Le service de streaming Wakanim a remplacé hier soir son abonnement à prix libre ZeroPub, qui permettait d'accéder aux nouveautés pendant 45 jours sans publicité, par un abonnement intégral à 5 euros par mois. Le changement accompagne plusieurs nouveautés, dont l'arrivée dans un autre pays et du support de Chromecast.
Au revoir le ZeroPub. Hier soir, le service de streaming et de téléchargement d'animation japonaise Wakanim a remisé son abonnement à prix libre. Pour rappel, le site fournit en simulcast des séries une heure après leur diffusion TV au Japon, sous-titrés par des professionnels. L'offre ZeroPub, qui donnait accès aux nouveautés des derniers 45 jours, est remplacée par un abonnement intégral à 5 euros, aligné sur les prix du marché. C'est par exemple celui pratiqué par le géant mondial Crunchyroll, qui peine encore à s'imposer en France (voir notre analyse).
Un changement important, qui arrive comme une surprise pour les utilisateurs, alors que ZeroPub avait été lancé en grandes pompes il y a six mois à peine. Nous en avions d'ailleurs longuement discuté avec eux à l'époque. Cette formule accompagnait une refonte du service, qui a abaissé les coûts de téléchargement d'un épisode (sans DRM) et ouvert la voie aux précommandes de saisons.
Pour Olivier Cervantès, le cofondateur du service, cet abandon de leur offre à prix libre n'est pas un revirement. « On a beaucoup écouté ce que disaient les utilisateurs sur le pass ZeroPub, qui nous a été très utile pendant six mois pour monter cette nouvelle offre » nous explique-t-il. Elle leur a pourtant posé quelques problèmes importants.
ZeroPub : 90 % de clients à un euro par mois
À l'abonnement, ZeroPub affichait le montant reversé à chaque acteur de la chaine, de Wakanim lui-même aux ayants droit. Une démarche de transparence qui s'est retournée contre le service. « On s'est trompé sur le message qu'on envoyait. On voulait affirmer à l'utilisateur qu'on lui fait confiance, en le responsabilisant et en lui montrant comment les revenus sont répartis » affirme Olivier Cervantès.
« Ce système, au lieu de motiver les gens, les a découragés. Beaucoup nous disaient ne pas comprendre pourquoi 10 à 15 centimes revenaient aux ayants droit. Donc certains préféraient ne rien mettre » indique-t-il. Selon lui, chaque utilisateur voyait son propre apport et non l'apport global du service, bien plus important. « Du coup, donner quelques centimes ne les intéressait pas » regrette Cervantès.
Un mois après son lancement, l'offre comptait 15 000 clients, pour atteindre 30 000 au pic d'usage. Le nombre s'est finalement stabilisé à 10 000 abonnés... Dont 90 % payaient un euro par mois, soit le montant minimal. Le panier moyen est donc très vite passé de 3,5 euros à 2,2 euros, affirme le service. « Les gens ont compris que c'était le prix de l'offre et non le minimum » remarque encore son cofondateur, qui voit encore passer des messages le mentionnant.
Une offre qui a compensé la baisse du marché publicitaire
ZeroPub devait surtout compenser la chute des revenus publicitaires de l'offre gratuite. « Le gratuit est une offre historique, qui nous permet de rendre nos programmes accessibles à tous. Contrairement à il y a un an, on perd de l'argent avec ce système gratuit. Les publicités n'arrivent plus à couvrir les coûts de diffusion » détaille le cofondateur de Wakanim.
Avec l'arrivée de ZeroPub, Wakanim avait mis en place une limite importante au service gratuit : l'impossibilité de lire plus de deux épisodes toutes les 120 minutes. À raison de 25 minutes par épisode et avec un abonnement « à un euro », l'offre devenait d'autant plus intéressante. « Grâce à cette offre, on a pu augmenter les revenus qu'on n'avait plus avec la publicité, qui est un marché en déclin. Elle a parfaitement rempli son rôle de substitut à la publicité » affirme-t-il.
La décision a été prise en accord avec Aniplex, l'un des principaux producteurs d'animation japonaise, qui a pris une participation majoritaire dans Wakanim en avril 2015. Cet abandon de ZeroPub au profit d'un abonnement intégral classique doit préparer le développement du service à l'étranger. « C'est eux [Aniplex] qui ont le contrôle du navire, l'animation japoanise est leur marché. L'abonnement est quelque chose qui se généralise dans les autres territoires » affirme Olivier Cervantès, pour qui il s'agit de simplifier le service.
Le cofondateur de Wakanim est lui « toujours plus convaincu par le téléchargement, soit à l'acte, soit à la série où les gens collectionnent, précommandent une série, etc. » que par le streaming, explique-t-il. Il reconnait pourtant avoir trop attendu de ZeroPub pour remplacer la publicité et l'abonnement.
Chromecast et un nouveau pays dans quelques jours
L'arrivée de l'abonnement intégral prépare donc quelques autres nouveautés. Dans les prochains jours, le service proposera la lecture sur Chromecast via le lecteur HTML5 de son site web. Dans le même temps, le service doit également ouvrir dans un pays frontalier. En août, il nous expliquait viser des ouvertures en Espagne, au Portugal et en Grande-Bretagne (qu'ils ont déjà expérimenté) dans les deux ans à venir.
La lecture sur Chromecast doit être la première étape de l'extension du service. « Des applications sont prévues. On cherche d'abord les grands écrans, en fin d'année, avant les applications Android et iOS » qui arriveront plus tard, explique le service. Olivier Cervantès reste évasif sur ce qui est prévu, même s'il n'est clairement pas question de versions Android TV ou Apple TV pour le moment.