Altice : un deuxième trimestre terni par les résultats de SFR

La fille à papa s'est trompée de chemin
Economie 6 min
Altice : un deuxième trimestre terni par les résultats de SFR
Crédits : zimmytws/iStock

À son tour, Altice a présenté ses résultats pour le deuxième trimestre. Les mauvais résultats de SFR tirent le câblo-opérateur vers le bas, mais il reste optimiste notamment grâce aux bonnes performances enregistrées outre-Atlantique.

Chez Altice, tout va bien ou presque. Lors de la présentation de ses résultats pour le deuxième trimestre, la maison-mère de SFR a tenté de mettre en avant sa « transformation réussie » en un géant de la fourniture d'accès à Internet et de contenus. Un objectif atteint grâce à la clôture de l'acquisition de Cablevision et celle de groupes médias en France estime Michel Combes, le directeur exécutif d'Altice.

SFR, un caillou dans la chaussure d'Altice

Les revenus d'Altice ont enregistré un léger recul au dernier trimestre, avec 5,83 milliards d'euros contre 5,98 milliards un an plus tôt. Cette baisse est principalement due aux mauvaises performances de SFR sur les trois derniers mois, et dans une moindre mesure à Optimum (anciennement Cablevision) dont le chiffre d'affaires a fondu de 1 % en un an. Des contrecoups que Suddenlink et Altice International (MEO, HOT, Green...) ne sont pas parvenus à faire oublier. 

L'EBIDTA du groupe s'établit quant à lui à 2,27 milliards d'euros, soit 2,7 % de mieux que l'an passé à la même période. Là encore, il convient de séparer les résultats de SFR (-6,8 %) de ceux des autres branches d'Altice qui ont tous signé une croissance comprise entre 8,7 et 16 % de ce côté-là. SFR est également la seule branche d'Altice à enregistrer une baisse du cash-flow. Pendant qu'à ce niveau Suddenlink affiche une croissance de 57,3 % et Optimum de 38,8 %, SFR fait état d'un recul de 35,7 %.

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Michel Combes n'a d'ailleurs pas mâché ses mots au moment d'évoquer les résultats de sa filiale française : « En France, nos activités enregistrent des résultats significativement plus bas que les autres, notamment en termes de cash-flow ». Un niveau bas qui, selon lui, confirme le besoin de restructurer en profondeur l'opérateur au carré rouge. La restructuration prévue à l'horizon 2019 devrait coûter 800 millions d'euros à SFR, mais permettre 400 millions d'euros d'économies par an.

Un plan pour remettre SFR sur les rails

L'une des premières dispositions prises par SFR a été de « moins réagir aux offres destructrices de marge de la concurrence », notamment sur le segment de l'entrée de gamme. Michel Combes estime qu'il est du rôle de la marque RED de chasser sur ce segment, mais cela ne doit pas se faire au prix de marges négatives. Il est néanmoins question d'une vague de promotions plutôt agressives pour la rentrée. 

SFR veut par ailleurs se concentrer sur la migration de son parc de clients en ADSL vers son réseau « Fibre ». Le ralentissement des recrutements en FTTx ne satisfait pas la direction qui veut mieux exploiter ses 8,5 millions de prises commercialisables en France. Cela doit passer par des incitations à passer à la fibre, mais également par une meilleure information des consommateurs sur les avantages de ce réseau par rapport à l'ADSL.

Les avantages ne se trouvent d'ailleurs pas seulement côté client, Altice estime que d'importantes migrations vers son réseau maison seraient source de revenus plus élevés, de coûts mieux maitrisés, et d'un taux de résiliation plus faible.

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Les pratiques de l'opérateur doivent également être remaniées, notamment grâce aux retours d'expérience de Meo au Portugal ou de Hot en Israël, d'autres FAI pilotés par Altice. Il est par exemple question de cesser de couper automatiquement l'ADSL une semaine après une demande de migration vers la « fibre » (à terminaison optique ou coaxiale). Michel Combes note que parfois la connexion à Internet est coupée avant même l'installation de la nouvelle ligne, ce qui cause un taux élevé de résiliations.

L'installation à domicile est également pointée du doigt : « les techniciens doivent non seulement amener la box chez le client mais l'installer et s'assurer que tout fonctionne » claironne l'actuel PDG du groupe SFR, qui a visiblement beaucoup appris auprès des autres filiales d'Altice.

Suddenlink et Optimum, les nouvelles machines à cash d'Altice

Pendant ce temps, aux États-Unis, tout semble sourire à Altice, Suddenlink et Cablevision (désormais baptisé Optimum). « Nous ne pensions pas progresser aussi rapidement », s'enthousiasme Dexter Goei, le PDG d'Altice. Il entrevoit en effet de nombreuses opportunités sur le marché des particuliers tandis que le taux de pénétration de ses offres dans les entreprises serait encore très faible.

Les deux câblo-opérateurs américains continuent d'engranger de nouveaux abonnés, mais à un rythme assez peu soutenu : +2,9 % en un an pour Suddenlink et +1 % pour Optimum. Pendant ce temps, leur ARPU continue de grimper, avec 116,5 dollars pour le premier et 159,9 dollars pour le second. Des chiffres qui doivent laisser rêveurs bien des opérateurs européens. À titre de comparaison, l'ARPU de SFR sur ses offres « fibre » oscille entre 38 et 40 euros selon les trimestres, une valeur déjà élevée sur le marché français. 

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La première phase de synergies ayant déjà pris place entre les deux entreprises, commence à porter ses fruits, avec notamment un cash-flow significativement plus important que l'an dernier pour chacune d'elles. Altice prévoit de se servir de ces fonds pour accélérer la modernisation des infrastructures des deux marques, avec dans un cas un plan visant à étendre la couverture géographique de ses offres Gigabit et dans l'autre à poser les bases du plan de montée en débit exigé par New York

Une dette qui reste imposante

Dernier point important pour le groupe de Patrick Drahi : la dette. Celle-ci se maintient à hauteur de 50,5 milliards d'euros après la finalisation du rachat de Cablevision, soit 6,0 fois l'EBITDA du groupe.

Du côté de SFR, la dette nette est de 15,118 milliards d'euros, avec un ratio de 4 fois l'EBITDA, soit l'extrême limite imposée par le gouvernement français au moment du rachat de l'opérateur. Par conséquent, la marque au carré rouge a annoncé qu'elle ne versera aucun dividende à ses actionnaires en 2016, afin de se donner le temps d'améliorer cet indicateur. 

Dette Altice Q2 16Dette Altice Q2 16

Aucun gros remboursement n'est attendu d'ici la fin de l'année, mais les choses sérieuses commenceront en 2017 et 2018 avec Optimum qui devra verser 845 millions d'euros puis 1,4 milliard d'euros à ses créanciers. Pour SFR, la première échéance majeure est prévue pour 2022 avec 4,4 milliards d'euros à sortir. Sur cette seule année, Le groupe Altice dans son ensemble devra trouver 14,2 milliards d'euros pour répondre à ses obligations. D'ici là le groupe néerlandais aura certainement eu le temps de renégocier ses emprunts.

En bourse, les investisseurs ont accueili très favorablement toutes ces nouvelles. L'action d'Altice a ainsi bondi de plus de 13 % en séance, valorisant le groupe à plus de 16 milliards d'euros. Du côté de chez SFR, les résultats bien que peu reluisants étaient au-delà des attentes des marches, l'action grimpe donc de plus de 9 %, pour une valorisation de 10 milliards d'euros. La confirmation de la signature des accords sur l'emploi avec les syndicats pourrait également avoir joué un rôle dans cette hausse.

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