Médiation et solidarité numériques : la Fondation Afnic récompense 92 projets

« Au plus près du terrain »

Médiation et solidarité numériques : la Fondation Afnic récompense 92 projets

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La Fondation Afnic vient de publier un intéressant rapport sur ses activités et sur les projets qu’elle a soutenus en France en 2021. Plus de 1,3 million d’euros ont ainsi été distribués à 92 projets portant sur deux thématiques : « le numérique au service d’une société plus solidaire » et « l’organisation d’ateliers de médiation numérique ».

Tout le monde connaît l’Afnic. Cette association de loi 1901 est responsable en France de six domaines de premier niveau, les fameux TLD. Le plus connu est bien sûr le .fr, auquel viennent s’ajouter le .re (Réunion), le .tf (Terres australes et antarctiques françaises), le .wf (Wallis-et-Futuna), le .yt (Mayotte) et le .pm (Saint-Pierre-et-Miquelon). Elle existe depuis 1997 et a été fondée conjointement par Inria et l’État. Nous aurons de toute façon l’occasion d’en reparler dans notre Mag #4 en cours de financement sur Ulule.

Toutes ses missions s’articulent autour de la gestion de l’Internet au sens large. L’une d’entre elles concerne la formation, la sensibilité et les meilleurs usages du réseau. Elle possède donc une fondation, créée en 2015 et qui reçoit 90 % des bénéfices ainsi générés autour de ses missions, en grande majorité par les noms de domaine.

Avec ce budget, la Fondation Afnic cherche à remplir trois missions : accompagner les mécanismes de solidarité, soutenir les mutations sociales et renforcer la cohésion sociale. Dans ce cadre, elle soutient régulièrement de nombreux projets qu’elle juge dignes d’intérêt, tous avec une dimension numérique, ce dernier étant un outil de réduction des inégalités quand il est bien employé. L’optique, pour reprendre les mots de son président, Philippe Distler, est d’ « accompagner des projets de taille humaine au plus près du terrain ».

« Contribuer au rééquilibrage est dans notre ADN depuis 2016 », ajoute-t-il. Il rappelle dans un édito que les projets soutenus les années précédentes étaient très liés à la crise sanitaire. Sur la nouvelle session, les 92 projets soutenus ont fortement trait à la santé, au handicap et à la médiation numérique. Ces projets ont reçu un total de 1 313 619 euros de soutien. Depuis quelques années que ces appels d’offres existent, ce sont plus de 6 millions d’euros qui ont ainsi été versés dans 336 projets.

La cuvée 2021

Le rapport de la Fondation Afnic indique l’appel d’offres 2021 visait spécifiquement des projets qui :

  • « favorisent l’accès à l’information, aux savoirs, à la culture, aux loisirs et à la formation et permettent la mise en place de services qui facilitent les échanges et la collaboration, les déplacements, l’exercice de ses droits et la participation citoyenne ;
  • favorisent ou accompagnent l’émergence de nouveaux services, en permettant de toucher de nouveaux publics ou de proposer des modèles alternatifs de développement ;
  • répondent aux enjeux de société liés à l’environnement, au logement et aux inégalités et apporter des solutions nouvelles aux personnes fragilisées »

Dans cette optique, 23 000 euros ont été accordés à Dessine-moi la High-Tech, une association qui veut améliorer le confort et le bien-être mental des enfants hospitalisés, ainsi que de leurs familles. Elle a créé un atelier Réalité Virtuelle, permettant de guider l’enfant à distance dans une expérience décrite comme « immersive », via un casque gérant l’audio et la vidéo. Contexte sanitaire oblige, le guidage se fait à distance.

Chemins d’avenirs a reçu 50 000 euros pour son travail de réduction de la fracture entre les jeunes de la France périphérique et ceux des grandes métropoles. Cette association se décrit comme la « première structure à mentorer les jeunes des zones rurales et des villes petites et moyennes, indépendamment des résultats scolaires ou de critères sociaux ». Le projet ainsi financé permettra le développement d’une plateforme réunissant de nombreuses ressources en ligne et opportunités, l’accès à un « écosystème de réussite » et la connexion à des pairs, formant une communauté.

StreetCo est l’exemple type de service que soutient la Fondation Afnic. Il s’agit d’une application se présentant comme le « premier GPS piéton collaboratif adapté aux déplacements des personnes à mobilité réduite ». Un peu à la manière de ce qu’était Waze à ses débuts, cette plateforme communautaire compte sur les signalements et informations, envoyées par des « streeters » et centrées sur l’accessibilité. Ces données sont ensuite utilisées par les personnes en situation de handicap, personnes âgées, femmes enceintes ou encore parents avec poussettes pour se déplacer dans les rues. La fondation a octroyé 45 000 euros pour en accélérer le développement.

La gestion des écrans en famille est l’objectif de WeTechCare. On parle beaucoup de contrôle parental ces derniers temps, dans le sillage de la loi qui entend l’imposer à tous les appareils capables d’afficher du contenu. Bien que souvent présenté comme étant « simples » par les éditeurs présents sur ce marché, les solutions sont multiples et loin d’être si évidentes. WeTechCare, qui a obtenu 30 000 euros de la fondation, propose donc des modules de formations : suivi de la scolarité, utilisation éclairée des réseaux sociaux, cyber harcèlement, etc. Ils sont disponibles pour les partenaires en atelier, ainsi qu’en accès libre sur la plateforme Les Bon Clics.

Parmi les autres projets récompensés, citons « Ansamn si chimen a numérik », une initiative du SAVS (Services d’accompagnement à la Vie Sociale) de Basse-Terre en Guadeloupe qui propose des ateliers de découverte d’apprentissage des outils numériques (ordinateur, tablette, smartphone) et d’internet à des personnes en situation de handicap psychique et déficients intellectuels. Signalons également le Bus mobile, un projet en Occitanie visant à accompagner les personnes situées en zones blanches (pas de réseau téléphonique et/ou pas de connexion internet) ou les séniors à qui le grand réseau peut faire peur. Les ateliers se font par petits groupes pendant 6 à 8 mois. Ces deux projets ont reçu respectivement 10 000 et 9 600 euros.

Dernier exemple, 4 500 euros ont été accordés aux ateliers Repair Café dans l’Aisne. Ils sont centrés à la fois sur la réparation du matériel informatique à destination des plus démunis et sur l’autonomie à le dépanner. L’association pratique des tarifs solidaires sur le matériel ainsi reconditionné et tâche de véhiculer l’aspect éco-citoyen qui imprègne son initiative.

Quand les projets locaux changent d’échelle

Certaines initiatives sont suivies de près par la fondation pour leur potentiel. Quand l’association juge que le moment est bon, elle peut aider à financer le changement d’échelle. Les sommes allouées ne sont alors plus les mêmes. Dans le cas présent, il s’agit de réponses directes à un appel d’offres à manifestation d’intérêt que la fondation avait lancé en 2020. Elle évoque un grand succès et le réitère d’ailleurs cette année, pour soutenir les projets d’accompagnement des nouvelles structures.

Trois projets ont été sélectionnés, jugés « particulièrement pertinents ». Le premier est Maraud’IN, pour maraude d’inclusion numérique. Il a été lancé par la FAS (Fédération des acteurs de la solidarité), qui regroupe plus de 870 associations de solidarité et organismes qui accueillent les plus démunis et vont vers eux. La maraude désigne l’action de se rendre vers ces personnes pour leur faire connaitre les possibilités d’accompagnement et d’hébergement.

Maraud’IN vient compléter le dispositif pour proposer de la médiation numérique, avec le temps que peuvent faire gagner de tels outils dans cette mission. La fondation a octroyé 150 000 euros pour permettre le recrutement de 150 maraudeurs numériques, apprendre le maniement des outils et tablettes, ou encore participer au développement d’une boite à outils dédiés. 3 200 personnes sont actuellement suivies par le dispositif, beaucoup témoignant de l’impossibilité de se renseigner ou de connaître les aides disponibles sans avoir le moindre équipement.

L’UNCLLAJ, l’Union Nationale des Comités Locaux pour le Logements Autonome des Jeunes, propose son Projet’Toit. Il vise à déployer des services numériques, y compris dans l’Outre-Mer, pour faciliter l’accession au logement pour les jeunes, avec idéalement un toit adapté à ses besoins personnels et professionnels. Le projet veut également s’étendre à l’échelle nationale, ce à quoi la Fondation Afnic a répondu par un chèque de 110 000 euros. L’UNCLLAJ étant avant tout un réseau d’associations, le projet permet de développer des synergies et de mettre en commun des ressources. Projet’Toit ambitionne d’accompagner 15 000 jeunes dans la recherche d’un logement.

La Fédération Familles Rurales a également lancé un projet nommé Point de Médiation Numérique, dont la mission est entièrement résumée par son nom. Elle vient de recevoir 145 000 euros pour développer cette structure d’aide numérique afin d’accompagner 30 000 usagers d’ici la fin de l’année prochaine. Les missions sont multiples : mise à disposition de matériel (ordinateurs, tablettes, imprimantes, scanners…), accompagnement dans les démarches administratives, formation aux usages généraux, etc.

Un accompagnement nécessaire

Tous ces projets sont centrés sur le thème d’un numérique au service d’une société plus équitable. Ils répondaient à l’appel d’offres spécifique lancé par la Fédération Afnic en 2020, mais il n’y avait pas de directives particulières autres que celle-là.

Il est donc intéressant de suivre l’évolution dans le temps des projets et leur répartition thématique :

Fondation Afnic

Comme on peut le voir, l’éducation et la formation ont pris une place majeure dans les projets candidats, au point de représenter près des deux tiers. Après une baisse en 2020, la catégorie santé/handicap fait son grand retour, tandis que insertion/emploi continue de chuter et est aujourd’hui sur une petite troisième place.

L’année prochaine verra la sélection d’une nouvelle salve de projets. Comme dit, la thématique est à la fois simple et vaste : les ateliers de médiation numérique. Des structures fondamentales pour une partie de la population, d’autant que la France prévoit d’arriver à une couverture de quasiment 100 % en fibre optique d’ici 2025, via le plan France THD.

Le nouvel appel d’offres a été lancé le 14 février dernier, mais les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 15 septembre. Il y a donc encore le temps. Il faut remplir plusieurs conditions : la structure doit être une association ou exerçant une activité d’intérêt général et à but non lucratif, elle doit avoir été créée avant le 14 février 2021 et son budget doit être inférieur à 500 000 euros par an. Le projet devra être en cours ou mis en œuvre entre avril 2022 et juin 2023. Les ateliers proposés doivent également répondre à trois critères : ils doivent être collectifs, exclusivement à destination de publics vulnérables et en grande partie réalisés par des intervenants des structures candidates.

À noter que la Fondation Afnic se réserve le droit de conserver certaines candidatures, avec l’autorisation des structures concernées. Un projet non retenu une année peut donc être réinjecté dans la sélection suivante.

Commentaires (6)


Six TLD et pas cinq.



(reply:2080421:Stéphane Bortzmeyer)




C’est corrigé merci :)


Faudra m’expliquer où est-ce un troll de parler de l’origine des fonds de la fondation Afnic, alors que c’est écrit sur leur site, je n’ai fait que poster un lien vers le 1er résultat de recherche….
…et en tirer la seule conclusion qui s’impose, à moins d’être stupide.



Faut rappeler quand même que ces “gentils” gugusses ne vendent pas un service libre, mais disposent d’un monopole obtenu de l’État sur le nommage de domaines et les services associés.



Ceux qui achètent quelque chose à l’AFNIC n’ont pas le choix. D’où l’importance de souligner que reverser 90% des bénefs à une fondation qui les dépensent comme elle l’entend est un comportement qui me fait vomir puisqu’il prouve que les prix sont délibérément sur-évalués pour financer cette fondation, alors que ce n’est ni le produit vendu à ses clients, ni le produit que veulent acheter ses clients.



C’est là une opinion, pas un troll.


Tsinpen

Faudra m’expliquer où est-ce un troll de parler de l’origine des fonds de la fondation Afnic, alors que c’est écrit sur leur site, je n’ai fait que poster un lien vers le 1er résultat de recherche….
…et en tirer la seule conclusion qui s’impose, à moins d’être stupide.



Faut rappeler quand même que ces “gentils” gugusses ne vendent pas un service libre, mais disposent d’un monopole obtenu de l’État sur le nommage de domaines et les services associés.



Ceux qui achètent quelque chose à l’AFNIC n’ont pas le choix. D’où l’importance de souligner que reverser 90% des bénefs à une fondation qui les dépensent comme elle l’entend est un comportement qui me fait vomir puisqu’il prouve que les prix sont délibérément sur-évalués pour financer cette fondation, alors que ce n’est ni le produit vendu à ses clients, ni le produit que veulent acheter ses clients.



C’est là une opinion, pas un troll.


Et cette fois ça reste, puisque c’est mieux écrit.



Pour info, le financement de la fondation est mentionné dans les premiers paragraphes de l’article.


Vincent_H

Et cette fois ça reste, puisque c’est mieux écrit.



Pour info, le financement de la fondation est mentionné dans les premiers paragraphes de l’article.


Non pas mieux écrit mais seulement plus long et moins percutant, je ne suis pas journaliste 😅



Il manque la comparaison avec l’eau… La fondation Volvic participe avec l’Unicef au financement de projets d’accès à l’eau, mais ça ne renchérit pas le prix de la bouteille dans les mêmes proportions… Personne n’achèterai ! L’Afnic se le permet du fait du monopole qu’elle a et c’est purement arbitraire et non démocratique (*).



Et puis certains propos sont trompeurs :




L’optique, pour reprendre les mots de son président, Philippe Distler, est d’ « accompagner des projets de taille humaine au plus près du terrain ».




Sauf que ce n’est pas lui qui accompagne financièrement, il ne fait que choisir les projets mais l’argent vient des clients de l’Afnic (qui n’ont pas le choix). Et le pire c’est que certains de ces projets relèvent carrément d’une mission d’intérêt général et devraient donc obtenir un financement public et non pas d’une fondation privée.



Il manque la comparaison avec le financement participatif : si au lieu d’une fondation l’Afnic proposait sans imposer ces différents projets aux clients, en les laissant libres de choisir (du montant et du ou des projets, y compris leur permettre d’en ajouter), à mon avis le résultat serait très différent. Là aussi, cette fondation Afnic a un fonctionnement arbitraire et non démocratique.



(*) => les tarifs de certains services, comme l’accès détaillé à la base Whois (“SQUAW”, à partir de 10 mille € HT / an), correspond peu ou prou à la valeur marchande internationale dudit service, et correspond aussi peu ou prou aux tarifs pratiqués ailleurs par d’autres TLD. C’est de là que vient l’excédent de bénéfice, ça n’a rien à voir avec des frais de fonctionnement.



C’est trop facile d’avoir un budget dans de telles conditions : monopole + liberté tarifaire. Le rêve ! Sauf pour les clients qui payent, bien entendu :naz:


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