L'un des grands projets de Framasoft pour 2020 est la v3 de PeerTube. Comme prévu, elle apportera le direct et en pair-à-pair, mais aussi d'autres améliorations. L'association dévoile aujourd'hui ses plans, financiers et techniques.
La crise sanitaire, la fermeture des écoles avec la continuité pédagogique et le confinement ont contraint Framasoft à s’adapter et à revoir une bonne partie de ses plans prévus pour l’année 2020. Parmi les changements, le financement de la v3 de PeerTube passant par des dons perlés sur six mois, plutôt qu'une campagne participative.
L’association met aujourd'hui en ligne sa feuille de route pour les six mois à venir avec, comme prévu, quatre paliers correspondant à des domaines spécifiques de PeerTube, pour un total de 60 000 euros à récolter sur six mois.
1er palier (10 000 euros) : index globalisé et paramétrable
La première étape se déroulera en juin et coûtera 10 000 euros. Elle correspond à la mise en place d’un « index globalisé des vidéos, pour faciliter la recherche de contenus au travers de toute la fédération », et non pas dans une instance.
L’association va donc « créer un serveur indexant la globalité des vidéos et des chaînes de toutes les instances PeerTube qui sont inscrites sur l'annuaire public ». Le code « sera conçu de façon à être facilement reproductible et paramétrable pour que quiconque puisse proposer son propre index, avec ses propres règles d’admissibilité ».
Parmi les possibilités évoquées, Framasoft s’attend à la création d’index répertoriant des vidéos parlant de jeux vidéo ou bien regroupant des contenus dépourvus de contenus pour adultes par exemple. Il est aussi question de « messages d'information [qui] permettront aux administrateurs d'une instance d'afficher une information aux personnes qui la visitent ».
Un « travail de fond » sur l’expérience et l’interface utilisateur sera aussi lancé dès le mois de juin, sans plus de détails. Il se déroulera sur l’ensemble de la période de développement de la v3 : « Nous choisissons de ne rien annoncer de spécifique à ce sujet, pour laisser aux personnes qui vont travailler sur ces points toute la liberté d’améliorer PeerTube de la manière qui leur semblera la plus pertinente ».
2e palier (10 000 euros) : la modération
En juillet, et là encore pour un montant de 10 000 euros « nous allons donc consacrer un mois à développer et améliorer les outils de modération » annonce l'équipe. Pêle-mêle il est question du suivi des signalements, d’un historique de modération, de la modération des commentaires, de rapports de modération liés à un compte, etc.
Framasoft évoque également le retour des actions engagées (ou non) suite à un signalement, la lutte contre les spams, le partage de listes noires d'instances, de comptes, de contenus… « Notre liste est déjà bien remplie et nous la prioriserons en fonction des retours que nous avons reçus ».
3e palier : intégration des listes de lecture et des plugins
En août et septembre, la troisième étape sera un plus gros morceau – pour un coût estimé de 20 000 euros – avec l’amélioration de l’ergonomie et de l’affichage des listes de lecture : « L’objectif est de permettre aux vidéastes d’intégrer des playlists directement dans leurs sites web ainsi que dans leurs fils de médias sociaux ».
« Nous souhaitons aussi permettre l'affichage de deux extraits d'une même vidéo dans une liste de lecture. Associée à la possibilité d'extraire un bout de vidéo précis dans une liste de lecture, les playlists pourront ainsi devenir des outils de remix très utiles, par exemple pour des usages pédagogiques », ajoute l’association.
Framasoft prévoit également d’« améliorer le système de plugins qui permet d’ajouter une nouvelle fonctionnalité à PeerTube sans toucher au cœur du code », le but étant de faciliter les contributions externes. L’association développera en interne un outil d’annotation de vidéos, qui lui permettra notamment de « mieux comprendre comment faciliter et mettre en valeur le travail des personnes qui contribuent à PeerTube en créant des plugins ».
Une sélection de plugins sera mise en avant sur le site de PeerTube.
4e palier : direct en pair-à-pair, avec un décalage de 30 à 60s
Enfin, la quatrième étape se déroulera sur octobre et novembre, avec la part la plus importante de cette v3 : la diffusion de vidéos en direct et en pair-à-pair. Une fois le live terminé, la vidéo sera « traitée et ajoutée à la chaîne du vidéaste, ce en respectant les impératifs pour que tout soit correctement fédéré ». Une demande récurrente de la communauté.
Un concurrent décentralisé à ce que propose YouTube/Twitch/Facebook, mais avec une intégration « minimaliste » pour le moment. Réaliste, l’association prévient qu'« avec un seul développeur à plein temps sur le projet, nous n’allons pas coder en deux mois le twitch-killer avec tout le fun des insta lives. Si vous vous attendez à des modules de tchat en direct, à des gifs rigolos qui s’animent lorsque Karen42 fait un don ou encore à des cœurs et des pouces qui poppent autour de l’écran, vous allez être très déçu·e⋅s ! ».
Quelques détails techniques : « En utilisant le lecteur vidéo "HLS" [HTTP Live Streaming, ndlr] mis en place depuis la version 1.3 de PeerTube, nous pensons pouvoir réaliser un direct avec un décalage d’une minute (voire 30 secondes dans les situations optimales) entre les vidéastes et les spectatrices ».
Ce décalage permettra de partager le flux entre les appareils qui afficheront le direct. De leur côté, les streameurs devront faire « certains efforts […] comme celui de passer par le logiciel libre OBS pour capter vos flux audio et vidéo ».
la v3 en novembre, financée sur fonds propres si besoin
La sortie de la v3 de PeerTube est ainsi prévue pour novembre 2020. Vous pouvez suivre l’avancement du financement de ce projet ici. Framasoft avait déjà annoncé la couleur : « que les dons couvrent le coût de l’étape ou non, nous poursuivrons ce développement… quitte à ce que ce soit sur nos fonds propres (comme nous l’avons fait pour développer la v2) ».
L’association se porte donc caution, car elle estime que cette v3 de PeerTube est « d’autant plus importante lorsque nous imaginons un monde où l’on doit parfois rester chez soi, diffuser des cours et conférences en live et à distance, ou filmer en direct une manifestation ». Elle a pour le moment reçu près de 89 000 euros de dons sur les cinq premiers mois de l’année (hors campagne pour PeerTube v3), soit un peu plus qu’en mai 2019.
C'était pourtant une année « record » avec 284 000 euros au total ; Première fois que Framasoft dépassait les 200 000 euros. « les gens [avaient] été généreux » nous expliquait Pouhiou.
Il faudra attendre encore plusieurs mois afin de voir ce qu’il en est pour 2021.