Inutile d’essayer de vous connecter sur le site de l’éditeur SlySoft, celui-ci est désormais inaccessible. Un message fait état de raisons liées à « des exigences réglementaires récentes », sans plus de détail.
SlySoft est de longue date considéré comme la bête noire de l’industrie culturelle. En 2014, par exemple, le gouvernement des États-Unis l’épinglait sur son tableau de chasse des plus grands ennemis du copyright. Il faut dire que le père d’AnyDVD, CloneCD ou encore CloneDVD a de quoi agacer le secteur : ses solutions ont toujours été taillées pour contourner les mesures techniques de protection précieusement installées par les titulaires de droit sur les supports numériques.
SlySoft à l'origine d'un préjudice incalculable pour l'industrie
Pas plus tard que le 5 février dernier, AACS LA, société regroupant IBM, Intel, Microsoft, Panasonic, Sony, Walt Disney, Toshiba et Warner Bros, a adressé une lettre à l’administration du commerce américain. Elle demandait à ce qu’Antigua soit placée parmi les pays à surveiller. Et pour justifier cette mesure, elle a souligné que SlySoft a justement son siège sur cette île des Caraïbes. Selon elle, AnyDVD HD serait ainsi la source d’une large vague de contrefaçon en ligne.
Dans ce même courrier, pointé par TorrentFreak, AACS a particulièrement dénoncé la législation locale qui désarme les titulaires de droits de la moindre action au civil. De son côté, le site Myce rappelle que le 21 février 2014, l’entreprise avait été condamnée au pénal, avec son propriétaire, GianCarlo Bettini. Elle a malgré tout été autorisée à continuer son business suite à un appel suspensif. Bref, c’en fut trop pour l’industrie : « selon nous, AnyDVD HD de SlySoft a été téléchargé et utilisé par des dizaines de milliers de personnes à travers le monde. S’il n'y a aucun moyen de calculer le préjudice causé à des intérêts américains de propriété intellectuelle, le mal fait a sans aucun doute été extrêmement élevé. »
Une cible à abattre
D’autres missives, révélées par Wikileaks, ont montré combien était cruciale cette cible à abattre : on pourra voir cet échange du 28 février 2014 entre la MPAA, Sony et le consortium AACS ou celui-ci qui montre que les titulaires de droit ont mis 240 000 dollars pour couvrir les frais de cette procédure. Sur ce lien, encore, ils ont également débordé d’effort pour solliciter Visa et Mastercard avec l'objectif de couper les vivres de l’entreprise.
On ne sait si ces multiples fronts ont payé, mais une nouvelle ravira l'industrie culturelle : depuis peu, SlySoft.com ne répond plus. Sur l’un des très nombreux miroirs utilisés par l’entreprise, on peut toutefois encore lire ce message : « en raison d’exigences réglementaires récentes, nous avons dû stopper toutes les activités relatives à SlySoft Inc ». La page, intitulée « fermée :-( » s’achève par un remerciement adressé aux clients pour leur inflexible fidélité, sans fournir d'autres explications.
Dans le forum, lui toujours accessible, un utilisateur réclame maintenant la libération du code source du logiciel, un autre sa diffusion à tout le moins gratuite. Alors que la base des clefs est désormais mise hors ligne, un développeur de l'équipe a voulu rassurer les foules : des fonctionnalités du logiciel resteront encore actives selon le support considéré (CD, DVD, Blu-Ray AACS, BD+, etc.).