Vladimir Poutine a validé d’une signature la nouvelle loi interdisant l’usage des solutions VPN et proxy pour accéder à des contenus interdits. Elle entrera en vigueur le 1er novembre, laissant trois mois aux éditeurs pour s’adapter. Une autre loi imposera un peu plus tard de lier son numéro de téléphone aux services de messagerie.
La Russie veut en finir avec les communications anonymes et autres transmissions intraçables. Les évolutions législatives de ces dernières années se dirigent toutes vers un cadre plus strict pour les communications électroniques. On se souvient récemment des soucis de Telegram, qui a accepté d’effectuer les démarches administratives nécessaires, mais refuse de stocker des données dans des serveurs en Russie, alors même que la loi l’impose désormais.
Il y a un peu plus d’une semaine, la Russie passait cependant à un stade supérieur, allant plus loin que la Chine : l’interdiction des solutions proxy, VPN ou de tout autre moyen permettant d’accéder à des contenus interdits ou n’étant pas officiellement disponibles dans le pays, pour quelque raison que ce soit. Ce texte, voté par la Douma (chambre basse du parlement russe), a été signé hier par Vladimir Poutine.
Nouveau haro sur les VPN
Ce n’est pas la première fois que les réseaux privés virtuels sont visés par un tel encadrement. Nous évoquions hier le cas de la Chine dans nos colonnes : Apple y a supprimé, dans son App Store, la plupart des clients VPN. Les éditeurs doivent ainsi depuis le début de l’année obtenir une autorisation spéciale pour commercialiser une telle solution. Certains ont accusé Apple de faire le jeu de la censure, la firme s'en défend en invoquant l’obligation de se mettre en conformité avec la loi.
La loi russe, bien qu’arrivant des années plus tard, va cependant plus loin : tout réseau privé virtuel, serveur proxy ou service proxy est désormais interdit. Pour les législateurs russes, il s’agit officiellement de lutter contre deux fléaux : les contenus extrémistes et le piratage, même si la première raison est celle la plus mise en avant – une situation qui n’a d’ailleurs rien de spécifique à la Russie.
Le texte entrera en application le 1er novembre. Les éditeurs concernés doivent donc se préparer à quitter le marché russe. Pour ceux qui n’exerçaient que dans le pays, la situation promet d’être plus complexe. On attend également les réactions d’Apple, Google, Microsoft et de toutes les entreprises proposant des boutiques susceptibles d’abriter les applications touchées par cette interdiction.
En finir avec les communications anonymes
Pour la Russie, il est devenu intolérable que l’on puisse encore se cacher à travers de tels outils. Le pays rêve de pouvoir relier toute adresse IP ou numéro de téléphone à une personne unique, et souhaite manifestement légiférer autant qu’il le faudra pour y parvenir. Même si les dernières lois votées risquent déjà d’avoir de fortes retombées.
La loi sur les VPN et proxys n’est en effet pas la seule à avoir été votée. À compter du 1er janvier 2018, tout service de messagerie instantané sera ainsi tenu d’exiger le numéro de téléphone de l’internaute pour être utilisé. Dans la pratique, c’est déjà le cas d’un grand nombre d’entre elles. Mais pour Facebook Messenger par exemple, il faudra procéder à des aménagements, sous peine d'être interdit dans le pays.
Là encore, il sera intéressant de voir comment les sociétés visées répondront à cette nouvelle obligation. On imagine sans mal la volonté de rester sur un marché qui compte plus de 146 millions d’habitants, mais le protectionnisme ambiant aura nécessairement des conséquences commerciales pour les entreprises qui veulent proposer leurs produits, quand leur activité n’est pas purement et simplement bloquée.