Depuis son rachat par Patrick Drahi, Altice « dégraisse » régulièrement ses effectifs. On se souvient du large plan New Deal en 2016 (5 000 salariés). Un second est annoncé pour la France en moins d'un an. Après la branche médias, c'est à celle en charge des télécoms d'en faire les frais.
L'entreprise préfère parler dans son communiqué de projet stratégique « Transformation et ambitions 2025 ». Mais comme elle en a l'habitude désormais, elle veut réduire ses effectifs, sur fond de crise sanitaire, évoquant l'intensification de la nécessité d'investir. Elle l'avait déjà fait au sein de NextRadioTV (BFM, RMC, 01) en 2020.
« Il s’agit de pouvoir absorber le trafic qui ne cesse d’augmenter chaque année (+35% de trafic pour SFR en 2020) et de s’adapter aux évolutions technologiques récurrentes, comme la Fibre et la 5G » indique le groupe de Patrick Drahi. Pour rappel, il est en train de sortir de bourse, limitant notamment ses obligations de publications financières.
1 700 postes supprimés
Il évoque pêle-mêle divers objectifs comme celui de couvrir 90 % des foyers français en fibre d'ici quatre ans, 98 % des villes de plus de 10 000 habitants en 5G, 5 millions de nouveaux clients FTTH, 100 % de croissance sur son parc de PME clientes de SFR Business. Ces entreprises devront également être à 90 % raccordées en fibre. Il y a enfin le programme « J'avance avec Altice » en faveur de l'environnement annoncé à la fin de l'année dernière.
Mais tout cela passe surtout par une fin de parcours pour de nombreux salariés, notamment dans le domaine des boutiques dont la fréquentation est en baisse. « 400 salariés auraient la possibilité de partir dans le cadre de ce projet. De même, l’évolution du réseau de magasins initiée en 2019 se poursuivra pour atteindre comme prévu 568 magasins sur le territoire métropolitain à horizon fin 2022 ».
Des chiffres qui peuvent évoluer dans les cinq prochaines années prévient déjà le groupe.
Un impact plus important qu'annoncé selon la CFDT
1 300 autres départs volontaires sont concernés dans « les autres fonctions de l'entreprise », sans plus de précisions pour le moment. Un total de 1 700 postes donc, soit 11 % de l'effectif actuel (environ 15 000 salariés pour les activités télécom en France). La CFDT conteste cette présentation évoquant un « tour de passe-passe » dans la communication du groupe, tant sur les motivations de ce plan de départs que sur la réalité de son impact.
En effet, hors activité dans les médias, il serait de 15 % des effectifs de la distribution et 18 % de l'unité économique et sociale (UES) SFR. Le syndicat met aussi en avant les très bons résultats du groupe qui évoque de « vieilles ficelles » sorties par la direction. Une réunion de négociation se tiendra ce jeudi 4 mars.
On devrait alors obtenir les détails des secteurs visés. « Seules deux directions (des contenus et juridiques, soit 60 salariés au total...) seront « épargnés ». Pour les autres, il est systématiquement précisé qu'il y aura « des conséquences sociales sur les effectifs (qui) seront détaillées et explicitées lors d'une information d'information-consultation dédiée ». L'actualité sociale va donc être particulièrement dense » prévient la CFDT.
Des jeunes et de l'IA
Pour tenter de faire passer la pilule, Altice France-SFR dit vouloir recruter 1 000 jeunes diplômés sur la même période « Pour monter en puissance sur les nouveaux métiers qualifiés du numérique, par exemple liés à la sécurité, l’analyse de la donnée ou l’IA », sans que l'on sache ce que cela représente par rapport aux départs habituels sur une telle période (démission, retraite, etc.). Le nombre de contrats d'apprentissage passera à 1 000 par an.
Le groupe de Patrick Drahi dit ainsi accompagner « la dynamique du Plan « 1 jeune, 1 solution » du Gouvernement ». Il promet également la mise en place d'une politique de formation pour 100 % des salariés et de « conduire une réflexion plus large avec ses partenaires pour répondre à ces évolutions et aux attentes de ses salariés ».