des étudiants.

En Suisse et en Belgique, l’utilisation de TestWe avait déjà fait des vagues en 2020. À l’Université de Genève (UNIGE), Les étudiants avaient lancé le slogan « UNIGE is watching you » pour faire comprendre leur désapprobation de l’utilisation de ce logiciel particulièrement intrusif pendant leurs sessions d’examens.

Et l’Université Catholique de Louvain avait, dans un premier temps, maintenu l’utilisation du logiciel en mai 2020 malgré les demandes de son abandon par les étudiants pour son dispositif particulier de surveillance, mais aussi pour des problèmes techniques, puis avait renoncé à son utilisation après le fiasco d’un test au sein de l’université.

Les institutions de l’enseignement supérieur français n’avaient jusque-là que peu fait appel à ce logiciel. Les universités publiques françaises utilisent abondamment Moodle et sont donc assez logiquement passées à Moodle Examens pour la gestion des examens à distance. Et une fois les confinements passés, peu d’institutions se sont reposé la question du dispositif de passage des examens.

Des modalités très restrictives et disproportionnées

Malgré tout, l’IED de Paris 8 a décidé en octobre dernier de changer ces modalités et d’adopter TestWe.

En consultant le « guide utilisateur » que l’entreprise met à disposition sur son site internet, on peut constater que TestWe met en place un vrai dispositif de surveillance très intrusif chez les étudiants qui passent les examens.

L’étudiant doit d’abord s’identifier via un dispositif de reconnaissance faciale utilisant sa webcam. Puis il doit envoyer à TestWe la photo de sa carte d’identité. Le guide spécifie que « la pièce doit être bien éclairée » et que le système n’accepte que « carte d’identité et ordinateur seulement sur le bureau ».

Les étudiants n’ont, selon ce guide, pas le droit de baisser la tête ou même la dévier de l’écran, l’instruction est : « concentrez votre regard sur votre écran pendant l’examen ». Le guide de TestWe spécifie « ne vous levez pas et/ou ne partez pas de la pièce pendant l’examen ». « TestWe monitore votre environnement pendant votre examen, tout comportement suspect sera reporté à votre administration », menace l’entreprise.

Ce guide ne mentionne une installation possible du logiciel TestWe que pour  « Windows 7 (minimum) » et « Mac Os X 12 (minimum) » ce qui prive les étudiants utilisateurs de versions moins récentes de ces systèmes d'exploitation ou de systèmes d'exploitation comme les différentes distributions de GNU/Linux de la possibilité de passer leurs examens avec leur matériel informatique habituel.

TestWeTestWeTestWeTestWe

TestWe Crédits : Capture d'écran du Guide utilisateur de TestWe

Ce sont ces modalités que dénoncent les étudiants de l’IED mobilisés, mais ils pointent (.pdf) aussi le fait qu’ « elles ne se font pas dans le cadre d’un consentement libre : les CGU restent inaccessibles tant que le logiciel n’est pas installé ».

Selon eux, « les personnes de confessions juives ou musulmanes sont impactées par l’obligation de garder tête, oreilles et cou découverts. Par ailleurs, le fait d’être pris en photo toutes les trois secondes porte directement atteinte au droit de l’image. Enfin, plusieurs interdictions totalement disproportionnées (comme, par exemple, manger, aller aux toilettes ou détourner les yeux de l’ordinateur) ne respectent pas la dignité humaine ».

Début novembre, l’IED a annoncé aux étudiants de nouveaux changements suite à la fronde contre l’utilisation de TestWe. L’administration a donné la possibilité aux étudiants réfractaires de passer les examens en présentiel.

Puis, selon les étudiants, l’administration a pris une nouvelle mesure concernant l’organisation des examens : « si TestWe n’est pas retenu, les examens se feront en présentiel et basculeront d’un système semestriel à un système annuel, privant par là-même les L3 de Droit et de Psychologie de candidature en Master », explique une étudiante.

Cette dernière, soutenue financièrement par 121 étudiants-donateurs, a décidé d’attaquer au tribunal administratif de Nanterre les trois décisions de changements des modalités d’examens à l’IED de Paris 8. D’autres ont décidé de contacter la CNIL en pointant « plusieurs points allant à l’encontre de la protection des données et des libertés ».

Soutien de la Quadrature du Net et d’enseignants de Paris 8

Dans ces démarches, les étudiants ont reçu le soutien de la Quadrature du Net qui a déposé une intervention volontaire (pdf) auprès du tribunal administratif de Montreuil dans ces recours et a communiqué sur l’affaire.

L’association alerte sur le fait que « cette surveillance, constante, intrusive, mêlée de biométrie, et attentatoire aux déplacements ainsi qu’à la vie privée des élèves ne peut en aucun cas remplir les critères de proportionnalité exigés dans le règlement général sur la protection des données ou son application française, la loi Informatique et Libertés ».

Elle rajoute aux remarques faites par les étudiants sur TestWe que « les élèves utilisant TestWe se voient par ailleurs obligé·es de céder les droits administrateurs de leur ordinateur au logiciel, de désactiver leur pare-feu, antivirus, VPN ».

La Quadrature du Net rappelle aussi que la CNIL avait déjà « réagi à l’utilisation de TestWe en publiant un premier communiqué rappelant les règles à respecter en matière de vie privée et de surveillance d’examens à distance ».

Du côté de l’Université Paris 8, des enseignants de la licence informatique du département Programmation et informatique fondamentale (PIF) ont tenu à se distinguer de l'Institut d'enseignement à distance (IED) et de ses décisions en diffusant un communiqué expliquant que leurs formations « sont en pratique gérées de manières complètement indépendantes l'une de l'autre », même « si administrativement il n'y a qu'un seul et unique diplôme ».

Ces enseignants s’appuient sur « les nombreuses raisons évoquées par la Quadrature » et tiennent « à exprimer ici [leur] soutien plein et entier aux étudiant·es victimes de ces pratiques déshumanisantes, discriminatoires et intrusives, que nous condamnons pleinement ».

L’IED de l’Université de Paris 8 semble injoignable par téléphone et son service communication n’a pas encore répondu à notre sollicitation par email au moment où nous publions.

Écrit par Martin Clavey

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

TestWe, un logiciel très intrusif pour surveiller un devoir

Des modalités très restrictives et disproportionnées

Soutien de la Quadrature du Net et d’enseignants de Paris 8

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Commentaires (50)


Ce genre de dérive dystopique rappelle à quel point il est nécessaire d’avoir des législations en la matière et qu’elles soient appliquées.


Ce logiciel coche toutes les cases du bingo 1984 ! :reflechis:



… et des gens pour informer les gens sur leurs droits, médiatiser ces abus, et les aider à se défensre (poke l’actu sur le financement de la Quadrature).


Apparemment ça ne s’installe pas sous Linux, donc ça prive de facto l’égalité entre les étudiants et étudiantes qui ont un ordinateur sous Linux et les autres.



Et puis , je ne sais pas comment vivent les étudiants et étudiantes de nos jours mais lorsque j’étais étudiant, tous les étudiants n’avaient pas un ordinateur à la maison. Et même si ils et elles ont cet ordinateur, il faut en plus que celui-ci soit équipé d’une webcam. Et en plus avoir une bonne connexion internet. À l’époque, le wifi des cités U n’était pas vraiment rapide. Pas de bonne connexion, pas de haute résolution pour la vidéo.



Bref, ça me parait extrêmement bancal comme système si on veut conserver l’égalité des chances entres tous les étudiantes et toutes les étudiantes.


Effectivement, la documentation utilisateur fournie par TestWe ne mentionne que “Windows 7 (minimum)” et “Mac Os X 12 (minimum)”. Je vais rajouter ce point dans l’article.


C’est quoi comme cursus Étudiant es victime ?



pamputt a dit:


Et puis , je ne sais pas comment vivent les étudiants et étudiantes de nos jours mais lorsque j’étais étudiant, tous les étudiants n’avaient pas un ordinateur à la maison. Et même si ils et elles ont cet ordinateur, il faut en plus que celui-ci soit équipé d’une webcam. Et en plus avoir une bonne connexion internet. À l’époque, le wifi des cités U n’était pas vraiment rapide. Pas de bonne connexion, pas de haute résolution pour la vidéo.




J’ose espérer que tous ceux qui sont inscrits à l’Institut d’Enseignement à Distance ont un ordinateur, ça me semble même être l’élément de base à mettre dans la liste des fournitures scolaires.
Quant au wifi des cités U, bah si t’es étudiants à distance, a priori tu n’es pas en cité U.


Je ne sais pas s’il faut en rire ou pleurer mais j’ai l’impression qu’on marche de plus en plus sur la tête… :roule:
Les conditions sont quand même hyper drastiques.



Pourquoi les examens ne sont pas aménagés pour prendre en compte la réalisation de celui ci en distanciel ?



Par exemple, lors d’un de mes examens de fin d’étude (oral), nous avions la possibilité de prendre toute la documentation que nous voulions et de nous en servir. Le temps de préparation (15-20 min) de l’oral ne nous permettait pas de réussir en nous servant juste de la doc.



pamputt a dit:



Bref, ça me parait extrêmement bancal comme système si on veut conserver l’égalité des chances entres tous les étudiantes et toutes les étudiantes.




Je ne suis pas sur que l’on veuille la conserver, justement. On ne veux conserver que les plus serviles. Les autres ont tout à fait le droit de partir.



C’est pour ça que je suis content que la CNIL a réagit, mais il me semble que dans ce genre de cas je me demande si elle peux agir sans saisine préalable.


Oui, un joli logiciel qui fait la part belle à la discrimination - pas uniquement celle religieuse comme expliqué dans l’article - mais envers les personnes handicapés. Je vous dispenses tous les cas qui peuvent se présenter concernant le regard et la position par rapport à la webcam…



Bref, une belle inégalité de traitement…



durthu a dit:


Pourquoi les examens ne sont pas aménagés pour prendre en compte la réalisation de celui ci en distanciel ?




+ 12 000 ! Pour un Institut d’Enseignement à Distance, c’est quand même particulièrement pas-malin-du-tout de ne même pas être capable de pondre des méthodes d’évaluation … à distance.


C’est le même délire que le passage de certif chez Microsoft.



https://learn.microsoft.com/fr-fr/certifications/online-exams


Ou chez d’autres (people cert) mais en lisant la news j’ai l’impression qu’ils vont plus loin.



Chez people cert on peut aller une fois en pause. On doit regarder en majorité l’écran mais pas spécialement la webcam. Et je ne crois pas qu’il y ait d’enregistrement de photo automatique.



Chez Microsoft j’ai décidé d’aller dans un centre d’examen car j’en avais marre des processus de vérification des accès/ du bureau etc …


Et même chose chez la CNCF pour les certifications Kubernetes visiblement.




  • installation du logiciel fournis obligatoire

  • évidemment avec les droits administrateurs

  • Windows obligatoire

  • les antivirus et même les pilotes de cartes graphiques peuvent poser problème (dixit un collègue qui l’a passé il y peut).

  • et la personne qui surveille a le droit à un tour du propriétaire.



Personnellement quand je l’ai passé il y a quelque mois/années, c’était « que » une extension Chrome à installer.



Et je suppose que comme ce sont des sociétés qui ne sont pas basées en Europe on aura beau râler : la seule chose que l’on va obtenir c’est le droit de ne pas pouvoir passer ces certifications.


M.Rhal

Et même chose chez la CNCF pour les certifications Kubernetes visiblement.




  • installation du logiciel fournis obligatoire

  • évidemment avec les droits administrateurs

  • Windows obligatoire

  • les antivirus et même les pilotes de cartes graphiques peuvent poser problème (dixit un collègue qui l’a passé il y peut).

  • et la personne qui surveille a le droit à un tour du propriétaire.



Personnellement quand je l’ai passé il y a quelque mois/années, c’était « que » une extension Chrome à installer.



Et je suppose que comme ce sont des sociétés qui ne sont pas basées en Europe on aura beau râler : la seule chose que l’on va obtenir c’est le droit de ne pas pouvoir passer ces certifications.


Bah perso quand j’ai vu les conditions de l’exam, j’ai passé mon chemin. Quand j’ai passé mes diplômes, j’ai juste eu besoin de ma carte d’identité, un crayon et mon illustre personne. Pas un passage à la douane avec inspection du colon.


Effectivement j’ai déjà passé des certifs Microsoft via le système de Pearson Vue, et c’est dans ce délire là.



Après, personnellement ça ne m’a pas choqué. Tu es effectivement très surveillé pendant l’examen, ce que je trouve normal, mais ça s’arrête là. On ne demande pas aux étudiants d’avoir le logiciel installé et exécuté en permanence…



Il faut voir si les mesures mises en place sont nécessaires pour atteindre le but recherché (garantir l’absence de triche), ou si des mesures moins invasives seraient suffisante. Sinon, il faut retourner sur des examens en présentiel avec des surveillants. D’ailleurs pour les certifs MS via PearsonVue, c’est une option proposée (mais forcément il y a beaucoup moins de dates disponible qu’à distance).



En ce qui me concerne, ce qui m’avait le plus gêné c’est de devoir ranger mon bureau (je ne vais pas mentir, j’avais juste déplacé le bordel ailleurs, pour ensuite le remettre tel quel sur le bureau 😅)


Interdiction de détourner le regard de l’écran : alors là c’est très bete, mais ils ne pensent pas aux handicaps ?
Souffrant de tics nerveux faciaux (ok, non considéré comme handicap officiellement) depuis tout petit, j’aurais été dans l’incapacité de participer à ce type d’examen, mes yeux partant plus ou moins en vrille toutes les secondes…


Cela me rapel un cas du même genre pendant l’épidémie de COVID en Inde. Un employeur avait imposé ce genre de logiciel avec une webcam au dessus du clavier et qui envoyait aussi toutes les 30s une photo du clavier. Gars à ceux qui n’avaient pas leurs mains sur la photo.
Comme quoi les meilleurs idées sont reprises partout….


ça n’a pas grand chose à voir… D’un côté on a un système utilisé pour surveiller pendant la durée d’un examen, de l’autre une surveillance de tous les instants pendant les heures de travail…



article a dit:


TestWe que « les élèves utilisant TestWe se voient par ailleurs obligé·es de céder les droits administrateurs de leur ordinateur au logiciel, de désactiver leur pare-feu, antivirus, VPN ».





:eeek2:



:reflechis: :cartonrouge:


Je ne pense pas qu’il existe un moyen d’éviter la triche massive lors d’un examen à distance lorsqu’on est seul chez soi sans recourir à ce genre de délire.



Le mieux serait de faire l’enseignement à distance mais de passer l’examen dans des lieux qui sont sont la surveillance de l’institution (salles louées pour l’occasion…).



Enfin bon, on ne peut pas en vouloir à une startup française d’avoir vu une opportunité de faire de la thune avec un logiciel de vidéo-surveillance fait maison. vive la France !


Ben si, comme déjà évoqué dans des commentaires précédents, il suffit de concevoir les examens de façon à tester la compréhension et non le par cœur (tête bien faite / tête bien pleine).
Qu’on interdise aux étudiants à distance de s’absenter plus de quelques minutes (toilettes …) pour éviter qu’ils fassent “appel à un ami”, soit. Mais là, le dispositif mis en œuvre est vraiment très excessif à de nombreux égards. :cartonrouge:
Pour simple info même si ce n’est pas mon activité principale j’enseigne en université/grande école et, même si ça demande plus de réflexion/investissement de la part du corps enseignant, je peux témoigner qu’il est parfaitement faisable de concevoir des examens qui, même en distanciel, ne nécessitent pas ce genre de contrôle extrême. :ouioui:


Waylander

Ben si, comme déjà évoqué dans des commentaires précédents, il suffit de concevoir les examens de façon à tester la compréhension et non le par cœur (tête bien faite / tête bien pleine).
Qu’on interdise aux étudiants à distance de s’absenter plus de quelques minutes (toilettes …) pour éviter qu’ils fassent “appel à un ami”, soit. Mais là, le dispositif mis en œuvre est vraiment très excessif à de nombreux égards. :cartonrouge:
Pour simple info même si ce n’est pas mon activité principale j’enseigne en université/grande école et, même si ça demande plus de réflexion/investissement de la part du corps enseignant, je peux témoigner qu’il est parfaitement faisable de concevoir des examens qui, même en distanciel, ne nécessitent pas ce genre de contrôle extrême. :ouioui:


Merci de répondre à ma question !



Comme je le disais pour un de mes examen final, nous avions accès à toute la documentation que nous voulions (comme en situation professionnelle en fait).
Le facteur limitant était le temps de préparation de l’oral par rapport au travail demandé. Il était impossible de réussir son examen en se servant des documents perso. Nous devions avoir un minimum de connaissances et se servir de la doc pour vérifier ou approfondir une question.
Nos prof de fac partaient aussi du principe que nous étions plus testé sur notre manière de résoudre la problématique et notre façon de raisonner que de débiter des choses par cœur.



Comme tu le dis, il est beaucoup plus pérenne d’avoir une tête bien faite que bien pleine.


Waylander

Ben si, comme déjà évoqué dans des commentaires précédents, il suffit de concevoir les examens de façon à tester la compréhension et non le par cœur (tête bien faite / tête bien pleine).
Qu’on interdise aux étudiants à distance de s’absenter plus de quelques minutes (toilettes …) pour éviter qu’ils fassent “appel à un ami”, soit. Mais là, le dispositif mis en œuvre est vraiment très excessif à de nombreux égards. :cartonrouge:
Pour simple info même si ce n’est pas mon activité principale j’enseigne en université/grande école et, même si ça demande plus de réflexion/investissement de la part du corps enseignant, je peux témoigner qu’il est parfaitement faisable de concevoir des examens qui, même en distanciel, ne nécessitent pas ce genre de contrôle extrême. :ouioui:



(quote:2108858:127.0.0.1)
Je ne pense pas qu’il existe un moyen d’éviter la triche massive lors d’un examen à distance lorsqu’on est seul chez soi sans recourir à ce genre de délire.




Et ça n’est peut-être même pas suffisant de toute façon.
J’imagine très bien quelqu’un utiliser un logiciel de contrôle de PC à distance pour qu’une, voire d’autres personnes fassent l’examen à sa place en ayant accès à toutes les documents, programmes, etc…
Et si testwe est capable de détecter ces logiciels, l’installer dans une machine virtuelle.



Pour l’aspect réflexion plutôt que par cœur, oui, et encore…
Pendant le confinement, on a eu des étudiants qui se connectaient sur une appli en parallèle de celle pour les cours et qui pendant les contrôles recopiaient bêtement entre eux les réponses rédigées par d’autres étudiants…



En distanciel, ça n’est pas possible d’empêcher que quelqu’un d’autre passe l’examen à ta place.


Mihashi


(quote:2108858:127.0.0.1)
Je ne pense pas qu’il existe un moyen d’éviter la triche massive lors d’un examen à distance lorsqu’on est seul chez soi sans recourir à ce genre de délire.




Et ça n’est peut-être même pas suffisant de toute façon.
J’imagine très bien quelqu’un utiliser un logiciel de contrôle de PC à distance pour qu’une, voire d’autres personnes fassent l’examen à sa place en ayant accès à toutes les documents, programmes, etc…
Et si testwe est capable de détecter ces logiciels, l’installer dans une machine virtuelle.



Pour l’aspect réflexion plutôt que par cœur, oui, et encore…
Pendant le confinement, on a eu des étudiants qui se connectaient sur une appli en parallèle de celle pour les cours et qui pendant les contrôles recopiaient bêtement entre eux les réponses rédigées par d’autres étudiants…



En distanciel, ça n’est pas possible d’empêcher que quelqu’un d’autre passe l’examen à ta place.


Techniquement, il n’est pas très compliqué d’imposer la connexion au travers d’un VPN qui ne permettra d’aller que vers le serveur autorisé et qui par ailleurs verrouillera les autres accès réseau pendant sa durée de connexion (donc prise en main à distance par un ami qui rédige à la place en douce walou ;-) et quant à l’accès à des documents papiers ou électroniques pendant l’examen , il y a de nombreuses formations qui l’autorise à l’examen même en présentiel (on revient sur la conception de l’examen , tête bien faite / bien pleine (ou vide mais avec des docs :D) , etc …
Et je n’ai pas dit qu’il ne fallait rien surveiller, mais que le dispositif dont il est question est très excessif (ça a été évoqué par d’autres commentaires mais par exemple beaucoup gens, en mode reflexe, réfléchissent les yeux dans le vague, en l’air etc… et un reflexe ça se contrôle très mal surtout en situation de stress d’examen. Quant au fait d’imposer le fait d’être admin d’un poste privé c’est juste n’importe quoi pour des quantités de raisons . Et ça n’est qu’un échantillon de ce qu’on peut reprocher à ce système et qui a été déjà évoqué dans d’autres commentaires de ce fil).



Après, on peut entendre qu’on veuille interdire les examens à distance hors de l’établissement, ou qu’on impose de les passer dans des lieux spécifiques qui fournissent le matériel adéquat (un/des centres d’examens agrées par exemple, révolutionnaire non comme idée :D), mais pas qu’on déguise cette volonté en mettant en place ce genre de dispositif inacceptable.



Je terminerai juste en signalant que vouloir empêcher toute triche est une illusion, le tout est de savoir jusqu’à quel point on en accepte le risque et de mettre en place les éléments proportionnés à l’objectif. Evidemment si veut un risque zéro et en même temps qu’on autorise le distanciel au “domicile” ça donne ce genre de délire … :fou:


Enfin les conditions décrites sont les même dans le monde pro. Pour les certification, que ça soit du AWS ou Atlassian, il y a exactement les mêmes conditions….


Exactement, j’ai tout de suite pensé aux passages de certifs chez pearson view quand j’ai lu l’article.
Tellement intrusif que je préfère toujours les passer en centre d’examen plutôt qu’à distance.
Mais je crois pas que ces étudiants aient le luxe de pouvoir choisir.


La différence majeure est que ton employeur te fournira les moyens demandés, alors que là si l’étudiant n’a pas ce qu’il faut, c’est foutu.



Au bureau pour les certif, on utilise un petit box sans fenêtres, ni meubles. Les certifs se passent avec un superviseur qui surveille à distance une quinzaine de certifiés par session.
En début de session tu montres ta pièce d’identité et fais le tour de la pièce avec la webcam pour vérifier qu’il n’y’a rien d’autre dans la pièce. Ensuite le gus surveille sa quinzaine d’écrans (webcam et bureau distant) le temps de l’exam, je suppose que c’est enregistré et en cas de doute, il peut t’interpeller pour vérifier un truc, ou regardé l’enregistrement après coup.



Bref, c’est assez proche de ce que ferrait un pion en présentiel, il n’y’a pas les abus indiqués dans l’article (quitter l’écran des yeux, enregistrer la photo de la pièce d’identité, contrôler toutes les 3 secondes…)



Waylander a dit:


Ben si, comme déjà évoqué dans des commentaires précédents, il suffit de concevoir les examens de façon à tester la compréhension et non le par cœur (tête bien faite / tête bien pleine). Qu’on interdise aux étudiants à distance de s’absenter plus de quelques minutes (toilettes …) pour éviter qu’ils fassent “appel à un ami”, soit. Mais là, le dispositif mis en œuvre est vraiment très excessif à de nombreux égards. :cartonrouge: Pour simple info même si ce n’est pas mon activité principale j’enseigne en université/grande école et, même si ça demande plus de réflexion/investissement de la part du corps enseignant, je peux témoigner qu’il est parfaitement faisable de concevoir des examens qui, même en distanciel, ne nécessitent pas ce genre de contrôle extrême. :ouioui:




Je serais curieux de savoir comment tu conçois ton examen pour être sûr que c’est bien l’étudiant qui répond sur le questionnaire en ligne, et non un ami en dehors du champ de la caméra et qui a la tête bien faite qui lui souffle les réponses.


Dans ce cas là, même ce moyen technologique ultra intrusif n’empêchera pas quelqu’un d’installé derrière l’ordinateur avec clavier, souris et écran externe de répondre à la place de la personne devant l’ordinateur.


elessedil

Dans ce cas là, même ce moyen technologique ultra intrusif n’empêchera pas quelqu’un d’installé derrière l’ordinateur avec clavier, souris et écran externe de répondre à la place de la personne devant l’ordinateur.


Avec les droits d’administrateur, le logiciel doit probablement vérifier l’absence d’écran externe, de logiciel de partage d’écran (peut-être uniquement ceux qui sont connus, mais la demande de désactivation de l’antivirus suggère qu’ils utilisent des méthodes qui pourraient être bloquées car considérées comme nuisibles), et essayer de détecter s’il est exécuté dans une VM.



Dans tous les cas, ça reste moins sûr qu’un examen en présentiel, tout en étant beaucoup trop intrusif et arbitraire.


hwti

Avec les droits d’administrateur, le logiciel doit probablement vérifier l’absence d’écran externe, de logiciel de partage d’écran (peut-être uniquement ceux qui sont connus, mais la demande de désactivation de l’antivirus suggère qu’ils utilisent des méthodes qui pourraient être bloquées car considérées comme nuisibles), et essayer de détecter s’il est exécuté dans une VM.



Dans tous les cas, ça reste moins sûr qu’un examen en présentiel, tout en étant beaucoup trop intrusif et arbitraire.


Oui ça détecte les VM et désactive probablement alt-tab, ctrl+alt+suppr… c’est pour ça que ce n’est pas disponible sous Linux.



En soit ce n’est pas anormal cette partie, ce qui est gênant, c’est :




  • le contrôle de la caméra à distance : c’est clairement disproportionné et contraire au RGPD

  • la non-inclusivité : comment fait un aveugle avec un lecteur d’écran ? ou comme le signal grbdl ceux qui ont simplement un problème de regard ?

  • les conditions de bureaux, pièce vide, bureau vide : inadaptée pour un étudiant, et discriminant (un étudiant au crous dans sa chambre de 9m² ne pourra de facto jamais remplir ces critères, alors qu’un étudiant “plus riche” pourrait avoir une pièce bureau dédiée).


hwti

Avec les droits d’administrateur, le logiciel doit probablement vérifier l’absence d’écran externe, de logiciel de partage d’écran (peut-être uniquement ceux qui sont connus, mais la demande de désactivation de l’antivirus suggère qu’ils utilisent des méthodes qui pourraient être bloquées car considérées comme nuisibles), et essayer de détecter s’il est exécuté dans une VM.



Dans tous les cas, ça reste moins sûr qu’un examen en présentiel, tout en étant beaucoup trop intrusif et arbitraire.


Vérifier l’absence d’écran externe… donc on exige un PC portable ?


Cette application est un concentré de ce qu’il ne faut pas faire. Le non support de Linux, système d’exploitation populaire chez les étudiants en informatique est incompréhensible.



Je suis sur que tricher est toujours possible, notamment en connectant 2 pc a un seul écran (webcam sur l’écran en question).



Les personnes mal à l’aise avec leur clavier et qui regardent fréquemment les touches risques aussi d’être considéré comme fraudant a tort.


Le MESR pourrait créer des centres d’examen surveillés un peu partout sur le territoire dans les facs pour mutualiser les épreuves de divers instituts à distance. Cela ne résout pas le problème des candidats qui suivent la formation depuis l’étranger mais ce serait déjà un gros progrès dans l’accès à l’enseignement supérieur.


Mais est-ce si important de contrôler ? Si l’étudiant triche et que c’est autre qui lui fait obtenir le diplôme, il aura celui-ci sans forcément avoir les compétences, donc une fois embauché, il risquera de se faire remercié à l’issue de la période d’essai.
Si il a étudié sérieusement, le diplôme n’est qu’une validation des acquis, et même avec un diplôme obtenu en trichant, il saura se débrouiller en entreprise.



Quand je vois ce genre d’article, ça me rappelle toujours ça :D : https://youtu.be/ljYRbx4XipQ


Dans le monde pro, ça marche déjà comme ça avec le logiciel Pearson VUE pour les certifs Microsoft par exemple. Le GROS problème c’est de donner les droits admin au logiciel, impensable sur un PC perso. Pour ma part, je monte une partition dédiée (ce que peu de monde peut faire). 2ème grosse contrainte, avoir une pièce quasi vide car il faut filmer la pièce pour montrer que y’a pas 3 indiens en face de toi.
Sinon rester de 2 a 4 heures devant ton PC sans regarder à droite à gauche, ça change pas des centres d’examen.
Le confinement du COVID nous a fait tolérer ces pratiques mais pour de l’enseignement à distance traditionnel, ça ne peut pas rester comme ça.


La CNIL a justement publié la semaine dernière un projet de recommandations pour les examens en ligne : https://www.cnil.fr/fr/telesurveillance-des-examens-en-ligne-ouverture-dune-consultation-publique-sur-le-projet-de



L’appel à commentaires est ouvert jusqu’au 01/01/2023.



Jarodd a dit:


Ce logiciel coche toutes les cases du bingo 1984 ! :reflechis:




Pas vraiment, dans 1984 il est illégal d’éteindre le télécran. Là c’est juste sur la durée d’un examen.
Je pense que le smartphone moyen coche bien plus de “cases 1984” que ce logiciel. Surtout si usage des technos réseaux sociaux.


Personne ne t’oblige à utiliser un smartphone, ni à être sur les rézosocio.


Jarodd

Personne ne t’oblige à utiliser un smartphone, ni à être sur les rézosocio.


Personne ne t’oblige à avoir d’amis, de famille ou à avoir besoin d’un gps ou d’apps pour utiliser les transports publics, visiter des musées effectivement… remets une buche dans le feu à l’entrée de la grotte d’ailleurs s’il te plait. :transpi:



Je pense qu’on est bien plus obligé d’avoir un smartphone dans une vie d’adulte en 2022 qu’on n’est obligé de passer un examen en fait.



Selon ton raisonnement avoir un diplôme n’est absolument pas obligatoire non plus si les conditions pour l’obtenir ne conviennent pas à la personne ?


yvan

Personne ne t’oblige à avoir d’amis, de famille ou à avoir besoin d’un gps ou d’apps pour utiliser les transports publics, visiter des musées effectivement… remets une buche dans le feu à l’entrée de la grotte d’ailleurs s’il te plait. :transpi:



Je pense qu’on est bien plus obligé d’avoir un smartphone dans une vie d’adulte en 2022 qu’on n’est obligé de passer un examen en fait.



Selon ton raisonnement avoir un diplôme n’est absolument pas obligatoire non plus si les conditions pour l’obtenir ne conviennent pas à la personne ?


Homme de paille spotted ! :prof:


Jarodd

Homme de paille spotted ! :prof:


Heu non, c’est malheureusement exactement ta position. Bien entendu tu es obligé d’avoir un smartphone et d’être sur des réseaux sociaux en 2022 ou sinon tu es désocialisé.



La seule raison pour laquelle tu invoques un sophisme alors que je liste des arguments et retourne le tiens est une attaque ad personam : je serai malhonnête. Ben non, c’est toi qui raconte n’importe quoi. Et sur 1984 et sur les technologies dont il serait possible ou facile voire souhaitable de se passer…


L’avantage de l’enseignement à distance est qu’il abolit les distances. Perso, je crois, peut-être à tord, que la concurrence va pouvoir se faire entre universités.



On va peut-être commencer à voir des comparatifs entre universités et ce genre de dérapage fera juste fuir les étudiants. Un truc pareil, cela mérite une salle pub et le désintérêt des étudiants.



(quote:2108858:127.0.0.1)
Je ne pense pas qu’il existe un moyen d’éviter la triche massive lors d’un examen à distance lorsqu’on est seul chez soi sans recourir à ce genre de délire.



Le mieux serait de faire l’enseignement à distance mais de passer l’examen dans des lieux qui sont sont la surveillance de l’institution (salles louées pour l’occasion…).




Tout à fait.
Au-delà des pérégrinations technique, le problème de fond est plus large, quasi-philosophique : y a-t-il une bonne réponse possible au problème tel que posé ?



C’est, pour moi, exactement le même problème que pour des élections dématérialisées ou la vérification d’identité en ligne :
Quelles que soient les solutions retenues :




  1. il n’y a aucune garantie que l’objectif du bon déroulement sans fraude soit atteint, ce qui est pourtant la cible première

  2. l’intrusion dans la vie privée dépasse l’acceptable et crée même d’autres problèmes par conception

  3. le problème ne fait en fait qu’être déplacé, et ne donne qu’une illusion de protection de la chose considérée



Le numérique a du bon lorsqu’il est utilisé de manière pertinente, mais vouloir tout numériser n’est pour moi que du technologisme : vouloir résoudre par la technologie des problèmes qui sont autres, et qu’elle n’est pas capable d’adresser.



Les examens, le vote ou la vérification d’identité en général (sous-partie d’ailleurs des 2 autres problèmes) ne peut être réalisés que physiquement.


Bon grosso modo, c’est pas mal comme logiciel, ça permet de s’assurer que l’étudiant ne triche pas.
Je suppose bien sûr qu’on s’assure que l’étudiant ne porte pas d’oreillette, qu’il n’y a pas de haut-parler directionnel à portée, pas de caméra pour filmer l’écran, pas de récepteur TEMPEST dans la pièce d’à côté, un seul clavier, qui bien sûr ne contient pas de dispositif de transmission. Ah, si le clavier est sans fil, y’a un test pour vérifier que le clavier sur le bureau est bien celui associé au PC ?



Bien sûr donc pas de PC de bureau car il faut un écran externe.



Evidemment, pas possible de détourner le flux vidéo de la caméra non plus.



Et sinon, y’a un marché des logiciels de triche ? Ou de la triche en général, parce que bon logiciel…



TEMPEST, c’est illégal si on observe son propre écran (ou qu’on a l’accord de la personne qui utilise l’écran) ?



Parce qu’un petit kit TEMPEST + un clavier “double contrôle” qui permet de faire appel à un ami (ou plusieurs) dans la pièce d’à côté, ça peut être pas mal !


Vous parlez de Moodle-Examens comme d’un LMS à part entière mais ne s’agit-il pas plutôt d’un Moodle paramétré pour les examens ? C’est un peu mon boulot et du coup, je le prendrai mal si j’avais raté qu’une telle plateforme clés en mains existait :) (mais ça reste possible !)


Bonjour, effectivement, c’est un raccourci pour parler de Moodle paramétré pour les examens.


on peut mettre ca dans un VM de windows 7 en redirigeant la webcam pour la VM ?



(reply:2108999:univ_paris) Merci. Je viens de publier une actu sur le sujet : https://www.nextinpact.com/article/70573/telesurveillance-examens-en-ligne-cnil-prete-a-lacher-bride



C’est ridicule, avec un simple splitter HDMI à 20€, un complice peut passer l’examen pendant que l’étudiant aura l’air super concentré sur son écran.
J’ai l’impression que les gens de TestMe pensent que tous les ordinateurs sont des laptops avec une webcam intégrée …