L’eurodéputé Marc Tarabella demande à la Commission européenne d'enquêter sur les conditions générales d’utilisation de Tinder. Pour lui, l'application de rencontres « tire profit, de manière illicite, des données glanées » auprès de ses utilisateurs. Runkeeper et Happn sont également dans son collimateur.
« Lorsque vous vous inscrivez sur ce site, l'entreprise peut faire ce qu'elle veut de vos données : les montrer, les distribuer à n'importe qui ou même les modifier. » Cet avertissement guère rassurant est loin d’arriver dans nos oreilles pour la première fois... Si Facebook a notamment été épinglé à ce sujet, c’est désormais au tour de l’application Tinder d’être ainsi pointée du doigt.
L’eurodéputé belge Marc Tarabella affirme que les conditions d’utilisation de la célèbre application de rencontre « violent le droit européen ». Au travers d’un communiqué, l’élu PS explique que « la réutilisation des données des consommateurs et des photos, même après la désactivation d’un compte, posent problème ». Un petit détour par ces fameuses clauses que tout le monde accepte mais ne lit jamais permet par exemple d’apprendre que les utilisateurs de Tinder accordent automatiquement à l’entreprise américaine un droit mondial à la reproduction, la transformation ou la diffusion des contenus qu’ils publient via l’application (point 9c).
« On pourrait également reprocher le manque de contrôles sur l'utilisation de l'appli aux mineurs. Même si elle leur est officiellement interdite, contourner ce blocage est nettement trop simple » déplore au passage le parlementaire.
L'élu plaide pour une enquête approfondie sur les clauses des applications mobiles
Marc Tarabella a donc demandé hier matin à la Commission européenne l'ouverture d'une enquête, afin que « Tinder se mette en conformité avec la loi » et respecte les droits de ses millions d’utilisateurs européens. « De manière plus globale, nous demandons aussi que la Commission fasse la chasse à toutes les entreprises qui instaurent des clauses abusives dans les applications mobiles et sanctionnent lourdement les coupables. »
L’élu n’hésite pas à donner des noms. Runkeeper, application à destinations des joggeurs, « collecterait et transmettrait les données des utilisateurs à leur insu, même lorsque l'appli est inactive, soutient Marc Tarabella. Les mêmes reproches peuvent être fait à Happn, application de rencontres géolocalisées qui transmettrait les données à des tiers. » Cette dernière avait d’ailleurs fait l’objet, en France, d’une plainte de l’UFC-Que Choisir auprès de la CNIL.
Ce matin,j'ai demandé à la Commission l'ouverture d'1enquête EU sur la violation de la protection des données perso par #Tinder @europarl_fr
— Marc Tarabella (@marctarabella) 3 août 2016
L’eurodéputé termine en affirmant que l’internaute européen est « encore trop souvent victime du manque de transparence orchestré par des entreprises peu scrupuleuses ». La liste des géants accusés de proposer des conditions d’utilisation illicites n’a effectivement cessé de s’allonger ces dernières années : Facebook, Google et Twitter sont sous le coup d’une assignation de l’UFC-Que Choisir, la Répression des fraudes a récemment enjoint l’entreprise de Mark Zuckerberg à modifier plusieurs clauses considérées comme abusives, Netflix a été attaqué par l’association de consommateur CLCV, etc. Aucune condamnation n’a cependant été prononcée pour l’instant.