Le 21 février 1986, le prolifique Shigeru Miyamoto donnait naissance à l'une des séries les plus connues de l'histoire du jeu vidéo : The Legend of Zelda. Trente ans plus tard, l'enthousiasme autour de son œuvre est très loin d'avoir disparu, les fans attendant l'arrivée d'un nouvel opus sur Wii U, et probablement aussi sur NX.
Dans l'industrie du jeu vidéo, les franchises qui ont su perdurer pendant plusieurs décennies ne sont pas légion. Nintendo peut toutefois se vanter d'en avoir quelques-unes à son actif, l'éditeur vient même d'en ajouter une à cette liste hier : The Legend of Zelda.
Des débuts prometteurs sur NES
Le tout premier épisode de la série est sorti le 21 février 1986 au Japon, sur Famicom, avant de débarquer en Europe le 15 novembre 1987 sur NES. Le titre, boudé par la presse occidentale à l'époque, rencontre un franc succès sur le plan commercial, avec un peu plus de 6,5 millions d'exemplaires écoulés. Il est ainsi devenu le cinquième titre le mieux vendu sur la machine, derrière Tetris et un trio de tête monopolisé par la saga Super Mario Bros.
The Legend of Zelda se distinguait des titres de l'époque par certaines fonctionnalités alors peu courantes. Le système de sauvegarde intégré à la cartouche offrait la possibilité de reprendre sa partie à tout moment, tandis qu'un mode « seconde quête » (new game +) permettait de recommencer le jeu, avec un mode de difficulté plus élevé. Un artifice qui deviendra presque standard par la suite dans les RPG à la nipponne.
Un gameplay en perpétuelle évolution
Là où de nombreux éditeurs se seraient contentés d'appliquer la même recette indéfiniment, voyant que celle-ci fonctionne, Nintendo a préféré prendre des risques avec Zelda. Le deuxième épisode de la série, Zelda II : The Adventure of Link sorti en 1987, a par exemple fait le pari d'une vue de profil plutôt qu'une vue de dessus. L'éditeur y intègre également un système d'évolution des caractéristiques du héros, comme dans les jeux de rôle traditionnels.
Les épisodes suivants sont eux aussi riches en évolutions. En 1991, The Legend of Zelda : A Link to the Past, sorti sur Super NES est le premier de la série à introduire la notion d'univers parallèles, que le joueur doit faire interagir entre eux. Une caractéristique qui reviendra par la suite dans de nombreux volets de la franchise.
Le passage à la 3D s'opère avec The Legend of Zelda : Ocarina of Time, apparu fin 1998 sur Nintendo 64, tandis que The Wind Waker inaugure en 2002 l'utilisation du Cel-Shading dans les jeux de la série. Les épisodes sortis sur Nintendo DS et Wii avaient quant à eux pour objectif d'illustrer les possibilités offertes par ces consoles, via l'utilisation de l'écran tactile de la première ou des capteurs de mouvement de la seconde. Une tâche que Nintendo a su remplir avec brio. The Legend of Zelda : Spirit Tracks sur DS demande par exemple au joueur de souffler sur le microphone intégré à la console pour résoudre certaines énigmes.
Quelques échecs
Il n'empêche que si les titres de la saga The Legend of Zelda sont unanimement reconnus par la critique pour leur qualité, certains volets ont quelque peu écorné l'image de la franchise. L'exemple le plus flagrant est sans nul doute celui de la trilogie sortie sur Phillips CDI composée de Link : The Faces of Evil, Zelda : The Wand of Gamelon et Zelda's Adventure.
Les superbes cinématiques de The Faces of Evil.
Ces trois jeux se distinguaient par leurs cinématiques réalisées sous la forme de dessins animés ou de films interactifs, à la qualité plus que douteuse. Si bien que le célèbre Joueur du Grenier a consacré tout un épisode à l'un de ces trois volets, et il n'a pas assez de vingt minutes pour faire le tour de ses défauts.
Mais la trilogie sur CDI est loin d'être le seul loupé de la franchise. Les plus jeunes se souviendront peut-être du spin-off Link's Crossbow Training sorti sur Wii en 2007. Développé et édité par Nintendo, il avait pour seul objectif de populariser le Wii Zapper, un support permettant d'utiliser la Wiimote comme un pistolet. Malgré son maigre score de 68 % sur Metacritic, il s'en est tout de même écoulé près de 3 millions.
La valse des rééditions
Si Nintendo a toujours plus ou moins veillé à ne pas sortir forcément un nouvel épisode de la série chaque année, afin de maintenir l'intérêt des fans, l'éditeur ne s'est pourtant pas privé de jouer sur les rééditions pour arrondir ses fins de mois. Et cela ne remonte pas seulement aux récentes moutures remastérisées de The Wind Waker ou Twilight Princess sur Wii U.
On se souviendra par exemple qu'Ocarina of Time a eu le droit à pas moins de quatre rééditions. La version originale sortie sur Nintendo 64 a ainsi été portée sur (le) GameCube dans une variante Master Quest en 2002 avant d'arriver sur la console virtuelle Wii en 2007. Rebelote en 2011 avec une remastérisation sur 3DS. Cette dernière s'est écoulée à 3,35 millions d'exemplaires selon Nintendo, preuve que la recette fonctionne.
L'éditeur profite aussi de la fonction Console Virtuelle de ses 3DS, Wii et Wii U pour ressortir à prix d'or ses anciens classiques, sans leur apporter le moindre changement, une formule qui plait aux plus nostalgiques. Comptez 5 euros pour vous replonger dans le premier volet de la série sorti sur NES, ou 10 euros pour une variante plus récente, telle qu'Ocarina of Time.
Link n'a pas dit son dernier mot
Après trente ans de carrière, on pourrait être tentés de penser qu'il est temps pour The Legend of Zelda de tirer une bonne fois pour toutes sa révérence, mais Nintendo n'est pas de cet avis. Un nouvel épisode est attendu prochainement sur Wii U, à moins que le projet ne change de direction pour accompagner le lancement de la future NX.
Pour l'heure, peu de détails sont connus sur ce titre, mais il est déjà acquis qu'il se déroulera dans un monde ouvert, sur une carte très vaste. À titre de comparaison, Shigeru Miyamoto expliquait qu'une simple zone de la carte de cet opus suffirait à recouvrir l'ensemble du terrain de Twilight Princess. Avec autant d'espace, il y a fort à parier que de très nombreuses quêtes pourront y prendre place.
Quelques hommages épars
Plusieurs de nos confrères ont décidé de rendre hommage à The Legend of Zelda. C'est par exemple le cas de Gamekult qui a consacré un gros dossier au trentième anniversaire de la franchise. Les anglophones pourront profiter chez Gamasutra d'un article listant les innovations qu'a apporté le premier volet de la série au monde du jeu sur consoles.
De son côté, Jeuxvideo.com propose une rétrospective en vidéo (visible ci-dessous) de l'ensemble des épisodes de la série principale. L'occasion de revenir sur 30 ans d'évolutions techniques, sur consoles de salon et machines portables.