Après des années de travaux, WSL 1.0 est officiel et disponible au téléchargement. Ce tournant est surtout l'occasion de corriger nombre de bugs et de simplifier l'installation, qui s'effectue désormais en quelques clics. Toutes les installations précédentes seront également mises à jour vers cette unique version.
Le sous-système Windows pour Linux est disponible en version finale depuis peu. Une étape majeure pour ce composant de Windows 11, qui n’est d’ailleurs plus limité au dernier système de Microsoft. La version 1.0 de WSL prend en charge Windows 10, avec les mêmes capacités, suite aux demandes multiples de la communauté. On sait gré à l’entreprise de ne pas avoir introduit de différence de traitement. Il faut cependant posséder une édition Pro d’un des deux systèmes pour disposer des capacités de virtualisation intégrées.
Comme nous allons le voir, les évolutions les plus notables se situent dans l’accès à ce sous-système. Il fallait auparavant passer par la ligne de commande et installer plusieurs composants. Toute la procédure a été largement simplifiée.
C’est également l’occasion pour Microsoft de remettre tout à plat. WSL est en travaux depuis des années, et plusieurs versions ont cohabité sur les branches WSL 1 et 2, chacune ayant ses propres distributions. Toutes les installations et mises à jour renvoient désormais vers la mouture 1.0 finale, basée sur la branche WSL 2.
Rappelons au cas où que le sous-système Windows pour Linux permet de faire fonctionner des distributions Linux virtualisées directement dans Windows. Ce composant a reçu de nombreuses félicitations depuis son arrivée, l’un des rares produits de Microsoft à avoir presque fait l’unanimité. Phoronix s’était notamment penché dessus à plusieurs reprises pour en tester les performances et, en septembre 2021, annonçait déjà que les performances atteignaient 94 % de celles d’un Linux installé nativement.
Installation et choix d’une distribution
C’est l’un des plus gros changements introduits par cette version 1.0 finale, puisque l’installation se fait depuis le Store de Windows 10 ou 11. Une simple recherche sur « wsl » donnera directement la bonne page. On clique alors sur « Obtenir », l’application récupérant 150 Mo environ. On ne peut cependant pas encore utiliser le sous-système : il faut une distribution.
À ce jour, les systèmes ayant fait l’objet d’un travail d’adaptation sont Ubuntu, Debian, Kali Linux, SUSE Linux Enterprise Server (versions 12 et 15) ainsi qu’Oracle Linux (versions 7.9 et 8.5). Quand les versions ne sont pas précisées, c’est que le Store récupère la dernière mouture. Précisons dans le cas d’Ubuntu que seules les versions LTS sont proposées. Le Store récupère donc la 22.04.1, mais propose également les 20.04.5 et 18.04.5, toujours supportées.

L’installation peut se faire de deux manières : par le Store ou la ligne de commande. Dans le premier cas, il suffit de chercher le nom de la distribution dans la boutique, de choisir sa version s’il y a lieu d’être et de cliquer sur « Obtenir ».
Dans le second, on peut commencer par afficher la ligne des distributions disponibles grâce à la commande :
wsl --list --online
Après quoi, quand votre choix est fait, il suffit d’entrer la commande suivante :
wsl --install <XXX>
Remplacez simplement <XXX>
par le nom de la distribution que vous souhaitez. Dans notre cas, nous avons opté pour Ubuntu, la commande devenant alors « wsl --install ubuntu
». Le temps d’installation dépend comme d’habitude des performances de votre machine et de la rapidité de votre connexion, mais elle ne devrait guère prendre de temps. On peut vérifier ensuite dans la boutique que la fiche Ubuntu propose bien « d’ouvrir » l’application.

C’est là que vous allez peut-être rencontrer une erreur, sous la forme d’un Terminal s’ouvrant pour informer qu’un composant est manquant. Il faut en contrôler en fait deux : le sous-système Windows pour Linux lui-même et Hyper-V, la plateforme de virtualisation maison. Ouvrez le menu Démarrer, saisissez « fonction » pour faire apparaître « Activez ou désactivez des fonctionnalités Windows ». Ouvrez ce panneau et cherchez dans la liste les deux lignes correspondantes. L’installation est rapide, mais réclame un redémarrage du PC. Il sera peut-être nécessaire d’aller dans le BIOS pour contrôler que le support de l’hyperviseur est bien activé.
Après quoi, lancez la distribution choisie depuis le menu Démarrer, où une nouvelle entrée est apparue. Si tout fonctionne bien, vous devriez voir un Terminal s’ouvrir et demander de patienter, le temps que l’installation se termine. Après un court moment, on vous demandera de choisir un identifiant et un mot de passe. Le système est alors prêt, avec un shell bash.
Si vous aviez déjà une version de WSL installée, vous pouvez la mettre à jour vers cette nouvelle mouture via la commande « wsl --update
». Microsoft recommande vivement l’opération, car les dernières versions du sous-système ont corrigé « des centaines de bugs ».

La compatibilité avec systemd
Puisque l’on parle d’Ubuntu, c’est le moment de rappeler que WSL est compatible avec systemd depuis peu, même s’il n’est pas activé par défaut. Il suffit d’éditer le fichier /etc/wsl.conf
– par exemple avec nano – pour y ajouter les lignes suivantes :
[boot]
systemd=true
Il faudra ensuite fermer la fenêtre de la distribution et utiliser la commande « wsl.exe --shutdown
» pour redémarrer l’instance. Comptez environ 10 secondes avant de la relancer. L’activation de systemd permettra l’utilisation de certains outils ou composants, comme les paquets Snap, microk8s ou encore systemctl.
Notez que l’édition du fichier peut se faire directement depuis Windows, puisque la distribution installée crée une entrée accessible depuis l’Explorateur, dans la section Linux de la colonne de gauche. Notez que la réciproque est vraie : on peut parcourir les dossiers et fichiers de Windows depuis le terminal Linux, via la commande « cd
».

Lancer des applications avec interface graphique
L’une des plus grosses améliorations survenues dans WSL avant l’arrivée de cette version 1.0 a été la possibilité de lancer des applications Linux avec interface graphique. Cette capacité est compatible avec X11 et Wayland.
Pour lancer ces applications, il faut d’abord les installer, car la distribution récupérée par WSL n’est qu’une base minimale de fonctionnement. En reprenant l’exemple d’Ubuntu, on passera donc par une série de commandes « apt install » suivies du nom de l’application à chaque fois, comme gedit, nautilus, gimp ou même x11-apps.
Chaque installation provoque l’apparition d’une entrée dans le menu Démarrer. Les applications rejoignent ainsi la liste de celles pour Windows, comme s’il n’y avait aucune différence de traitement. Leur lancement est rapide et elles s’affichent simplement parmi les autres fenêtres, avec une apparence liée à l’environnement qui accompagne la distribution, GNOME dans le cas présent.
Bien que cette capacité puisse se révéler très utile selon les scénarios d'utilisation, WSL permet surtout d'administrer des instances Linux sans avoir à quitter Windows. L'efficacité et la stabilité de cette solution montrent l'implication de Microsoft, qui a tout intérêt à ce que les utilisateurs n'aient pas besoin d'aller chercher d'autres plateformes, d'autant que l'ensemble est gratuit pour qui possède une édition Pro de Windows.
