Le lancement de la mission VV17 est un échec suite à une « anomalie » avec le quatrième étage. Les deux satellites qui étaient à bord sont également perdus. C’est un coup dur pour Arianespace et l’Europe puisque c’est le second échec en moins de 18 mois pour le lanceur léger Vega.
Cette nuit, Arianespace lançait une fusée Vega avec deux satellites à son bord. Il y a tout d’abord SEOSAT-Ingenio, « premier satellite d’observation de la Terre espagnol », mais aussi TARANIS (Tool for the Analysis of RAdiation from lightNIng and Sprites) du CNES : le premier « conçu pour observer les phénomènes électromagnétiques radiatifs et lumineux survenant à des altitudes comprises entre 20 et 100 km au-dessus des orages ».
Hélas, tout ne s’est pas passé comme prévu puisque le lanceur a échoué dans sa mission, provoquant la perte des deux charges utiles. Ce, alors que le précédent échec de Vega est encore tout chaud.
Le quatrième étage et le moteur AVUM en cause
Le CNES a publié un communiqué ne tournant pas autour du pot puisqu’il évoque bille en tête l’ « échec de la mission ». Il donne quelques précisions : « huit minutes après le décollage de la mission Vega n°17 (VV17), immédiatement après le premier allumage du moteur du quatrième étage Avum, une dégradation de la trajectoire a été constatée, entraînant la perte de la mission ».
Bien évidemment, l’analyse des données est en cours pour expliquer les raisons de ce cuisant revers. Dans l'émission consacrée à la mission VV17, on apprend quelques informations supplémentaires. On peut notamment y voir la trajectoire de la fusée se dégrader après l’allumage du moteur du quatrième étage.
Défaillance de la trajectoire en direct
Après un décollage sans encombre, les premières minutes s’enchainent avec divers intervenants vantant les mérites des deux satellites, d’Arianespace et de l’ensemble des participants.
Dix minutes après le lancement, le Centre Spatial Guyanais (CSG) annonce que « la condition est nominale […] la propulsion est nominale. Acquisition des télémesures par la station de Saint-Hubert »… alors que l’on apprendra plus tard que la défaillance avait déjà eu lieu depuis deux minutes. Sur les écrans, la courbe de la trajectoire semble suivre celle qui était prévue… mais ce n’est plus le cas une douzaine de minutes après le lancement.
Alors que Marino Fragnito (directeur de Vega Business Unit) est à l’écran pour revenir sur le lancement de VV16 et celui « complexe » de VV17, on peut voir la trajectoire se dégrader sur les écrans de contrôle juste derrière lui. Du côté des opérateurs dans le CSG, on pouvait deviner un peu d’inquiétude dans les regards.
Au bout d’un peu de plus de 20 minutes, le CSG annonce officiellement la mauvaise nouvelle, avec une courte phrase : « trajectoire dégradée à partir du premier boost AVUM ». Un peu plus tard, le centre de contrôle semble garder un peu d’espoir et ajoute : « Poursuite des activités au profit de VV17. En attente d’informations complémentaires sur la situation à bord. Que tous les moyens restent configurés ».
En clair, toutes les opérations au sol sont maintenues, les équipements restent en attente de communication de la part de la fusée. Un peu plus d’une demi-heure après le décollage, il n’y avait plus d’espoir : « Malheureusement après un décollage nominal et un bon allumage des trois premiers étages, nous avons constaté une déviation de la trajectoire après l’allumage de l’AVUM. Cette déviation est une anomalie, l’altitude et la vitesse n’étaient pas nominales. Il faut maintenant attendre les télémesures », expliquait Stéphane Israël (CEO d’Arianespace).
« Nous faisons un métier très difficile »
Après trois quarts d’heure, il revient avec des précisions : « Nous pouvons maintenant confirmer que la mission est perdue. Je vous rappelle ce que nous avons observé : huit minutes après le décollage et immédiatement après l’allumage du moteur du quatrième étage de Vega, nous avons observé une dégradation de la trajectoire. Cela signifie que la vitesse n’était plus nominale […] Je souhaite présenter mes excuses les plus sincères à nos clients ».
« Cet échec de Vega nous rappelle une fois encore que nous faisons un métier très difficile, où la frontière entre le succès et l’échec est extrêmement ténue. Les équipes vont immédiatement se remettre au travail pour analyser, comprendre et corriger les causes de cette défaillance afin de repartir en vol dans les meilleurs délais », explique de son côté, Jean-Yves Le Gall (président du CNES).
Défaillance de Zefiro 23 avec VV15, d’AVUM avec VV17
Vega est pour rappel composé de quatre étages, que voici dans l’ordre : P80, Zefiro 23, Zefiro 9 et AVUM (Attitude and Vernier Upper Module). Lors de l’échec de la mission VV15, une « défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Zefiro 23 » avait été identifiée « comme étant la cause la plus probable de l’anomalie ».
Après de multiples retards notamment causés par la crise sanitaire, Vega était de retour en vol cet été avec la mission VV16 et 53 satellites à son bord. C’était aussi l’occasion pour l’Europe de valider son « couteau Suisse » SSMS : « une structure modulaire et légère en fibre de carbone conçue pour envoyer dans l’espace de multiples charges utiles de petite taille et être configurée peu avant le lancement pour embarquer un nombre variable de satellites de différentes tailles ».
Le premier lancement de Vega remonte à 2012 et la fusée avait réalisé un sans-faute jusqu’à la mission VV15 en juillet 2019. La relève est certes en route avec Vega-C, mais l’attente sera encore longue puisque le vol inaugural a été repoussé en juin 2021. Arianespace tiendra une conférence de presse aujourd’hui à 14h afin de donner de plus amples informations sur cet incident.