Le contrat Open Bar entre Microsoft et la Défense à l’honneur de Cash Investigation

Du bon, du blé, Dublin
Droit 3 min
Le contrat Open Bar entre Microsoft et la Défense à l’honneur de Cash Investigation
Crédits : Cash Investigation

Hier l’émission Cash Investigation est revenue sur le contrat Open Bar signé entre Microsoft et le ministère de la Défense. Un contrat lourd de millions d'euros qui pose de sérieuses questions stratégiques et d'indépendance militaire. 

« Nous allons vous révéler comment la firme américaine s’est introduite au cœur de l’armée française ». D’entrée, cette annonce alléchante de l’émission Cash Investigation a fait référence à un accord déjà divulgué par Next INpact à partir d‘avril 2008, détaillé en février 2013, repris également par différents articles du Canard Enchainé, du Vinvinteur, de BugBrother, et avant tout de l’April.

Version Cash Investigation, voilà une superbe « stratégie du cheval de Troie » de la part Microsoft, quand celui-ci, par la voix de Marc Mossé, son directeur des affaires publiques, a préféré évoquer l’argument du business. Pour mémoire, cet accord passé selon la procédure de marché négocié, sans publicité préalable ni mise en concurrence, a permis à l’éditeur américain d’investir des dizaines de milliers de postes informatiques au sein de la Défense. 

Addiction et vulnérabilité d'une approche mono-produit

Sa signature s’était faite dans une curieuse ambiance puisque des documents internes avaient dégommé ce choix sans l’ombre d’une hésitation. Risque d’addiction aux technologies Microsoft, affaiblissement de l’industrie française et européenne du logiciel, vulnérabilité de l’approche mono-produit, etc. On pourra consulter un détail chronologique de ce curieux mariage sur le site de l’April)

Cash Investigation a justement interrogé l’un des rédacteurs de ces documents : « Je pense que la décision était prise avant même qu’on lance l’étude. Ce contrat, il y a des gens qui ont les fesses pas propres, ils savent et ils flippent. Si vous arrivez à appuyer au bon endroit, peut-être qu’il y a des têtes qui sauteront, mais en tout cas il y en a qui n’ont pas la conscience tranquille ». Selon un ancien ingénieur de l’armement, il y aurait bien un risque de dépendance à n’utiliser que les produits d’un seul éditeur. « On n’est plus maitre chez soi » a-t-il soutenu, avant de s’étonner que « le seul scénario déconseillé a été celui in fine retenu ».

Pour Microsoft c’est évidemment une belle affaire puisque la première vague de cet accord, riche de 82 millions, est passée à 120 millions d’euros sur quatre ans. « Les militaires français sont devenus accrocs à Microsoft ». Pour Bercy, l’opération est moins glorieuse fiscalement puisque le contrat étant signé avec Microsoft Irlande, c’est avant tout le fisc local qui a dû se contenter des miettes laissées par le montage de type double irlandis.

Une balance de risque par rapport à un coût

Le plus cocasse de l’émission reste sans doute l’intervention du vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général à la cyberdéfense à l’Etat-major des armées, ministère de la Défense. Celui-ci était membre du comité de pilotage présidé par Alain Dunaud, celui chargé d’étudier la proposition de Microsoft.

« En termes de sécurité, moi personnellement, cela ne m’inquiète pas plus que ça. Après effectivement, Microsoft étant propriétaire des sources de ses logiciels, il est très difficile d’avoir la garantie qu’il n’y a pas de backdoor, de vulnérabilités cachées dans les produits. Si vous voulez, c’est une balance de risque par rapport à un coût. Aujourd’hui (…) ce n’est pas là  que résident nos principales failles de sécurités ou vulnérabilités ».

L’accord passé avec Microsoft n’est pas le seul qui lie l’éditeur à un ministère. Rappelons que l’éditeur a noué également un juteux partenariat avec l’Éducation nationale. Un contrat de mariage que n’a pu casser la justice dans le cadre d’une procédure de référé.

Interrogée, la ministre Najat Vallaud-Belkacem ne s'est pas dérobée comme le ministre de la Défense hier soir. Dans nos colonnes, elle a réfuté cependant le risque de dépendance pour les jeunes : « C'est un peu comme si vous me disiez que le fait d'utiliser telle édition de manuel scolaire rende les enfants addicts à cette édition... »

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