Il y a cinq ans, AMD se préparait à révolutionner le marché du processeur grand public avec son architecture Zen. Depuis, la société n'a cessé de grapiller des parts de marché, en profitant pour monter en gamme (et en prix). On attendait des détails sur la prochaine feuille de route, une vidéo nous en livre quelques-uns.
Après des années difficiles avec l'architecture Phenom et de la fin des Opteron, AMD a travaillé pour revenir au score, sous la direction de Lisa Su et avec l'aide de Jim Keller à la technique. Un travail qui s'est avéré payant, puisqu'en 2016 on découvrait l'architecture Zen, commercialisée en mars 2017 avec les premiers Ryzen sur socket AM4.
Ryzen : une révolution en plusieurs étapes
La plateforme a eu des débuts difficiles. Outre le besoin d'adapter l'écosystème logiciel, il fallait convaincre les partenaires, ce qui n'avait pas été chose aisée. Depuis, nombre de ceux qui ont travaillé sur le projet et nous ont confié leurs souvenirs de cette époque où de nombreux problèmes restaient à régler, parfois dans la douleur.
AMD avait rapidement revu ses prix à la baisse, mais cet effort et une montée en nombre de cœurs importante permise par sa stratégie « one die fits all » lui ont ouvert les ports d'un nombre croissant de PC. La feuille de route dessinée sur trois ans s'est ensuite déroulée (presque) sans accroc, avec à chaque fois de nouveaux succès.
Certes, le socket AM4 n'a pas tenu la promesse initiale de pouvoir accueillir tous les modèles à venir sans distinction, mais sa durée de vie et les possibilités de mise à jour ont tout de même été plutôt bonnes dans la durée.
Zen 2 est rapidement venu corriger les erreurs de jeunesse de l'architecture, permettant de convaincre du simple Athlon aux EPYC pour datacenters en passant par les Threadripper pour station de travail. Zen 3 a enfoncé le clou, même s'il tarde à se décliner. On attend ainsi toujours les modèles Threadripper (Chagall).
De Zen 3 à Zen 4 : un passage de témoin tardif
C'est là que la machine AMD a commencé à se gripper, à différents niveaux. Ces derniers mois semblent d'ailleurs correspondre avec quelques années de décalage à la période où Keller a quitté la société pour rejoindre Tesla, nécessitant une réorganisation interne. Un trou d'air que l'on paie aujourd'hui, la crise sanitaire n'arrangeant rien ?
Quoi qu'il en soit, lorsque l'on parle de feuille de route avec le constructeur ou ses partenaires en ce moment, un ange passe. Certes, nous avons déjà obtenu et publié de premiers détails sur la prochaine grande architecture à venir, Zen 4. Mais elle ne sera pas là avant la mi-2022. Pour combler cet espace, AMD a trouvé une solution : 3D V-Cache.
Cette technologie consiste à ajouter du cache L3 par-dessus le die pour améliorer les performances : jusqu'à 25 % promis dans les jeux. Elle a été prévue pour être proposée sur les Ryzen (Zen 3) ainsi qu'EPYC (Milan-X). Mais AMD avait jusqu'à maintenant gardé le silence sur la suite des évènements. Seuls quelques partenaires nous en ont parlé ces dernières semaines, et le plus souvent pour nous expliquer à quel point cette technologie serait coûteuse. Notamment sur EPYC avec un cache L3 total (interne et 3D V-Cache) pouvant atteindre 768 Mo.
AMD donne rendez-vous en 2022, même pour 3D V-Cache
AMD se devait donc de prendre la parole, sans attendre le CES de janvier ou d'autres évènements plus spécifiques, surtout qu'Intel multiplie les annonces et déclarations de guerre ces derniers mois. La société a donc décidé de fêter aujourd'hui les 5 ans de Ryzen en publiant une vidéo de John Taylor (marketing) et Robert Hallock qui est depuis quelques années maintenant le directeur du marketing technique et la voix d'AMD concernant Ryzen.
Ils y évoquent leurs souvenir des années passées, mais aussi les plans d'ici à l'année prochaine. Bien entendu le passage à Zen 4 avec la DDR5, du PCIe 5.0 et le socket AM5 (compatible AM4 pour le refroidissement), marqueur de la nouvelle ère. Mais aussi 3D V-Cache qui sera lancé sur des processeurs exploitant Zen 3 dès le début de l'année prochaine. Ils auront pour rôle de s'opposer à Intel et Alder Lake-S, qui sera annoncé à la fin du mois avec de premiers modèles « K » mis sur le marché, avant une extension de la gamme attendue pour le CES. Sans parler des NUC.
L'un questionne ainsi l'autre (ce qui évite les désaccords) sur différents sujets, dont les architectures hybrides comme on le voit dans le mobile ou avec Alder Lake chez Intel. Pour AMD, ce n'est pas un besoin du fait de son avance sur les différentes technologies qui font le succès d'un processeur (fréquence, packaging, consommation).
Le constructeur semble d'ailleurs au passage oublier qu'Apple est désormais l'un de ses concurrents, le dépassant sur certains points avec le M1. L'arrivée d'accélérateurs divers, notamment pour l'IA, est par contre à l'ordre du jour, sans plus de précisions. Il est aussi question de passer d'un type de gestion de l'énergie à une autre selon les besoins plutôt qu'une approche « one size fits all » comme c'est le cas actuellement, à travers le firmware du CPU.