La branche entreprise de l'opérateur historique, Orange Business Services, a remporté l'hébergement des services de l'État en cloud public. L'offre s'appuie sur l'infrastructure de Cloudwatt, racheté en totalité en janvier.
L'État a choisi Orange Business Services pour héberger ses services en cloud public. C'est ce qu'annonce le groupe télécom dans un communiqué daté d'aujourd'hui. Le contrat de deux ans (renouvelable) est censé réduire les coûts d'informatique de l'État. Comme toute offre du genre, le principe est de mutualiser les clients sur une architecture gérée par une entreprise tierce. C'est tout l'inverse du cloud privé, qui consiste à héberger soi-même ses propres serveurs, avec pour avantage principal de maîtriser complètement son matériel.
En l'occurrence, l'État externalisera chez Orange une part importante de ses services, qui maintiendra pour lui son infrastructure et ne lui fera payer que ce qui est utilisé. « Orange fournira aux ministères et à certains établissements publics, des services d’informatique à la demande (puissance de calcul et stockage) notamment pour leurs projets en matière de développement agile, d’open data et de big data » explique l'entreprise. L'infrastructure se basera sur celle de Cloudwatt.
Un cloud fondé sur une entreprise à l'historique houleux
Comme nous l'expliquions dans notre dossier sur le « Cloud souverain », il s'agit de l'un des deux projets financés par l'État, censés devenir des géants européens de l'hébergement. Ils devaient concurrencer les géants américains du secteur, Amazon, Microsoft et Google en tête. Lancée fin 2012, l'entreprise était détenue par Orange, Thales et la Caisse des dépôts. En face, Numergy était lui financé par SFR, Bull et la même Caisse des dépôts, qui devait injecter 75 millions d'euros dans chaque projet.
Si chaque entreprise devait donc être financée à hauteur de 225 millions d'euros, les gains sont maigres. En 2014, les deux projets n'auraient engrangé que 8 millions d'euros de revenus, loin de la moyenne des hébergeurs historiques français. C'est sur ce constat que la Caisse des dépôts aurait décidé de stopper les frais, affirmaient Les Échos en mars. Moins de la moitié des 150 millions d'euros prévus auraient été dépensés.
Le réseau interministériel aussi géré (en partie) par Orange
Quelques jours après la nouvelle des Échos, nous apprenions qu'Orange devenait l'unique actionnaire de Cloudwatt, qui utilisait déjà l'infrastructure d'Orange Business Services. Dans son communiqué, Orange insiste d'ailleurs sur l'expertise de Cloudwatt dans la technologie open source OpenStack, qui permet de gérer les ressources « en nuage ».
Ce nouveau cloud public sera connecté au réseau interministériel d'État (RIE), qui doit servir de « socle » aux services de l'État. Inaugurée en janvier, cette infrastructure unique doit rassembler l'ensemble des services publics, qui sont pour l'instant répartis sur une « quinzaine de réseaux ministériels existants sur tout le territoire, jusqu’ici distincts ». À l'époque, près de 4 000 sites avaient déjà fait la transition, selon le gouvernement. D'ici 2017, les 17 000 sites publics doivent être transférés sur le réseau basé sur Renater. Il est géré par un service public (le service à compétence nationale (SCN) Réseau interministériel de l’État).
« La connexion locale au RIE, en revanche, passe par des opérateurs tiers, à savoir Orange Business Services et SFR Business Team » rappelaient nos confrères de Silicon à l'époque. Avec la gestion du cloud public des administrations, Orange devient donc indispensable à son actionnaire public, qui rentabilise l'investissement important consenti par la Caisse des dépôts dans Cloudwatt.