Qui n'a pas entendu parler des Microserver HPE à base de Pentium bradés chez certains revendeurs ? De quoi rendre cette machine, pensée pour les professionnels, très populaire. Une nouvelle génération est désormais disponible, avec un châssis et des fonctionnalités repensés... dès 560 euros TTC. Nous l'avons testée.
Lorsqu'un particulier ou une petite entreprise se cherche un serveur « à tout faire », clé en main, son premier réflexe est en général de se tourner vers les NAS d'Asustor, Buffalo, Netgear, QNAP ou encore Synology. Proposés à des prix raisonnables, ils disposent d'interfaces complètes et de boutiques applicatives plus ou moins fournies.
- Comment bien choisir son NAS : nombre de baies, processeur, connectique…
- Quel NAS pour sauvegarder vos données ? Voici notre sélection
Mais ces produits ont deux défauts principaux : ils sont peu évolutifs et le CPU intégré est en général un modèle d'entrée de gamme. Dès lors, que faire ? Si un particulier se montera une machine « maison », cela ne conviendra pas toujours aux PME, à la recherche d'un certain niveau de garantie et de service.
Sans parler de la difficulté de trouver des boîtiers prévus pour recevoir plusieurs disques durs en façade, permettant de monter des serveurs discrets et silencieux. Car toutes les entreprises ne disposent pas d'une salle où aller placer une telle machine et doivent donc « vivre avec ».
Bref, cela vire rapidement à la recherche d'un mouton à cinq pattes, au croisement des appliances à plusieurs milliers d'euros, du simple serveur et du mini PC.Un constructeur a bien identifié ce besoin depuis quelques années : HPE. Il propose ainsi son fameux ProLiant Microserver, qui vient de passer en Gen 10 Plus.
Un PC de petite taille, à prix raisonnable, pouvant accueillir jusqu'à quatre disques durs via des baies 3,5" en façade, intégrant une connectique fournie, des emplacements PCIe et un duo CPU/RAM évolutif. Décortiquons le modèle de dernière génération pour voir ce qu'il a dans le ventre.
De gros changements, un tarif de base de 560 euros
Le premier changement est... de taille. HPE a réduit de manière importante le volume occupé par sa machine, deux fois moins haute. On passe donc d'un format Ultra Micro Tower de 235 x 230 x 254 mm à 116 x 245 x 245 mm. Elle est donc également un peu plus large et un peu moins profonde. Le poids passe de 6,5 kg à 4,23 kg.
L'autre grande évolution est interne : alors que l'on imaginait que le constructeur allait passer des Opteron de la Gen 10 à des Ryzen Pro, il n'en est rien. Il retourne chez Intel avec deux versions : une à base de Pentium G5420 avec 8 Go de DDR4 (P16005-421). Une seconde avec un Xeon E-2224 et 16 Go de mémoire (P16006-421).
La différence entre les deux CPU est détaillée ici.

Le Xeon dispose du Turbo Boost 2.0 jusqu'à 4,6 GHz mais n'a pas de partie graphique intégrée
L'avantage du Xeon est d'être de type 4C/4T contre 2C/4T pour le Pentium, avec une fréquence et un TDP plus élevés Il a accès aux fonctionnalités TXT et AVX2. Un chipset C242 est utilisé sur la machine, à mi-chemin entre l'offre serveur et les références grand public, ne gérant par exemple pas vPro.
Ne vous fiez pas à la présence ou non de la partie graphique. En effet, elle n'est pas exploitable sur un tel serveur, qui n'est pas pensé pour un usage bureautique ou multimédia, à moins d'ajouter un GPU dédié via le port PCIe (voir ci-dessous). Ainsi, les sorties vidéo sont reliées à une puce graphique Matrox G200eH3 ultra-basique.
Un simple test rapide avec OpenSSL 1.1.1d (RSA 4096 bits) sur le modèle équipé du Pentium G5420 nous donne les résultats suivants (sous Debian 10.04, via SSH) :
- 1 cœur :
- 177 signatures/s
- 11 422 vérifications/s
- 4 cœurs :
- 371 signatures/s
- 24 354 vérifications/s
C'est deux à trois fois les performances d'un NAS à base de Celeron J comme le QNAP TS-453BT3. Au niveau du Pentium D1508 (2C/4T, de 2,2 à 2,6 GHz) d'un DS3018xs de Synology (à six baies) proposé à près de 1 500 euros avec une connectique moindre mais des caractéristiques similaires (et une garantie de 5 ans).
Le tarif n'est pas précisé par HPE, qui ne propose toujours pas de vente directe en France. Mais comptez un peu plus de 560 euros TTC pour le premier modèle contre moins de 1 000 euros TTC pour le second et la garantie de base. Des tarifs raisonnables, notamment par rapport à des NAS quatre baies, certes livrés avec une interface clé en main, mais avec des CPU dérivés d'Atom la plupart du temps.
Notez que vous pouvez tant faire évoluer le processeur que la mémoire, deux emplacements DIMM classiques étant présents sur la carte mère. Le CPU est surmonté d'un simple dissipateur en « L » avec deux caloducs, il faudra donc rester dans un TDP de 70/80 watts. Le refroidissement est géré pour l'ensemble de la machine par un ventilateur de 80 mm de diamètre placé juste derrière, en extraction.
Ce dernier sera plus ou moins silencieux, selon les réglages dans le BIOS/UEFI et la charge imposée au système. HPE annonce 21 db(A). Dans la pratique, on peut entendre un léger souffle avec le mode de ventilation par défaut, si l'on approche l'oreille, mais la machine reste discrète.
L'alimentation fournie est un modèle externe de 180 watts (19,5 V pour 9,23 A), large mais pas très épais : 152 x 77 x 30 mm. Bon point par contre : les câbles fournis sont plutôt longs. Nous avons relevé entre 29 watts de consommation à la prise (au repos) et 53 watts en pleine charge CPU.
Une connectique fournie et évolutive
Autre point fort par rapport à des NAS classiques : la connectique est assez fournie, sans être excessive. À l'arrière on trouve quatre ports réseau à 1 Gb/s (Intel i350-AM4, Powerville), quatre ports USB 3.2 (5 Gb/s), un VGA et un DisplayPort 1.0... mais pas d'HDMI. Un choix étrange, qui forcera à disposer d'un adaptateur pour de nombreux écrans. Détail appréciable : un QR Code renvoie directement au manuel en ligne de la machine.
On apprécie également la présence d'un passe-câble à proximité de l'alimentation. On distingue deux emplacements low-profile pour des cartes filles, mais un seul est exploitable pour un modèle PCIe 3.0, allant jusqu'au x16. On peut donc l'utiliser pour ajouter des SSD NVMe, du réseau Multi-Gig ou à 10 Gb/s, un GPU (un seul à la fois).
Le second port (du haut) permet d'accueillir le kit iLO (integrated Lights Out) 5 avec une puce spécifique et d'un port réseau, pour ajouter la gestion distante de la machine. Il est vendu dans les 50 euros.
En façade, on trouve deux ports USB 3.2, mais à 10 Gb/s cette fois. Ainsi qu'un trio de LED (stockage, réseau, statut) et un simple bouton Power (sans Reset), à LED lui aussi. Les emplacements pour quatre HDD de 3,5" (ou des HDD/SSD de 2,5" nécessitant un adaptateur) sont cachés derrière la façade (simple à retirer), on regrette qu'ils ne soient toujours pas accessibles directement. Mais il y a une « bonne » raison : ils ne sont pas « hot plug ».
On ne peut donc pas les retirer ou les changer à chaud, il faudra donc éteindre la machine avant de procéder. Le RAID est géré de manière logicielle (HPE Smart Array S100i SR Gen10), des pilotes n'étant fournis que pour Windows, même si une version limitée (LSRRB, Linux Software Raid Redundant Boot) est proposée pour Linux.
On regrette aussi l'absence d'emplacements NVMe sur la carte mère, ce qui aurait permis l'installation d'un système, réservant les quatre HDD aux données. Mais pour cela, HPE préfère proposer une clé USB avec deux emplacements microSD en RAID 1. Enfin, un port USB 2.0 est présent sur le PCB.
Sous le châssis, des loquets bleus présents à l'avant de chaque côté permettent de décider si la façade est amovible ou non sans que l'utilisateur ait à ouvrir la machine. Un point appréciable en termes de sécurité. Pour ouvrir ce PC et accéder à ses composants, retirer deux vis à main suffit, un dispositif Kensignton pouvant l'empêcher, tout comme un simple cadenas que l'on peut placer dans un trou prévu à cet effet.
Le socle de la carte mère se retire complètement, indépendamment du châssis. Il est maintenu grâce à deux vis classiques. Attention, toutes sont de type Torx et non cruciforme.
Une couche logicielle pensée pour les « Pro »
Ce ProLiant Microserver Gen10 Plus est livré avec la suite applicative classique de HPE. L'UEFI est donc plutôt fourni, intégrant de base quelques fonctionnalités de gestion distante via différents protocoles ou API REST, qui peuvent être complétés par le kit iLO 5. Un point sur lequel nous reviendrons dans de prochains articles.
Outre le boot classique sur les disques locaux, l'USB ou le réseau via PXE, il est possible de le faire via une cible iSCSI. Intéressant si vous voulez démarrer un système depuis des volumes distants par exemple.
Autre élément intéressant : l'Intelligent Provisionning. Il s'agit d'un outil HPE permettant de procéder à l'installation et à la configuration directe de certains OS. Dans sa version de base il donne accès à Windows Server et ESXi (via une clé USB à fournir) ou ClearOS, la solution maison qui peut directement être récupérée en ligne et mise en place.
Cette dernière permet de disposer d'une interface via le réseau et de fonctionnalités similaires à un NAS ou un routeur, proposée en différentes déclinaisons. Une gratuite Commuautaire et deux payantes : Maison ou Entreprise. Elles profitent d'une boutique applicative, complète sans être extravagante, on y trouve tant Plex que de quoi gérer des protocoles de partage réseau ou des outils plus professionnels.
La version avancée de l'outil permet également de se tourner vers d'autres modes de déploiement (via des partages SMB/CIFS ou FTP par exemple) et propose plus de dépôts en ligne pour des distributions orientées entreprises (Red Hat Linux, SUSE Linux Enterprise Server, etc.).
Bien entendu, on trouve également de nombreux outils de diagnostic, gestion du réseau et du stockage, etc. HPE voit cette machine comme comme « un point d’entrée pour la solution compacte et intégrée HPE Small Office Deployment, une configuration technologique complète pour les petites et moyennes entreprises. Celle-ci comprend les points d’accès sans fil Aruba Instant On, spécialement conçus pour les PME, et le système évolutif de disque amovible HPE RDX, qui facilite la sauvegarde et la restauration des fichiers en local ». Tant d'éléments proposés en complément.
L'entreprise précise que c'est également la première génération de ses Microserver à intégrer son programme Silicon Root of Trust, renforçant les vérifications de sécurité opérées par les puces elles-mêmes.
Un bon compromis
Pensée pour les entreprises, ce ProLiant Microserver Gen10 Plus garde ce qui fait l'ADN de cette gamme : il est accessible à tous, proposé à un tarif raisonnable et plaira donc également aux geeks à la recherche d'une machine compacte, proposant des baies pour HDD, avec de nombreuses fonctionnalités.
On apprécie ainsi la connectique complète, l'évolutivité de la machine, la possibilité de disposer d'une gestion distante via iLO 5 ou les outils intégrés, que ce soit pour le boot iSCSI ou le provisonning d'un serveur de virtualisation ESXi par exemple. De quoi gérer de très nombreux cas et besoins.
On regrettera quelques manques comme un emplacement NVMe ou les HDD/SSD non retirables à chaud. On apprécierait également une version plus pêchue, avec un processeur comme le Core i7 9700T ou son équivalent Xeon, proposant plus de quatre cœurs dans un TDP raisonnable, pour des usages visant la virtualisation. Mais on peut l'acheter pour 400 euros environ. Les adeptes d'AMD regretteront aussi l'absence d'une déclinaison Ryzen.
Mais en faisant le choix de CPU « Core » d'Intel, HPE propose ici une solution accessible avec de bons compromis, là où les fabricants de NAS font encore trop souvent le choix de dérivés de l'Atom. Certes il n'y a pas d'interface prête à l'usage, mais on pourra facilement passer outre en y plaçant l'OS de son choix, les possibilités ne manquant pas dans le domaine, de FreeNAS à OpenMediaVault en passant par ESXi, Proxmox ou Unraid.