En 2019, 287 lieux équipés d’un compteur communicant Linky ont fait l’objet d’un contrôle des émissions des ondes par l’ANFR. Les relevés sont 20 fois inférieurs à la limite réglementaire, les valeurs baissant rapidement avec la distance.
Depuis janvier 2014, le dispositif national de surveillance de l’exposition aux ondes électromagnétiques – géré par l’Agence nationale des fréquences (ANFR) – permet à toute personne de demander gratuitement la mesure du niveau d’exposition dans les locaux d’habitation et les lieux publics (la procédure est détaillée dans cette brochure).
En juin 2018, le dispositif a évolué afin de « prendre en compte de nouvelles sources potentielles d’exposition liées aux objets communicants fixes comme les compteurs Linky par exemple ». Dans tous les cas, l’ANFR est destinataire des rapports et les publie sur le site cartoradio. Plusieurs fois par an, elle propose également un bilan des relevés des niveaux d’exposition aux ondes, en s’attardant sur les points atypiques et le cas des compteurs communicants Linky.
Malgré la publication de plusieurs analyses techniques très poussées sur le fonctionnement des compteurs électrique (cette vidéo de la chaîne YouTube Deus Ex Silicium et cet article Canard PC Hardware), des inquiétudes sont toujours présentes. En 2019, ce sont ainsi 287 lieux qui ont « fait l’objet de mesures dans la bande 9 kHz à 100 kHz ».
Des maximums plus de 20 fois inférieurs aux limites réglementaires
Entre juin (date de la mise en place du service ) et décembre 2018, 178 lieux avaient déjà été analysés pour arriver à la conclusion que tous les sites sont en conformité sur le niveau d’exposition aux champs électromagnétiques.
En 2019, le nombre de demandes de mesure est resté constant avec 287 demandes, soit 24 par mois en moyenne contre 25 en moyenne sur 2018. Cette année encore, « la conformité du niveau d’exposition aux champs électromagnétiques dans la bande 9 kHz – 100 kHz […] a été constatée sur tous les sites ayant fait l’objet d’une mesure ».
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a de la marge sur les deux composantes du champ électromagnétique : électrique (« E » en V/m) et magnétique (H en µT).
Dans le premier cas, le maximum légal dans cette bande de fréquence est de 87 V/m, or la plus haute mesure relevée par l’ANFR est de 3,8 V/m, quasiment 23 fois moins. On retrouve une marge du même ordre sur la composante magnétique du champ avec 0,27 µT, pour un maximum légal de 6,25 µT. En 2018, il était respectivement question de 3,7 V/m et 0,7 µT.
Afin d’estimer l’influence de la distance sur les niveaux d’expositions aux ondes, les mesures sont également triées en deux groupes : moins de 40 cm d’un côté, plus de 40 cm de l’autre. De 3,7 V/m et 0,27 µT dans le premier cas, on passe à 2,8 V/m et 0,04 µT dans le second. Bref, « dès qu’on s’éloigne de quelques dizaines de centimètres de la source de rayonnement, le niveau d’exposition baisse fortement ».
Aucune émission pendant une 1h dans la majorité des cas
Pour rappel, le CPL (courant porteur en ligne) est utilisé pour envoyer des informations de consommations. « Un dispositif de stockage, le concentrateur, situé dans le transformateur du quartier, interroge le compteur une fois par jour entre minuit et 6 heures du matin pour collecter les index stockés au cours de la journée écoulée [...] transmet ensuite ces données à un serveur informatique par un réseau de téléphonie mobile existant [...] interroge l’ensemble des compteurs qui lui sont rattachés à intervalles réguliers afin de surveiller l’état général du réseau basse tension ».
Lors de son analyse, l’Agence nationale des fréquences indique que « dans la moitié des cas (52%), aucune émission CPL Linky n’a été détectée malgré un temps de mesure moyen qui a atteint une heure dans ces situations particulières. Cela s’explique en particulier par l’intervalle d’interrogation des compteurs qui apparaît très variable selon la taille de la grappe ». Une situation finalement analogue à celle de 2018.
D’autres sources créent des champs comparables à Linky
« Les compteurs Linky ne communiquent pas en permanence. Les envois des trames CPL pendant la journée durent en théorie entre 0,1 et 0,2 seconde », explique l’Agence. En plus des maximums crêtes, elle propose donc « à titre informatif » une moyenne sur six minutes : « Les valeurs maximales mesurées […] sont de 0,96 V/m pour le champ électrique et de 0,04 µT pour le champ magnétique », soit quatre fois et sept fois moins environ que les maximums.
Si l’on ne prend en compte que les mesures en l’absence d’émission CPL, les résultats « montrent qu’il peut exister des sources de rayonnement dans cette bande autres que les compteurs Linky qui créent cependant des niveaux de champ comparables à ceux créés par les compteurs Linky ».
Des mesures en milieu urbain, majoritairement à 20 cm
En 2019, la topologie des mesures est quasiment la même qu’en 2018 : 82 % en milieu urbain pour 18 % en zone rurale, contre respectivement 81 et 19 %. C’est le « reflet de la répartition de la population française puisque près de 80 % de la population française vit en milieu urbain ». En 2018 comme en 2019, toutes les mesures ont été réalisées en intérieur.
Dans son protocole, l’ANFR prévoit que les mesures soient réalisées à 20 cm de distance, ce qui est le cas dans 75 % des analyses (+11 points par rapport à 2018). Mais il n’est parfois pas possible, pour des raisons techniques, de positionner la sonde à cette distance. 10 % des mesures sont ainsi réalisées entre 20 et 40 cm et 4 % à plus de 40 cm.
Si vous suivez le compte, il reste 11 % correspondant à des demandes spécifiques de choisir une distance plus grande, voire carrément de placer la sonde dans une autre pièce. L’ANFR n’entre pas davantage dans les détails. En 2018, cela concernait 14 % des mesures. Notez enfin que des mesures sur six compteurs Gazpar ont été effectuées par l’ANFR, mais le résultat n’est pas détaillé dans le rapport du jour.