Ce n’est pas une nouveauté, le Wi-Fi dans la bande des 5 GHz peut affecter les détections des radars météo. Récemment, deux cas ont été soumis à l’ANFR. Les fautifs ont été trouvés et ils ont apporté des changements à leurs équipements. C’est aussi l’occasion de rappeler l’importance de la gestion dynamique des fréquences (DFS).
Il y a peu, deux cas de brouillage de radars météorologiques ont été soumis à l’ANFR. L’un se trouvait dans la commune de Plabennec dans le Finistère, l’autre à Saint-Nizier-d'Azergues dans le Rhône. Deux lieux diamétralement opposés, deux origines évidemment différentes, mais une même cause : le Wi-Fi dans les 5 GHz.
Les radars météo exploitent également cette bande de fréquences pour détecter « dans un rayon de plus de 100 km les zones de précipitations (pluie, neige, grêle) », explique l’Agence nationale des fréquences. Une partie de cette bande leur est d’ailleurs réservée.
Pour le reste, une partie des 5 GHz est d’usage libre… « ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des règles à respecter » s’empresse de rappeler l’ANFR. Dans les deux cas du jour, c’est justement une utilisation non conforme qui était à l’origine des perturbations météo.
La vidéosurveillance d’une ville brouillait des prévisions météo
« Fin janvier, c’est le radar de Plabennec dans le Finistère qui a subi une perturbation importante affectant les échos relevés sur un large secteur d’observation allant de 350° à 10° », explique l’Agence. Dans ce genre de situation – avec des perturbations sur tous les azimuts ou presque – cela signifie souvent que la source responsable des émissions est proche du radar.
L’enquête a donc commencé « près du radar, mais seule une émission de faible amplitude a été détectée. Un autre point de mesure a donc été organisé dans le centre-ville près de l’église, sur laquelle des antennes de type RLAN [réseau local sans fil, ndlr] sont visibles. Ces mesures ont mis en évidence la présence de nombreuses liaisons Wi-Fi émettant dans la fréquence du radar météo ».
Le fautif est alors rapidement identifié : le système de vidéosurveillance qui utilisait des liaisons sans fil « de type Wi-Fi » installé par la commune. Il a été confirmé par une simple manipulation réalisée avec les prestataires de la mairie : une coupure physique des antennes, ce qui a immédiatement entraîné la fin des perturbations.

Un équipement Wi-Fi à 125 km perturbait un autre radar
Changeons de décor, direction Saint-Nizier-d'Azergues. Cette fois-ci, la source du signal perturbateur a été mesurée avec une puissance maximale dans l’azimut 74,5°. Les agents de l’ANFR ont alors remonté cette piste en voiture en effectuant régulièrement des mesures sur leur chemin. Finalement, « c’est finalement à 125 km du radar que le signal perturbateur est localisé ».
« Il s’agissait d’un équipement Wi-Fi fonctionnant sur le canal 121 [soit une fréquence de 5,605 GHz, ndlr] et utilisé par un opérateur d’Internet sans fil sur la commune de Mijoux dans l’Ain », qui est effectivement situé à un peu plus de 120 km à vol d’oiseau. Nous n’avons pas plus de détail sur le type d’équipement mis en cause.
Tout est rapidement rentré dans l’ordre
Dans les deux cas, l’ANFR a signalé aux responsables qu’ils étaient en infraction au titre de la réglementation des fréquences. L’Agence leur demande également de procéder aux modifications nécessaires afin de mettre fin au brouillage et de bien vérifier que le système de gestion dynamique des fréquences (DFS) soit activé sur les équipements.
Météo France n’a alors plus constaté de perturbation dans les deux communes. L’ANFR rappelle au passage que « le responsable d’un brouillage par manquement réglementaire encourt par ailleurs des sanctions pénales qui peuvent aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende en application de l’article L39-1 du CPCE ».
L’importance du Dynamic Frequency Selection (DFS)
Cette histoire est l’occasion de revenir sur les règles à respecter dans la bande des 5 GHz et sur la fonctionnalité DFS évoquée par l’ANFR. Comme son nom l’indique – Dynamic Frequency Selection – il s’agit d’un système dynamique de sélection de fréquences.
Dans la pratique, cela consiste à n'utiliser des fréquences libres qu'à la seule condition qu'aucun signal prioritaire – radar, station météo, usage militaire – ne soit détecté. Depuis 2005, la mise en place de cette fonctionnalité est obligatoire dans les bandes de 5 250 à 5 350 MHz (limitées à une utilisation en intérieur) et de 5 470 à 5 725 MHz (autorisé en extérieur). Pour les produits grand public en vente c’est automatiquement le cas, vous n’avez rien à faire.
Dans ces plages de fréquences, une puissance à ne pas dépasser est également définie. Dans le premier cas, la PIRE (Puissance Isotrope Rayonnée Équivalente) est de 100 mW maximum, contre 500 mW dans le second. Ces valeurs peuvent grimper jusqu’à 200 mW et 1 W avec l’utilisation d’un TPC (Transmitter Power Control) qui permet de réguler la puissance.
Le précédent de la borne à selfie sur la Tour Montparnasse
Rappelons que c’est loin d’être le premier cas du genre. Mi-2019, l’ANFR expliquait comment une borne à « selfie » installée sur la terrasse panoramique de la Tour Montparnasse brouillait les prévisions météo d’un radar installé à Trappes, une commune des Yvelines.
L’Agence nationale des fréquences avait alors notifié le propriétaire de la borne « d'une taxe de 450 euros pour frais d'intervention ». Rien de tel n’est précisé pour les deux cas du jour.
Dans ce document il est néanmoins indiqué que « l’utilisateur responsable du brouillage est redevable d’une taxe de 450 euros pour frais d’intervention (Art. 45, chapitre II de la loi de finances pour 1987, modifié par l’article 90 de la loi de finances rectificative pour 2003) ». Nous avons demandé ce qu’il en était à l’Agence et si des suites pénales étaient en cours. Nous mettrons à jour l'article quand nous aurons les réponses.
Notez enfin que d’autres systèmes peuvent perturber les prévisions météo, notamment la 5G sur la bande des 26 GHz, mais c’est une autre histoire liée à une décision des États-Unis.