VideoLAN se prépare à lancer la version finale de VLC 3.0 pour la fin de l’année. D’autres projets importants vont sortir courant 2018. Nous en faisons le tour avec Jean-Baptiste Kempf, président de l’association française.
Dans notre dernier article consacré notamment à VLC 3.0, Jean-Baptiste Kempf évoquait une arrivée de la version finale de VLC 3.0 pour novembre. Elle aura au bout du compte un mois de retard, avec une sortie prévue d'ici les fêtes.
Rappelons que parmi les nouveautés attendues, on trouve surtout une réécriture quasi complète du moteur, avec plusieurs bénéfices à la clé : même code sur toutes les plateformes, meilleures performances, ou encore une généralisation de l’utilisation du GPU pour le décodage. Il s’agit d’une version LTS (support allongé), la dernière à supporter de vieilles plateformes comme Windows XP et Vista.
Mais la fin de l’année verra également débarquer d’autres projets, ou en tout cas des préversions de ces nouveaux développements.
De la réalité virtuelle, du JavaScript et du benchmark mobile
L’arrivée de VLC 3.0 sera une grosse étape pour l’équipe de VideoLAN, même si l’entreprise VideoLabs s’occupe maintenant d’une majorité des développements. La nouvelle mouture fournira en fait une base qui servira aux autres projets.
Parmi ces derniers, une version VR spécifique aux casques de réalité virtuelle pour lire des contenus adaptés. Prévue elle aussi pour la fin de l’année, elle sera compatible avec tous les principaux modèles du marché, dont l'Oculus Rift, le HTC Vive et ceux compatibles Mixed Reality.
Là encore vers la fin de l’année, les développeurs devraient publier une première version exploitable de VLC JS. Actuellement compilée en asm.js, elle sera à terme entièrement en WebAssembly. Objectif, Permettre aux sites de l’incorporer sur leurs pages, en exploitant le même moteur et donc la possibilité de lire à peu près tout et n’importe quoi.
Comme nous l’explique Jean-Baptiste Kempf, il s’agira d’un projet modulaire, pour que seuls les téléchargements nécessaires soient faits côté client : « L’ensemble sera assez lourd, alors on a découpé le tout en modules pour ne charger que ceux requis pour lire un format particulier ». L’association est cependant en contact avec les éditeurs de navigateurs, car le support de WebAssembly y est pour l’instant trop basique. Le président indique par exemple la nécessité d’avoir une meilleure API pour la gestion du son.
Comme si ces projets ne suffisaient pas, une application mobile pour Android paraîtra également : VLC Benchmark. Réclamant la présence du lecteur multimédia sur le smartphone, elle permettra de tester ce dernier pour en jauger les caractéristiques. Résultat, l’utilisateur obtiendra des informations concrètes sur ce que sait faire son appareil avec les vidéos : Support de la 2K, 4K, H.265, maintien des 60 images par seconde, etc.
Pour le président de VideoLAN, l’offre Android est devenue si touffue qu’il est parfois nécessaire d’avoir des informations claires sur des questions aussi pratiques que « Que peut lire mon téléphone ? ». D’autant que le benchmark ne s’appuiera pas sur des algorithmes spécifiques, mais sur le moteur de VLC en situation réelle, d’où l’obligation d’avoir déjà le lecteur installé.
Vers VLC 4.0 et la recommandation de contenus
Même si VLC 3.0 sera bientôt là, le travail sur la version 4.0 a déjà commencé. Interrogé sur son arrivée, Jean-Baptiste Kempf nous répond « dans un an j’espère », avant de préciser : « Idéalement, on aurait une version majeure par an ».
La principale nouveauté de cette mouture sera une interface de type media center allégé. Elle permettra de scanner – au choix de l’utilisateur – les contenus présents localement pour les référencer dans un fichier. Une base de données spécifique est en cours de préparation pour que les informations manquantes sur les contenus soient ajoutées automatiquement.
Parallèlement, et sous forme de projet séparé, VideoLabs (donc l’entreprise) travaille sur un produit n’ayant pas encore de nom particulier. Entièrement tourné vers la recommandation de contenus, il se présentera surtout sous forme d’une plateforme web, accompagnée par des extensions pour navigateurs et des applications mobiles.
L’idée du service est de suivre les habitudes de l’utilisateur à travers tout ce qu’il regarde en streaming dans son navigateur. Un profil est alors constitué, permettant de lister ce qui a été visionné, quand et la plateforme concernée. Vous avez regardé Star Trek Discovery sur Netflix et Game of Thrones sur OCS ? Les informations apparaîtront telles quelles.
Des abonnements, des notes et des affiliations
Comme sur Twitter ou autres, les utilisateurs pourront s’abonner aux comptes de leurs amis. Ils obtiendront alors une chronologie ainsi que toutes les informations qu’ils auront cru bon d’ajouter, comme des notes et des critiques. Il sera également possible de recommander des contenus spécifiques, chaque personne pouvant par exemple pousser une série ou un film en particulier.
Point important, les plateformes consultées seront pleinement indiquées. Un élément crucial pour le service, puisque ces liens affiliés seront rémunérés, constituant le cœur du plan commercial. Une rémunération éventuellement complétée par la vente de statistiques agrégées (et anonymisées).
Le service fournira un moteur de recherche prenant notamment en compte les plateformes légales, mais les utilisateurs seront libres de lui en ajouter d’autres, sous forme de plugins. Le président nous précise à ce sujet que le trafic de ces plugins sera chiffré et que l’équipe n’aura aucun moyen de savoir ce qui y circule.
Le code de la plateforme web ne sera pas open source, mais celui des extensions et des applications le sera. Des applications qui laisseront l’utilisateur compléter des informations sur son profil s’il regarde une série ou un film à la télévision, manuellement ou… automatiquement. On pourra en effet viser l’écran avec son smartphone pour le filmer. À la manière d’un Shazam pour la musique, l’application consultera une base de données et sera capable d’indiquer le contenu.
Le service est en cours de bêta fermée et devrait s’ouvrir un peu plus dans un mois. La phase de test continuera cependant à fonctionner sur système d’invitation pendant un temps. Pour l’instant, l’équipe ne prévoit pas de date précise, mais la plateforme devrait être disponible dans « le courant de l’année prochaine », comme la plupart des versions finales des projets en cours. Le secret reste ainsi de mise, expliquant l'absence de captures d'écran.