Eco Rating, nouvel indice de « performance environnementale » des smartphones

Eco Rating, nouvel indice de « performance environnementale » des smartphones

Des informations fournies par… les fabricants

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Sébastien Gavois

Publié dans

Société numérique

27/05/2021 5 minutes
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Eco Rating, nouvel indice de « performance environnementale » des smartphones

À partir du mois de juin, Orange et quatre autres opérateurs européens attribueront des notes à certains smartphones qu’ils proposent à la vente. Cet indice permettra de situer « l'impact environnemental de la production, de l'utilisation, du transport et de la fin de vie » de ces appareils. 

Deutsche Telekom, Orange, Telefónica (O2 et Movistar), Telia Company et Vodafone ont décidé de s’associer pour lancer leur propre « indice de classification des téléphones mobiles » : l’Eco Rating. Il a été mis au point avec l’IHOBE, un organisme public spécialisé dans le développement économique et la protection de l’environnement. 

Selon les cinq partenaires, « cet étiquetage aidera les consommateurs à identifier et comparer les téléphones mobiles les plus respectueux de l’environnement ». Il devrait également encourager les fabricants à réduire l'impact environnemental de leurs produits pour obtenir un meilleur score… c’est du moins l'espoir affiché.

Un score sur 100 et des sous-scores « indépendants »

Quand on rentre dans le détail de l’Eco Rating, on apprend que le score final – sur 100 points – « est calculé à partir des informations fournies par les fabricants et d’une méthodologie d'évaluation cohérente, équitable et objective, basée sur 19 critères » : treize concernent les impacts environnementaux, six l'économie circulaire.

Le consortium ne semble donc faire aucune vérification et mise sur la sincérité des constructeurs. L’avenir nous dira si ce pari était le bon. La méthodologie précise ne semble pas encore avoir été détaillée publiquement, dommage.

Eco Rating

Dans la FAQ du site dédié à cet indice, on apprend qu'elle « a été établie de sorte que le score le plus élevé possible – 100 sur 100 – soit très difficile à atteindre pour les fabricants ».

Parodiant presque (volontairement ou non) Édouard Baer dans le film Astérix & Obélix Mission Cléopâtre, le site prend le soin de préciser qu’il « n’y a pas de "bons" ou de "mauvais" scores ». C’est également une manière de ne froisser aucun des partenaires même si on se doute bien qu’un score faible est plus « mauvais » qu’un score élevé. 

Cet Eco Rating peut être accompagné de cinq sous-scores : durabilité, réparabilité, recyclabilité, respect du climat et préservation des ressources. Le tout doit représenter aux consommateurs la « performance environnementale de l'appareil tout au long de son cycle de vie » et ainsi lui permettre de choisir en connaissance de cause. 

Pour compliquer un peu les choses, « le score final comprend des évaluations qui ne sont pas reflétées dans les sous-scores ». On apprend également que « le score global ne dépend pas directement des sous-scores et n'est pas calculé comme une moyenne des sous-scores »… pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Eco Rating

Indice de réparabilité vs Eco Rating : de faux jumeaux

Concernant la réparabilité, le consortium précise que cette note est totalement indépendante de celle mise en place par la Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (et l'ADEME) en France. Elle s’applique pour rappel à une large gamme de produits allant des smartphones aux lave-linge en passant par les téléviseurs.

Si les deux indices « reposent sur les mêmes normes sous-jacentes », il y a des différences affirme le consortium. Ainsi, le français « concerne la documentation (guides pour effectuer soi-même des réparations par exemple) ou la durée de disponibilité des pièces de rechange », tandis que l'Eco Rating « prend également en compte le support logiciel et la disponibilité des principales pièces de rechange telles que les écrans et les batteries ».

Le gouvernement entend également se diriger à compter de 2024 vers un indice de durabilité « en incluant de nouveaux critères, notamment la fiabilité et la robustesse de l’équipement ». Là encore, il y a fort à parier qu’il ne sera pas aligné avec le sous-score de durabilité de l’Eco Rating...

12 fabricants et 80 smartphones, pour le moment

Pour cette annonce, douze fabricants sont partenaires de l’Eco Rating : Bullitt Group (téléphones durcis CAT et Motorola), Doro, HMD Global (Nokia), Huawei, MobiWire, Motorola/Lenovo, OnePlus, OPPO, Samsung, TCL/Alcatel, Xiaomi et ZTE. De quoi déjà couvrir une large partie du marché, mais Apple et Google brillent par leur absence.

Au total, environ 80 smartphones sont déjà notés et d’autres s’ajouteront chaque mois à l’avenir. Leur Eco Rating sera affiché dans les boutiques physiques et/ou en ligne des opérateurs partenaires, dans les 24 pays européens où ils sont présents. Pour le moment, seuls les smartphones et features phones sont concernés.

« D'autres types de produits tels que les tablettes, les wearables/montres connectées, les objets connectés, les routeurs et les ordinateurs portables sont hors de portée pour le moment » précise le consortium. 

 

Eco Rating

Bien évidemment, il « encourage d'autres opérateurs de téléphonie mobiles à rejoindre l'initiative Eco Rating et mettra la méthodologie à leur disposition ». Si l’intention est louable, il faudra voir à quelle réalité correspondront les indices et s’ils intéresseront les consommateurs, etc. Ces derniers risquent en effet d’être un peu perdus s’il y a trop de logos et d’indices différents sur les fiches des smartphones et qu'ils ne sont pas simples à comprendre. 

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

Un score sur 100 et des sous-scores « indépendants »

Indice de réparabilité vs Eco Rating : de faux jumeaux

12 fabricants et 80 smartphones, pour le moment

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Commentaires (7)


Marrant, j’aurais pensé que Fairphone serait dans les classements. Alors soit c’est une charge pour eux de faire cette évaluation, soit on les a doucement mis de côté pour éviter de ridiculiser les autres :)


Dans d’autres nouvelles, la commission copie privée s’intéresse fortement à ces indices et envisage de les célébrer grâce à une conversion directe en barème.


La vache, ça se surpasse dans les départements marketing désœuvrés.


Elle n’est pas très claire cette notation. J’aurais plutôt vu:
1-Fortement dégradant pour l’environnement, mais parfaitement utilisable et fonctionnel (pour des années)
2-Fortement dégradant pour l’environnement et globalement utilisable (certainement pour des années mais vous serez lassé bien avant)
3-Fortement dégradant pour l’environnement et absolument inutilisable (vous regretterez votre achat dès la mise en service)


Son but, je crois que tout le monde l’a compris, et comme toutes les normes et labels strictement commerciaux, est uniquement d’être un support de communication, tout en apparaissant suffisamment “crédible” (LOL) pour générer un bullshit de fumée pour embrouiller encore plus Tonton Phyllogène et Tata Eugénie…



(Comment veux-tu que le conso moyen s’y retrouve dans toutes ces étiquettes ?)



…et bien lécher les constructeurs dans le sens du pelage… et récolter des sous au passage.



Oui parce que tu t’imagines bien qu’être examiné par leur “jury” et surtout décrocher une bonne note à ces “machins” n’est pas gratuit, loin de là…



Si tu savais le nombre de labels européens ou même mondiaux qui ne sont en fait que des pompes à monnaie quasi-maffieuses…



Ainsi, le français « concerne la documentation (guides pour effectuer soi-même des réparations par exemple) ou la durée de disponibilité des pièces de rechange », tandis que l’Eco Rating « prend également en compte le support logiciel et la disponibilité des principales pièces de rechange »




Oui donc les 2 prennent en compte la disponibilité des pièces de rechange, arrêtez de nous prendre pour des jambons …



Déjà que c’est les fabricants qui s’auto-évaluent … ça sent fort le caca de taureau tout ça …


Presque, l’un c’est toutes les pièces qu’il prend en compte, le second les “principales” (probablement écran, batterie et coque arrière) seulement.
Mais tout a fait d’accord qu’ils essaient de noyer un poisson.