Le ministère de l’Éducation nationale a décidé de s’associer pendant un an et demi avec le géant américain Microsoft afin d’accompagner la mise en œuvre du plan pour le numérique à l’école. La firme de Redmond propose de nombreuses formations et solutions, et peut espérer d’obtenir en retour une grande visibilité auprès des élèves français.
On en sait désormais un peu plus sur ce qui a conduit Satya Nadella, le PDG de Microsoft, à signer le 9 novembre dernier un chèque de 13 millions d’euros au profit de l’Éducation nationale. La Rue de Grenelle a dévoilé hier l’accord de partenariat (PDF) conclu par la ministre Najat Vallaud-Belkacem et Alain Crozier, président de Microsoft France, en vue du déploiement du grand plan pour le numérique à l’école – lequel devrait permettre à chaque élève de cinquième de disposer d’une tablette à partir de la rentrée 2016.
Cette convention va tout d’abord conduire le géant du logiciel propriétaire à proposer différentes formations aux agents de l’Éducation nationale, des professeurs aux chefs d’établissements, en passant par les cadres académiques. De nombreux ateliers et séminaires pourront ainsi être organisés, en lien bien entendu avec l’utilisation des produits Microsoft. Un « accompagnement des enseignants dans l’utilisation des équipements mobiles utilisant les technologies Microsoft en classe » est également au programme, puisque le géant du logiciel a prévu plus de 1 000 journées formations en présentiel ou à distance.
De la formation et des solutions informatiques
La firme de Redmond s’est ensuite engagée à mettre à la disposition de « tous les établissements scolaires du Plan Numérique à l’école qui le souhaiteraient » sa solution Office 365 Education. Les célèbres logiciels Word, Excel et PowerPoint seront ainsi utilisables gratuitement, mais dans leur version cloud (non installée sur un ordinateur). Un espace de stockage OneDrive de 1 To sera aussi de la partie.
Pour soutenir l’apprentissage du code, vingt classes de deux académies pourront utiliser une plateforme pédagogique fondée sur le jeu. Des ateliers spécifiques de formation seront proposés aux enseignants, ainsi qu’un « livre blanc » en lien avec les nouveaux programmes scolaires.
Microsoft s’engage enfin à apporter un « support financier, technique, opérationnel et commercial aux différents acteurs français de l’e-éducation ». Si aucun montant précis n’est évoqué, le géant du logiciel précise qu’il compte ainsi aider les constructeurs de terminaux mobiles qui souhaiteraient développer une plateforme Windows, les éditeurs d’applications éducatives proposant des Windows Apps, les éditeurs de manuels numériques qui pourraient s’intégrer à Office 365 Education, etc.
Un partenariat qui promet de faire grincer des dents
S’il est bien précisé que cette convention « ne présente aucun caractère d’exclusivité », la pilule risque d’être dure à avaler pour certains... Les promoteurs du logiciel libre critiquent de longue date ce type d’accords, estimant qu’ils correspondent avant tout à des stratégies commerciales visant à provoquer la dépendance des utilisateurs. Ce n’est en effet pas une surprise : en prenant l’habitude d’utiliser des produits Microsoft à l’école, les enfants et adolescents auront ensuite plus facilement tendance à préférer les solutions du géant américain.
Le signal envoyé par le gouvernement semble d’autant plus surprenant que lors de la grande consultation relative au projet de loi numérique, les internautes se sont massivement prononcés en faveur du logiciel libre. La seconde proposition ayant recueilli le plus de soutiens (2 540) visait en effet à ce que les établissements scolaires et universitaires utilisent « au maximum les logiciels libres et GNU/Linux ».