Le service de streaming SoundCloud propose enfin son offre payante, qui doit concurrencer les Apple Music, Deezer et Spotify. Son originalité : son catalogue d'artistes indépendants hébergés uniquement sur sa plateforme, qui seront mélangés à ceux des majors. Il s'agit de la bouée de sauvetage de la société, dont la santé inquiète.
SoundCloud Go est enfin là. Le service d'hébergement et de streaming de musique a lancé hier aux États-Unis son abonnement payant à 9,99 dollars par mois (12,99 dollars via iOS). Il donne accès au contenu des principaux labels musicaux et des artistes hébergés sur sa plateforme. Comme une partie de ses concurrents, SoundCloud Go offre 30 jours d'essai gratuit, avant de commencer à facturer. Aucune date n'a par contre été évoquée pour l'arrivée du service en France.
Cette nouvelle formule vient en complément du compte gratuit, qui donne toujours accès au contenu généré par les utilisateurs du service. Pour rappel, SoundCloud est avant tout utilisé comme plateforme d'hébergement de musique pour artistes amateurs et indépendants, avec des fonctions communautaires et marketing importantes. Cette partie ne bouge donc pas en soi, et vient même s'intégrer à l'abonnement payant. À noter d'ailleurs que l'abonnement à SoundCloud Go passe à 4,99 dollars par mois pour les créateurs qui ont souscrit à Pro Unlimited, l'offre de stockage illimité du service
De nouveaux contenus et de nouvelles fonctions
Cette formule payante apporte donc de nouveaux contenus, ceux des principaux labels mondiaux. « Désormais, grâce à nos accords de licence avec UMG, Sony, Merlin, Warner et d'autres, des tonnes de nouveaux morceaux seront aussi disponibles aux côtés de vos nouveaux artistes et indés favoris » promet le service. Ces derniers mois, SoundCloud a ainsi multiplié les accords avec les majors.
Le dernier accord date d'il y a moins de deux semaines, avec Sony Music Group, qui aurait pris une participation dans la société en échange de son catalogue. Comme pour les autres majors, les artistes de Sony Music ont aussi logiquement accès aux outils marketing de SoundCloud.
Pour les artistes indépendants déjà présents sur le service, la jeune pousse promet de mêler leurs contenus à ceux des artistes installés. Via les fonctions de découverte, « vos meilleures œuvres peuvent être mise à la suite d'un morceau en tête des charts, et votre prochain plus grand fan peut être à un clic » affirme ainsi SoundCloud. Le catalogue proposé doit donc être sans équivalent.
Côté fonctions, SoundCloud Go inaugure celles déjà proposées par ses concurrents payants, à savoir l'écoute sans publicité et le mode écoute hors-ligne sur mobile. Rien de vraiment nouveau, donc, même si l'écoute hors-ligne s'applique également bien aux contenus côté « amateur », et non pas qu'à ceux des labels.
Financer le service et sécuriser les remixes
Cette formule payante était attendue depuis plusieurs mois et doit donner de l'air à SoundCloud, dont la santé financière inquiète ouvertement le secteur. Le service affichait 69,8 millions de dollars de dépenses en 2014, pour 19,7 millions de dollars de revenus, suivis d'une levée de fonds de 77 millions de dollars. Le service dépense donc beaucoup d'argent, et SoundCloud Go est une étape importante de sa stratégie.
L'entreprise a réussi à signer les majors, ce qui n'était pas une mince affaire, et à proposer un abonnement payant pour les utilisateurs, alors qu'il était jusqu'ici réservé aux créateurs. Le service se normalise donc quelque peu, en s'approchant du modèle de ses concurrents, qu'ils s'appellent Apple, Google ou Spotify.
Même en dehors du côté streaming, cette nouvelle offre et ces contrats sont une bonne nouvelle pour SoundCloud. Les contrats signés avec les majors doivent pérenniser les contenus générés par les utilisateurs, surtout ceux qui s'appuient sur des morceaux commerciaux. Désormais, SoundCloud est censé fournir la sécurité aux amateurs qui veulent remixer des titres détenus par les majors, ce dont peu de plateformes peuvent vraiment se targuer. A voir si cela suffit à attirer à la fois utilisateurs et créateurs, dans un marché du streaming de plus en plus saturé, même s'il doit représenter l'avenir de la musique enregistrée.