Hier, l'Urssaf a rendu visite au centre d'accueil des chauffeurs VTC d'Uber à Aubervilliers, pour un motif inconnu. Il y a quelques jours, un tribunal a donné raison à la société face à l'institution, pour vice de forme. L'Urssaf accuse l'entreprise de détourner le statut d'indépendant, alors que la colère des chauffeurs continue de gronder.
Hier, l'Urssaf d'Ile-de-France a mené une perquisition au centre d'Uber pour ses chauffeurs de Seine Saint-Denis, à Aubervilliers. Si l'entreprise a confirmé la descente à plusieurs médias (dont La Tribune), peu d'éléments en ont filtré. Le motif de cette venue reste encore officiellement inconnu, même si l'Urssaf enquête depuis 2015 sur des soupçons de travail dissimulé.
Un différend entre Uber et l'Urssaf
Cet événement intervient quelques jours après que le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) de Paris a annulé un redressement de cinq millions d'euros pour vice de forme. La somme concerne la période du 1er janvier 2012 au 30 juin 2013. Pour le tribunal, la procédure de l'Urssaf n'aurait pas réellement été contradictoire, Uber ne pouvant pas correctement se défendre.
Sur le fond, l'Urssaf affirme qu'Uber doit verser les cotisations sociales des travailleurs indépendants qu'il emploie, à cause du lien de subordination qui lie la plateforme aux chauffeurs. Elle accuse même l'entreprise de détourner le statut de ces indépendants. Concrètement, elle a constaté que des chauffeurs conduisaient pour la plateforme sans déclarer de revenus. Face à cela, la riposte judiciaire de la société américaine est bien entamée, la saisine du TASS de Paris en étant un signe.
La tension est importante entre Uber et l'institution, qui avait tenté de requalifier les chauffeurs indépendants en salariés, en mai 2016. Depuis, la situation s'est envenimée entre l'entreprise et ses prestataires. Après un week-end de blocage en décembre, Uber a promis un fonds de deux millions d'euros pour les chauffeurs en difficulté, sans préciser les modalités d'éligibilité ou de versement.
Un centre très actif sur le recrutement
En septembre, Uber avait donc ouvert son centre d'Aubervilliers, auquel Les Jours a récemment consacré une enquête. Ce lieu discret reçoit notamment les personnes exclues par le service, sur sa seule décision, alors qu'il s'agit du seul emploi de certains d'entre-eux. Les notes des clients sont bien cruciales pour eux, s'agissant du principal critère de jugement par la plateforme.
Pour éviter la pénurie de chauffeurs, elle draguerait également les taxis, qui peuvent cumuler ce statut avec celui de VTC depuis peu. Une prime de parrainage de 250 euros à partir de la vingtième course aurait été mise en place. Dans ce contexte, des sénateurs proposent la déclaration automatique des revenus issus des plateformes, en considérant l'activité professionnelle à partir de 3 000 euros de revenus annuels. La dissimulation éventuelle pourrait donc devenir bien plus difficile.
Dans le même temps, Uber continue d'afficher d'importantes pertes au niveau mondial, pour un total de quatre milliards de dollars de pertes depuis son lancement. Depuis fin 2014, elle a par contre levé 12 milliards de dollars. Pas encore de quoi s'inquiéter, donc, surtout quand Google Ventures est au capital. En France, la société avait tout de même été condamnée fin janvier à verser 20 millions d'euros pour publicité trompeuse.