L’arrivée du Wi-Fi 6E qui ouvre une nouvelle bande dans les 6 GHz se précise en France. L’Arcep vient de mettre en ligne son projet de transposition suite à la décision d’harmonisation de la Commission européenne. 480 MHz supplémentaires seront ainsi mis à disposition… avec quelques restrictions.
Il y a quelques semaines, la Commission européenne harmonisait les fréquences pour le Wi-Fi 6E, qui iront de 5 945 à 6 425 MHz. L’Europe propose ainsi de libérer 480 MHz de bande passante, soit 24 canaux. Une avancée intéressante mais bien en deçà des 1 200 MHz mis à disposition depuis avril 2020 par la FCC aux États-Unis.
La Commission ajoute que les États membres ont jusqu’au 1er décembre 2021 « au plus tard » pour mettre à disposition ces fréquences, « sur une base non exclusive, sans brouillage et sans protection, aux fins de la mise en œuvre des WAS/RLAN ». L’Arcep vient de publier son projet de transposition.
Après la décision de l’Europe, le projet de l’Arcep
L’Autorité rappelle que le Wi-Fi peut actuellement utiliser deux bandes de fréquences : 2,4 GHz (de 2 400 à 2483,5 MHz) et 5 GHz (de 5 150 à 5 350 et 5 470 à 5 725 MHz), soit un total de 538,5 MHz. Il est possible d’en profiter en intérieur comme en extérieur, à l’exception des 5 150 à 5 350 MHz réservés à un usage à l’intérieur uniquement.
Des canaux libres et souvent encombrés dans les grandes agglomérations. La multiplication des objets connectés et points d’accès contribue à un engorgement important des ondes, ce qui a conduit la Wi-Fi Alliance à s'ouvrir à de nouvelles bandes de fréquences. En janvier 2020, elle annonçait ainsi le Wi-Fi 6E.
Une solution proposant de meilleurs débits, mais à une plus courte portée. Cela « permettra de disposer de canaux larges requis pour de nombreuses applications (telles que la visioconférence, le téléchargement de médias, la télémédecine, l’apprentissage et les jeux en ligne, la réalité augmentée et la réalité virtuelle) qui ont besoin d’une bande passante étendue pour atteindre des débits de l’ordre du gigabit », explique l'Arcep.
Après des mois de travaux, cette procédure touche à sa fin et le régulateur des télécoms vient de mettre en ligne son projet de décision sur « la transposition sur le territoire français des nouvelles dispositions introduites par la décision d’exécution (UE) 2021/1067 du 17 juin 2021 de la Commission européenne ».
Comme toujours en pareille situation, il est soumis à une consultation publique. Une dernière étape attendue, car elle conditionnera ensuite l'ouverture du 6 GHz à tous. Le Wi-fi 6E étant déjà développé aux États-Unis, les constructeurs sont déjà prêts et certains appareils sont déjà compatibles. Des annonces devraient donc suivre.
Free avait notamment indiqué qu'il avait choisi de ne pas proposer de Wi-Fi 6 au sein de sa Freebox Pop pour attendre plutôt le Wi-Fi 6E et l'ouverture du 6 GHz qui apportera de réels gains pratiques aux utilisateurs. Les autres FAI pourraient également se tenir prêt pour des mises à jour rapides de leurs équipements.
Quelques définitions et rappels
Le projet comporte cinq articles. Le premier pose des définitions utiles :
- Systèmes d’accès sans fil incluant les réseaux locaux radioélectriques (WAS/RLAN) : « les systèmes radioélectriques à large bande qui assurent un accès sans fil pour des applications publiques et privées quelle que soit la topologie du réseau sous-jacent ».
- Puissance isotrope rayonnée équivalente (“p.i.r.e.”) : « le produit de la puissance fournie à l’antenne et du gain de l’antenne dans une direction donnée relativement à une antenne isotrope (gain absolu ou isotrope) ».
Pour simplifier, on peut dire que le projet de l’Arcep est de permettre aux systèmes d’accès sans fil de s’établir « librement dans la bande de fréquences 5945-6425 MHz […] sous réserve du respect des conditions techniques prévues à l’annexe de la présente décision ». Les restrictions dépendent du type de dispositif.
Pour ceux « à faible puissance en intérieur, aussi appelés les LPI (Low Power Indoor) » – c’est-à-dire les points d’accès Wi-Fi et les box d'opérateurs – la bande des 6 GHz est limitée « à une utilisation en intérieur, y compris dans les trains équipés de fenêtres à revêtement métallique et les aéronefs ». Ce n’est donc pas autorisé en extérieur ou dans une voiture. De plus, la puissance isotrope rayonnée équivalente moyenne maximale est de 23 dBm.
De leur côté, les « dispositifs WAS/RLAN à très faible puissance, aussi appelés les VLP (Very Low Power) » – notamment les smartphones et les objets connectés – peuvent être utilisés en intérieur comme en extérieur. Leur puissance ne doit par contre pas dépasser les 14 dBm.
Enfin, et comme l’avait déjà annoncé la Commission européenne, « aucune garantie de protection contre les brouillages n’est accordée à ces systèmes » et ils « ne doivent en aucun cas causer de brouillage aux affectataires des bandes de fréquences concernées au titre du tableau national de répartition des bandes de fréquences ».
Cela signifie « qu’il ne doit y avoir aucun brouillage préjudiciable pour les services de radiocommunication et qu’il est impossible de prétendre à une quelconque protection de ces dispositifs contre les brouillages dus à des services de radiocommunication », détaille l’Autorité.
Contributions acceptées jusqu’au 30 septembre
L'Arcep précise que les contributeurs ont jusqu’au 30 septembre 2021 à 18h pour envoyer leurs commentaires. Comme toujours, les retours seront intégralement publiés, éventuellement caviardé de certains passages relevant du secret des affaires. La décision finale sera publiée au Journal officiel « après homologation par le ministre chargé des communications électroniques ». Sans doute d'ici la fin de l'année, si rien ne vient enrayer la machine.