Hier, la fusée Falcon 9 de SpaceX a explosé avec son chargement à bord, le satellite AMOS-6. En plus de la société d'Elon Musk et de l'opérateur israélien Spacecom, Facebook et Eutelsat sont directement concernés par cette perte.
Hier, en fin d'après-midi, une fusée Falcon 9 de SpaceX a explosé sur son pas de tir. Aucune victime n'est apparemment à déplorer et les dégâts ne sont que matériels pour le moment. Le satellite de communication AMOS-6 qui devait être envoyé en orbite géostationnaire, a été entièrement détruit.
Seconde explosion pour une fusée Falcon 9, sur le pas de tir cette fois-ci
Sur près d'une trentaine de lancements pour Falcon 9, c'est la seconde fois que cela se termine par une explosion. La première a eu lieu fin juin 2015 lors de la mission CRS-7 qui devait ravitailler la Station Spatiale Internationale. À l'époque, l'enquête avait conclu que la cause était une entretoise défectueuse dans le second étage de la fusée. Il aura fallu attendre six mois pour que Falcon 9 revienne sur le pas de tir avec un lancement fin décembre de l'année dernière.
Mais l'incident d'hier est différent, déjà car il ne s'est pas déroulé pendant le décollage. La fusée était en effet installée sur son pas de tir à Cap Canaveral en Floride et l'explosion est « intervenue durant les opérations de remplissage des réservoirs » explique Elon Musk. L'origine se situe au niveau du réservoir d'oxygène de l'étage supérieur, mais « la cause est pour le moment inconnue » ajoute-t-il.
Dans un communiqué, la société indique qu'il s'agissait de réaliser un « essai statique de mise à feu des moteurs » avant le lancement qui devait avoir lieu ce week-end (avec une probabilité de 70 % au dernier relevé, mais qui est désormais de 0 %...). SpaceX ajoute que, « conformément aux procédures standards, le pas de tir était évacué et il n'y a pas de blessés ».
Le satellite AMOS-6 détruit, Marck Zuckerberg est « profondément déçu »
Lors de cet exercice de mise à feu, la fusée était chargée comme elle l'aurait été pour son lancement, avec le satellite AMOS-6 qui couterait environ 200 millions de dollars selon Space Flight placé sous la coiffe. Bien évidemment, avec la violence de l'explosion (et la chute de la tête de la fusée comme on peut le voir sur la vidéo), celui-ci est complètement hors d'usage. La question de l'assurance se pose alors (puisque l'accident a eu lieu avant le décollage), mais l'opérateur Spacecom ne s'est pour le moment pas exprimé sur le sujet.
Il a été construit par Israel Aeorospace Industries (IAI) pour le compte de l'opérateur Spacecom. Il s'agit d'un gros satellite de 5,5 tonnes qui devait venir remplacer AMOS-2, un autre satellite de la société en place depuis maintenant près de 13 ans. La carte de couverture prévue d'AMOS-6 est disponible ici.
L'opérateur israélien n'est pas le seul à pleurer la perte du satellite : c'est également le cas de Marck Zuckerberg, le PDG de Facebook. AMOS-6 devait en effet servir à développer un accès à « Internet » en Afrique, via l'initiative Internet.org du réseau social.
Le patron de Facebook s'est d'ailleurs exprimé sur son profil public : « Alors que je suis ici en Afrique, je suis profondément déçu d’apprendre que le lancement raté de SpaceX a détruit notre satellite qui aurait pu offrir une connexion à tant d’entrepreneurs et à tout le monde à travers le continent ». Il ajoute que, « heureusement », Facebook planche sur d'autres solutions, comme le drone Aquila (voir cette actualité).
Eutelsat prévoit jusqu'à 30 millions d'euros d'impact
Dans un communiqué de presse, Eutelsat « regrette » lui aussi la perte de ce satellite. La société explique en effet que, « en partenariat avec Facebook, un accord pluriannuel avait été signé par Eutelsat pour louer la charge utile en bande Ka de ce satellite couvrant l'Afrique sub-saharienne, afin d’y lancer des services haut débit à partir du début de l’année 2017 ». Face à cet incident, la société explore donc d'autres pistes afin de desservir ses clients en Afrique, en attendant le lancement de son satellite HTS prévu pour 2019.
Dans tous les cas, la société fait ses comptes. Elle prévoit ainsi un impact de 5 millions d'euros sur son chiffre d'affaires en 2016-2017, 15 millions d'euros pour l'exercice fiscal suivant et de 25 à 30 millions pour 2018-2019. Néanmoins, « les coûts opérationnels liés à ce projet qui seront économisés permettront de compenser partiellement l’impact au niveau de la marge d’EBITDA ». L'opérateur ajoute que ses objectifs financiers publiés fin juillet « sont confirmés ».
Et maintenant ?
Quoi qu'il en soit, il faudra désormais attendre les résultats de l'enquête afin d'en savoir plus sur les causes de cet accident et sur le calendrier des prochains vols. Pour rappel, six mois avaient été nécessaires à SpaceX pour revenir sur le pas de tir la dernière fois. Dans tous les cas, si SpaceX devait avoir du retard dans le transport de cargaison mandaté par la NASA (pour la Station Spatiale internationale par exemple), d'autres partenaires américains ou étrangers pourraient prendre le relais, comme cela fut le cas l'année dernière après la première explosion.
Du côté de la NASA, les nouvelles sont bonnes puisque l'agence spatiale américaine a procédé à un premier examen des engins qui se trouvaient également à Cap Canaveral (à 1,8 km environ du pas de tir de la fusée de SpaceX). Rien n'est pour le moment à signaler sur la fusée Altas 5 ainsi que sur le module OSIRIS-REx.
Le lancement de ce dernier est d'ailleurs toujours prévu pour le 8 septembre a confirmé un porte-parole du centre spatial à nos confrères de SpaceFlight Now. Pour rappel, le but de cette mission et d'étudier l'astéroïde Bennu et d'en ramener un échantillon sur Terre en 2023 si tout va bien.
The Atlas V rocket will boost NASA’s @OSIRISREx spacecraft on its way to the asteroid Bennu. https://t.co/Q2CsZAJKiM pic.twitter.com/5ncbzCS8SO
— NASA_LSP (@NASA_LSP) 25 août 2016