Wi-Fi 6E sur les 6 GHz en France : le projet de transposition de l’Arcep

Wi-Fi 6E sur les 6 GHz en France : le projet de transposition de l’Arcep

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Sébastien Gavois

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Sciences et espace

02/08/2021 6 minutes
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Wi-Fi 6E sur les 6 GHz en France : le projet de transposition de l’Arcep

L’arrivée du Wi-Fi 6E qui ouvre une nouvelle bande dans les 6 GHz se précise en France. L’Arcep vient de mettre en ligne son projet de transposition suite à la décision d’harmonisation de la Commission européenne. 480 MHz supplémentaires seront ainsi mis à disposition… avec quelques restrictions.

Il y a quelques semaines, la Commission européenne harmonisait les fréquences pour le Wi-Fi 6E, qui iront de 5 945 à 6 425 MHz. L’Europe propose ainsi de libérer 480 MHz de bande passante, soit 24 canaux. Une avancée intéressante mais bien en deçà des 1 200 MHz mis à disposition depuis avril 2020 par la FCC aux États-Unis.

La Commission ajoute que les États membres ont jusqu’au 1er décembre 2021 « au plus tard » pour mettre à disposition ces fréquences, « sur une base non exclusive, sans brouillage et sans protection, aux fins de la mise en œuvre des WAS/RLAN ». L’Arcep vient de publier son projet de transposition.

Après la décision de l’Europe, le projet de l’Arcep

L’Autorité rappelle que le Wi-Fi peut actuellement utiliser deux bandes de fréquences : 2,4 GHz (de 2 400 à 2483,5 MHz) et 5 GHz (de 5 150 à 5 350 et 5 470 à 5 725 MHz), soit un total de 538,5 MHz. Il est possible d’en profiter en intérieur comme en extérieur, à l’exception des 5 150 à 5 350 MHz réservés à un usage à l’intérieur uniquement.

Des canaux libres et souvent encombrés dans les grandes agglomérations. La multiplication des objets connectés et points d’accès contribue à un engorgement important des ondes, ce qui a conduit la Wi-Fi Alliance à s'ouvrir à de nouvelles bandes de fréquences. En janvier 2020, elle annonçait ainsi le Wi-Fi 6E.

Une solution proposant de meilleurs débits, mais à une plus courte portée. Cela « permettra de disposer de canaux larges requis pour de nombreuses applications (telles que la visioconférence, le téléchargement de médias, la télémédecine, l’apprentissage et les jeux en ligne, la réalité augmentée et la réalité virtuelle) qui ont besoin d’une bande passante étendue pour atteindre des débits de l’ordre du gigabit », explique l'Arcep.

Après des mois de travaux, cette procédure touche à sa fin et le régulateur des télécoms vient de mettre en ligne son projet de décision sur « la transposition sur le territoire français des nouvelles dispositions introduites par la décision d’exécution (UE) 2021/1067 du 17 juin 2021 de la Commission européenne ».

Comme toujours en pareille situation, il est soumis à une consultation publique. Une dernière étape attendue, car elle conditionnera ensuite l'ouverture du 6 GHz à tous. Le Wi-fi 6E étant déjà développé aux États-Unis, les constructeurs sont déjà prêts et certains appareils sont déjà compatibles. Des annonces devraient donc suivre.

Free avait notamment indiqué qu'il avait choisi de ne pas proposer de Wi-Fi 6 au sein de sa Freebox Pop pour attendre plutôt le Wi-Fi 6E et l'ouverture du 6 GHz qui apportera de réels gains pratiques aux utilisateurs. Les autres FAI pourraient également se tenir prêt pour des mises à jour rapides de leurs équipements.

Quelques définitions et rappels

Le projet comporte cinq articles. Le premier pose des définitions utiles  : 

  • Systèmes d’accès sans fil incluant les réseaux locaux radioélectriques (WAS/RLAN) : « les systèmes radioélectriques à large bande qui assurent un accès sans fil pour des applications publiques et privées quelle que soit la topologie du réseau sous-jacent ».
  • Puissance isotrope rayonnée équivalente (“p.i.r.e.”) : « le produit de la puissance fournie à l’antenne et du gain de l’antenne dans une direction donnée relativement à une antenne isotrope (gain absolu ou isotrope) ».

Pour simplifier, on peut dire que le projet de l’Arcep est de permettre aux systèmes d’accès sans fil de s’établir « librement dans la bande de fréquences 5945-6425 MHz […] sous réserve du respect des conditions techniques prévues à l’annexe de la présente décision ». Les restrictions dépendent du type de dispositif.

Pour ceux « à faible puissance en intérieur, aussi appelés les LPI (Low Power Indoor) » – c’est-à-dire les points d’accès Wi-Fi et les box d'opérateurs – la bande des 6 GHz est limitée « à une utilisation en intérieur, y compris dans les trains équipés de fenêtres à revêtement métallique et les aéronefs ». Ce n’est donc pas autorisé en extérieur ou dans une voiture. De plus, la puissance isotrope rayonnée équivalente moyenne maximale est de 23 dBm.

De leur côté, les « dispositifs WAS/RLAN à très faible puissance, aussi appelés les VLP (Very Low Power) » – notamment les smartphones et les objets connectés – peuvent être utilisés en intérieur comme en extérieur. Leur puissance ne doit par contre pas dépasser les 14 dBm.

Enfin, et comme l’avait déjà annoncé la Commission européenne, « aucune garantie de protection contre les brouillages n’est accordée à ces systèmes » et ils « ne doivent en aucun cas causer de brouillage aux affectataires des bandes de fréquences concernées au titre du tableau national de répartition des bandes de fréquences ».

Cela signifie « qu’il ne doit y avoir aucun brouillage préjudiciable pour les services de radiocommunication et qu’il est impossible de prétendre à une quelconque protection de ces dispositifs contre les brouillages dus à des services de radiocommunication », détaille l’Autorité.

Contributions acceptées jusqu’au 30 septembre

L'Arcep précise que les contributeurs ont jusqu’au 30 septembre 2021 à 18h pour envoyer leurs commentaires. Comme toujours, les retours seront intégralement publiés, éventuellement caviardé de certains passages relevant du secret des affaires. La décision finale sera publiée au Journal officiel « après homologation par le ministre chargé des communications électroniques ». Sans doute d'ici la fin de l'année, si rien ne vient enrayer la machine.

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

Après la décision de l’Europe, le projet de l’Arcep

Quelques définitions et rappels

Contributions acceptées jusqu’au 30 septembre

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Commentaires (19)


Mais pourquoi ne pas ouvrir les 1200Mhz comme aux USA ?
Pourquoi brider la bande passante ?


Sûrement parce que cette bande de fréquence n’est pas libre en Europe/France ;)


La bande de fréquence entre 6,425 GHz et 7,125 GHz est à l’ordre du jour de la Conference mondiale des radiocommunications 2023 (CMR-23) en Région 1 1 (l’Europe, l’Afrique, l’ancienne Union soviétique, la Mongolie et le Moyen-Orient à l’ouest du golfe Persique, y compris l’Irak).



La conférence devra décider entre :




  • Une utilisation pour le Wi-Fi avec l’extension naturelle de la bande 5 935-6 425 MHz

  • Une utilisation en 5G, car cette bande de fréquence est aussi à l’ordre du jour pour une éventuelle identification des systèmes mobiles (IMT).



Il faudra tenir compte des liaisons montantes vers des satellites de communication ou des liaisons hertziennes point à point qui utilisent ces fréquences.
Si l’usage mobile n’est pas possible à cause des perturbations engendrées pour les liens montant des satellites, ces fréquences pourraient revenir au Wi-Fi, la faible puissance de 200 mW du Wi-Fi limitant fortement le risque de perturbation.



On aurait alors en Europe un maximum de 1 200 MHz sur la bande de fréquence comprise entre 5,925 GHz et 7,125 GHz, découpée en 7 canaux super-larges de 160 Mhz.


Et sinon le spectre est physiquement limité.



Je suis étonné du choix aux USA, où il y a un manque de spectre 5G.



Maintenant en Europe si le spectre n’est pas utilisable par la 5G, il sera donné au Wi-Fi.



Se donner quelques années de réflexion pour ouvrir l’intégralité des 1200 Mhz me semble la bonne solution.


Je n’ai pas compris la partie sur les brouillages, cela signifie qu’il n’y aura de système de coupure automatique comme il existe sur les autres fréquences en Wifi??
Si je ne me trompe pas, certains radars utilisent des fréquences identiques au wifi mais les bornes wifi se coupent dès qu’elles détectent l’émission du radar.


La problématique est différentes des canaux DFS du Wi-Fi 5 GHz.



Le Wi-Fi indoor a une portée tel qu’il ne devrait pas brouiller les liaisons montantes vers des satellites de communication ou des liaisons hertziennes point à point qui utilisent ces fréquences.



Les antennes 5G émettent plus fort que le WiFi et pas en indoor et pourraient poser problème, d’où une concertation pour trouver des solutions les prochaines années.


6GHz, autant que pour ceux qui ont une maison en pierre, le wifi s’utilisera exclusivement dans la pièce où l’antenne wifi est installée !


Ça peut déjà suffire à un paquet d’usages…


Le Wi-Fi 6 GHz permettra d’avoir moins de congestion dans les zones où il y a beaucoup de clients Wi-Fi.



Par exemple dans un amphithéâtre d’une université, c’est évident.



Dans une maison, les périphériques qui sont prés de la box utiliseront le 5 ou/et 6 Ghz, ce qui libère le 2,4 Ghz qui est utilisé uniquement par ceux qui sont éloigné de la box (si le WiFi est “intelligent”)


Pour la décongestion, j’attends le LiFi. Avec en prime la confidentialité.


Je crois que depuis qu’ils ont compris que ça ne marcherait pour un téléphone que face vers le ciel tout le monde a abandonné cette techno :ouioui:



Y’a 2 fabricants de puces miniatures, et honnêtement hormis l’aspect “sécurité” car ça ne traverse pas les murs… le reste bon…
D’ailleurs l’aspect sécurité tu l’as avec un bon vieux câble, ce qui n’est pas un problème dans une salle bunkerisee.



Remarque y’a toujours des imbéciles pour acheter tout et n’importe quoi. J’ai déjà vu un service cybersecu opacifier les vitres extérieures de son espace au 4e étage d’un bâtiment sans vis à vis. Une pensée pour la vingtaine de collaborateurs… heureusement que personne ne leur avait parlé du micro laser sinon…



Bref hormis un besoin de débit très élevé sans fil, par exemple pour de la robotique indoor, ou pour une zone interdite de radio (centre d’étude, radiotélescope,…) je ne vois personnellement que très très peu de débouchés



wanou a dit:


Pour la décongestion, j’attends le LiFi. Avec en prime la confidentialité.




Les épileptiques vont apprécier :D


@JCLB As tu des sources pour l’abandon?



Côté câbles, c’est ma préférence également mais les connecteurs RJ45 sont désormais soit de la grosse mde (merci HP), soit inexistants, sur les ordinateurs portables.



Du coup, pour l’exemple de l’amphithéâtre cité plus haut, c’est valable.



Perso, je vois le LiFi comme une bonne solution pour les PC portables ou les tablettes. Je ne crois pas que les téléphones portables soit la cible marketing de toute manière.


Perso, je vois le LiFi comme une bonne solution pour les PC portables ou les tablettes.



Je ne crois pas que les téléphones portables soit la cible marketing de toute manière.
pour le grand Public, cela reste assez chère* pour se démocratiser !




  • l’ampoule ‘LED’ coûte près de 1 000 Euros–>“Mme Michu” :non:


Pas d’abandon mais on voit bien que l’intérêt est limité et que les acteurs ne se bousculent pas.



Certains abondent que leur seule vraie chance serait une trop grande restriction légale sur les ondes radios.
Comme si les normes wifi aller évoluer comme les normes euro des moteurs :non:
Et heureusement ils n’ont pas la puissance de lobbbying de copie privée france :8



wanou a dit:


Côté câbles, c’est ma préférence également mais les connecteurs RJ45 sont désormais soit de la grosse mde (merci HP), soit inexistants, sur les ordinateurs portables.




Oui les connecteurs dépliant des PC HP sont fragiles, mais pourquoi ne pas utiliser un adaptateur USB ?



Cela permet d’avoir pour pas cher un port 2,5 Gb/s ou 5 Gb/s et cela marche bien sous Linux.



=> https://www.inpact-hardware.com/article/1419/qna-uc5g1t-qnap-adaptateur-usb-pour-reseau-jusqua-5-gbs-a-90-euros
Depuis il y a eu un autre article, mais je ne le retrouve plus.



wanou a dit:


Pour la décongestion, j’attends le LiFi. Avec en prime la confidentialité.



wanou a dit:


@JCLB As tu des sources pour l’abandon?
Perso, je vois le LiFi comme une bonne solution pour les PC portables ou les tablettes. Je ne crois pas que les téléphones portables soit la cible marketing de toute manière.




Au départ je pensais que le premier message était une blague :transpi: Le LiFi peut avoir son intérêt dans des cadres spécifiques, mais voir ça comme un remplaçant potentiel du Wi-Fi… entre le coût, la BP, le récepteur, les limitations de transferts, etc. Le seul avantage réel, c’est que dans une pièce fermée, on sait que le flux ne passe pas à la pièce d’à côté, mais c’est un peu mince dans le cadre d’un besoin grand public (surtout au regard des désavantages).


Je ne vois pas le LiFi comme un remplaçant du Wifi mais comme un complément au même titre que le Wifi 6 GHz ne va pas remplacer le 2,4 GHz mais le compléter dans certains usages (pour le coup, avec des murs en pierre recouverts de végétation, le 6 GHz peut offrir une bonne confidentialité à la maison :D ).



Le Lifi n’est pas intéressant chez Mme michu chez qui le wifi suffit très bien.
Par contre, côté pro, je te propose de te renseigner sur le prix des luminaires: un carré philips RC400B pour les faux-plafond (typique des bureaux), s’achète aux alentour de 300€ HT donc une version communicante à 1000 € ne serait pas hyper cher sachant qu’il n’est pas obligatoire de convertir tous les luminaires d’une zone.


Le Lifi est un développement Européen qui vient à pêne de débarquer. Il n’est pas sérieux de comparer cette techno émergente avec des solutions établies et matures.



Souvenez-vous qu’avant le 11 septembre 2001, le wifi faisait sourire. Avec la désorganisation causée par les attentats, la possibilité d’établir un réseau de secours, même avec un débit limié, à permis au wifi de décoller largement.



Dans un cadre pro ou scolaire où la cohabitation d’un nombre important d’appareils wifi pose de gros problèmes de congestion, le lifi apporte une solution complémentaire. Mais il faudra encore quelques années pour que cette solution devienne mature. Pour le moment, elle se cantonne à des expérimentations et se réserve à des niches.
Perso, j’ai tout mon temps et pour le moment, je passe par l’adaptateur USB Ethernet sur le PC portable.
Après, pour une tablette ou un téléphone, le wifi 5 GHz marche déjà bien mieux que le 2,4 GHz.