Code Quantum : le satellite « entièrement reconfigurable par logiciel » est en orbite

La NSA approuve ce message
Tech 5 min
Code Quantum : le satellite « entièrement reconfigurable par logiciel » est en orbite

Après des années de développement et de retard, le satellite Quantum est enfin en orbite. Il doit permettre de (re)définir et de configurer les performances et zones de couverture de manière logicielle grâce à son antenne active présentée comme « révolutionnaire ».

Le programme Quantum est réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé avec l’Agence spatiale européenne (ESA), celle du Royaume-Uni, Airbus Defence and Space (ADS) et Eutelsat. L’ESA affirme qu’il s’agit du « premier satellite reprogrammable en orbite ». Il vise aussi bien des services de communications que gouvernementaux.

Signature des accords en 2015, lancement en 2021

Quantum est le fruit de plusieurs années de recherches. La signature des accords remonte au mois de juillet 2015, soit il y a plus de six ans maintenant, bien avant le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.

« La livraison de ce premier satellite est prévue en 2018 », pouvait-on lire dans le communiqué de l’époque. Le lancement était alors prévu pour 2019, mais il a rapidement été repoussé à fin 2020, avant d’être à nouveau retardé. Le satellite a finalement décollé depuis la Guyane le 30 juillet 2021 à bord d’une fusée Ariane 5, avec un autre satellite Star One D2 à bord (voir la fiche de la mission VA254).

Il a ensuite « atteint son orbite géostationnaire à environ 36 000 km au-dessus de la Terre, où il a déployé ses panneaux solaires et communique sans encombre avec son opérateur au sol », indique l’ESA. Il est positionné à 48° Est et proposera une couverture étendue « de la région MENA [l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, ndlr] et au-delà », notamment pour l’Europe et l’Asie. Sa masse au décollage était de 3 461 kg et il devrait entrer en service durant le quatrième trimestre de cette année.

Mais que propose-t-il de si « révolutionnaire » ?

Couverture, fréquences et bande passante reconfigurables

Sa principale particularité repose sur son antenne active multifaisceaux baptisée Elsa+. « La prouesse technologique tient dans son aspect mobile », explique l’ESA dans cette vidéo.

Le satellite peut ainsi réorienter ses huit faisceaux indépendants (bande Ku) « pour se déplacer quasiment en temps réel et ainsi fournir des informations à des passagers à bord d’avions ou de navires en mouvement ». Ils pourront également être facilement « modulés pour fournir davantage de données en cas d’augmentation de la demande ».

Il n’est ainsi plus nécessaire de recourir à plusieurs faisceaux pour couvrir les régions concernées. L’Agence spatiale européenne rappelle que les satellites géostationnaires « standards » sont généralement configurés pendant leur construction pour une couverture fixe.

Eutelsat Quantum
Crédits : Airbus

Une solution plus facilement adaptable aux besoins

Eutelsat ne tarit pas d’éloges sur les caractéristiques techniques de son satellite Quantum, avec un mot d’ordre : flexibilité. « Flexibilité dans le choix de couverture, de puissance, des fréquences et de bande passante. Chacune de ces caractéristiques peut être reconfigurée en orbite tout au long de la durée de vie du satellite ».

La société affirme ainsi que « les clients n’auront donc plus ni à prévoir les exigences du marché ni à anticiper les mutations […] ils pourront adapter leurs couvertures en fonction de leurs besoins immédiats ». Quantum pourra également se montrer utile en cas de catastrophe naturelle puisqu’il pourra se positionner rapidement.

Cette flexibilité est donc aussi « très adaptée à des services de protection civile ou à des besoins gouvernementaux », explique une responsable d’Eutelsat à Ouest-France.

La réorganisation des faisceaux de Quantum peut se faire en quelques minutes, alors que les satellites « classiques » nécessitent d’être déplacés « sur une autre position orbitale ou d’être réorientés » : « Notre flexibilité était moins immédiate. Opérer des manœuvres à 36 000 km prend en effet plusieurs jours », ajoutait-elle. 

Production « à la chaine » et configuration en orbite

Un autre avantage mis en avant par Eutelsat : le prix. L'objectif est en effet de construire à la chaine des satellites identiques, configurés en orbite : « La fabrication de cette nouvelle génération de satellites se distinguerait de celle, sur mesure, des satellites traditionnels actuels dont la mission est configurée au sol, lors de leur conception ».

Quantum permettrait ainsi de réaliser (roulement de tambour) un « saut quantique à l’industrie des télécommunications par satellite ». Les clients de Quantum pourront ainsi « définir et paramétrer eux-mêmes les performances et la couverture de leurs services », telle est en tout cas la promesse.

C’est la guerre mon général

Ce satellite de nouvelle génération est aussi présenté comme paré pour la « guerre de l’espace » qui se déroule déjà à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes :

« Le satellite est en mesure de détecter et de caractériser des émissions frauduleuses, ce qui lui permettra d’agir de manière dynamique face à des interférences accidentelles ou à un brouillage intentionnel ».

Il « amuse » d’ailleurs beaucoup l’expert en sécurité Bruce Schneier, qui a publié un billet de blog pour troller indiquer que l’ESA avait mis en orbite « un satellite piratable » : « Nous pouvons supposer un cryptage fort et une bonne gestion des clés. Pourtant, cela semble être une cible de choix pour les autres gouvernements ».

Rappelons que les jeux d’espions dans l’espace n’ont pas attendu Quantum et les logiciels « piratables » sont déjà présents depuis des lustres dans les satellites, la principale nouveauté de Quantum étant son antenne active.

C’est parti pour 15 ans

La mission de Quantum est prévue pour durer 15 ans, après quoi il sera placé sur une orbite cimetière à une plus haute altitude, évitant ainsi de représenter un risque pour les autres satellites géostationnaires.

En février 2018, Eutelsat affirmait fièrement que « la majorité de la capacité à bord de ce satellite [était] déjà réservée, notamment par Peraton, un client américain ». La réalité semble un peu différente : « Peraton avait réservé de la capacité sur le satellite à un moment donné, mais il n'y a jamais eu de pré-engagement fixe », expliquait l’année dernière un porte-parole à Paxex.Aero.

Eutelsat et Intelsat s’occupent conjointement de commercialiser les capacités disponibles sur le satellite, comme cela a été annoncé il y a un an. Via sa filiale Intelsat General Communications LLC (IGC), la seconde entreprise propose une sécurité renforcée afin de « satisfaire aux exigences les plus strictes du gouvernement américain en matière de sécurité de l'information et de cybersécurité ».

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