Pour la FFTélécoms, la croissance du numérique doit passer par la sienne

Pour la FFTélécoms, la croissance du numérique doit passer par la sienne

Numérique et télécoms, synonymes ?

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Guénaël Pépin

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Internet

03/12/2014 10 minutes
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Pour la FFTélécoms, la croissance du numérique doit passer par la sienne

Les revenus des télécoms sont en chute libre, prévient la Fédération française des télécoms (FFT) dans son dernier rapport. La France risque de perdre son principal investisseur dans le numérique, laissant le pays désœuvré face à des acteurs internationaux qui « optimisent » leurs impôts. Mais l’espoir existe : la fédération fournit une solution clé en main pour stimuler le numérique français et Européen. Revue des plaintes et propositions.

Les télécoms vont mal, il faut les aider, sous peine de voir le numérique Européen péricliter. C’est en substance le message de la quatrième étude annuelle du cabinet Arthur D. Little pour la Fédération française des télécoms, publiée le 27 novembre dernier. Son but ? Convaincre qu’il faut laisser plus de champ aux acteurs du marché pour « soutenir » le développement numérique Européen. Sa première partie est d’ailleurs une liste de complaintes des opérateurs, qui se disent assommés par la concurrence et la « régulation ».

 

À noter que Free, qui n'est pas membre de la FFT, ne partage pas cette vision. L'opérateur, qui a initié la guerre des prix sur le mobile, a directement intégré des coûts serrés dans sa stratégie et tente de régler ses conflits avec les autres acteurs sans passer par le régulateur ou le politique. Lors d'une récente interview, Xavier Niel, le fondateur de Free, annonçait ainsi qu'il réalisait « 30/35 % de marge EBITDA, mais comme nos concurrents ».

 

Mais le tout premier point d’inquiétude de la FFT, c’est que « les usages s’accélèrent et ne sont toujours pas monétisés ». Traduction : les internautes utilisent de plus en plus de services passant par les réseaux, mais les opérateurs ne perçoivent pas un centime dessus. C’était déjà le sens des débats du dernier colloque de l’ARCEP en octobre : certains opérateurs pensent devenir invisibles à l’avenir, éclipsés par les services disponibles à tout moment. Ce sont donc ces services qu’il faudra facturer pour mieux financer les réseaux… Quand bien même ces acteurs financent déjà leurs propres infrastructures. Un discours qui n'est pas sans rappeler celui de Stéphane Richard, PDG d'Orange.

Des revenus en baisse

Les opérateurs soulignent qu’ils pratiquent les prix les plus bas d’Europe et que la concurrence va en s’exacerbant. Une mauvaise nouvelle pour l’investissement, qui demande de fortes marges. Des marges qui sont d’ailleurs mangées par de nombreuses charges spécifiques au secteur, qui représenteraient un tiers des impôts payés par les opérateurs (3,4 milliards d’euros en 2013). Au rayon des bonnes nouvelles, les usages d’Internet « s’accélèrent » et les opérateurs disent s’être adaptés au nouveau paysage concurrentiel. Mieux, la baisse des revenus ralentirait. Côté régulation, la France et l’Europe seraient bien conscientes des enjeux numériques, selon la fédération.

 

Et en effet, les prix des télécoms baissent, certains proposant le triple-play à 20 euros par mois comme c'est désormais le cas chez Bouygues Telecom (qui descendait même sous les 16 euros avant la refonte de son offre). Selon le rapport, ce serait même le seul secteur réglementé à voir ses prix se contracter, alors que le train, l’électricité, l’eau ou le gaz vont dans le sens inverse. Alors que le régulateur (ARCEP) se félicite de la baisse de prix initiée par Free (le seul grand opérateur hors FFT), la fédération voit cette situation comme un problème… Surtout quand elle doit investir dans les nouveaux réseaux très haut débit fixe et mobile, avec des objectifs de couverture ambitieux (toute la population très haut débit en 2022 en France, dont 80 % en fibre FTTH). Elle se félicite d’ailleurs de maintenir ses investissements, malgré la conjoncture.

 

Selon les calculs du cabinet, les télécoms représentent 58 % des revenus du numérique en France en 2013, pour 79 % des emplois directs, 89 % des investissements (hors licences mobiles) et 87 % des impôts payés. Le calcul comprend les cinq principaux opérateurs français, face aux cinq premiers équipementiers, cinq premiers fabricants de terminaux, fournisseurs de contenus (groupes TV et radio) et « acteurs Internet OTT » (Amazon, Google, Facebook, Microsoft et Yahoo).

 

Mais la définition d’investissements est floue, tout comme la source des chiffres choisis. Le lecteur est simplement censé retenir que les opérateurs portent à bout de bras le numérique français, encore plus qu’en 2012… « La dégradation du marché télécoms en France pourrait mettre en péril les investissements dans les infrastructures du futur », résume poétiquement la FFT.

Un euro investi dans les télécoms c'est « 6 euros de PIB »

Il faut d’ailleurs comprendre une chose, selon la fédération : chaque euro investi dans les télécoms générerait 6 euros de PIB et 3 euros de fiscalité. Un calcul effectué par Arthur D. Little, à partir de données publiées l’année dernière, « conjointement avec l’université suédoise Chalmers », précise le cabinet à Challenges.

 

Pourquoi les télécoms sont-ils nécessaires au développement du numérique ? Le rapport se contente d’affirmer que l’amélioration des débits pour tous entraîne mécaniquement plus d’usages, donc plus de consommation. Imparable. Les acteurs locaux, eux, « décollent » quand ils sont « soutenus par les opérateurs télécoms », comme Deezer ou Spotify, respectivement racheté et favorisé par des opérateurs. En résumé, « la France et l’Europe doivent s’appuyer sur les opérateurs télécoms pour accélérer ».

 

Les opérateurs se présentent ainsi en première ligne du combat contre les acteurs américains d’Internet, qui capteraient indûment la valeur due aux acteurs locaux. « La France et l’Europe doivent s’appuyer sur les opérateurs télécoms pour accélérer », explique l’étude. La FFT pointe la valorisation stagnante des opérateurs, la baisse de leur part dans les revenus générés par le numérique en Europe et la capacité des « acteurs américains » à préempter l’innovation numérique. Les opérateurs seraient donc les victimes d'Apple, Facebook, Google et Microsoft (cités), qui ne contribuent ni aux réseaux, ni à la fiscalité européenne.

 

Ce discours a déjà été tenu par Pierre Louette, président de la FFT et directeur général adjoint d’Orange, lors du dernier colloque de l’ARCEP, qui estimait que l’avenir du numérique européen passerait notamment par le développement de services propres par les opérateurs. Une vision (logiquement) partagée par Stéphane Richard, PDG d’Orange, qui estimait que la neutralité du Net est un « attrape-couillon » inventée par les acteurs américains pour « écouler sans limites ses produits, contre les opérateurs, qui ont les tuyaux ».

Relancer la croissance du secteur, par la régulation

Pour la fédération des opérateurs français, la régulation actuelle profite grandement aux géants américains. Opérateurs écrasés par les impôts contre GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) y échappant. Règles de concurrence strictes dans les télécoms, contre monopoles de faits dans les services. La liste des dissymétries dénoncées par les opérateurs, depuis quelques années, est longue.

 

Une bonne part des maux des télécoms viendrait donc de cette régulation, qui favorise la baisse des prix et les acteurs étrangers. Une définition de la régulation qui n’est pas partagée par l'ARCEP, qui estime le terme trop large. « Le régulateur n’a aucun pouvoir sur la fiscalité des opérateurs ou des fournisseurs de services, ce n’est pas de son ressort », rappelle ainsi un proche de l'Autorité.

 

FFTelecoms

 

Pour relancer les télécoms français, donc le numérique, la FFT propose sa solution clé en main, un scénario « ambition ». Il consiste à « relancer la croissance » du secteur (comprendre : monter les prix), à optimiser sa productivité, accélérer les investissements et à baisser la fiscalité spécifique aux télécoms (un tiers des charges payées). Il est opposé à un scénario « tendanciel » (donc actuel) où les revenus et les investissements sont en baisse, et à un scénario d’« optimisation », qui consiste à stabiliser les revenus et les investissements. L’argument-clé ici est l’investissement dans les réseaux. Le plan très haut débit, l’un des principaux travaux industriels du gouvernement, compte en bonne partie sur les milliards investis par les opérateurs pour fibrer le pays, en priorité les zones densément habitées.

 

Le plan « ambition » proposé par la FFT est accompagné de belles promesses : une couverture de 84 % des foyers en fibre d’ici 2025, un développement de « grands usages » (par exemple le streaming), une croissance numérique européenne, un écosystème numérique générant 40 milliards d’euros en 2025 et un gain de 240 milliards d’euros de PIB la même année (soit 1,5 point de croissance)… Et un « bonus digital », soit « 30x plus de vitesse / qualité en 2025 » représenté par le passage d’une voiture citadine à une limousine. Des arguments qui, à n’en pas douter, peuvent toucher au cœur certains politiques, malgré leur imprécision.

Une « Smart Europe » qui laisse le champ libre aux opérateurs

La situation française traitée, la FFT affiche enfin ses ambitions européennes. Il faut « restaurer le leadership numérique européen » dans la prochaine décennie, face aux Américains qui siphonnent les ressources. Un plan en quatre points : créer un cadre lisible et stable, adapter le droit au « numérique ouvert », stimuler l’écosystème numérique français et rétablir l’équité fiscale avec les acteurs américains.

 

Concrètement, la FFT demande à prévoir la réglementation européenne des télécoms à dix ans, et à encourager le numérique par un plan « Smart Europe », « pour stimuler le big data, les objets connectés, la sécurité ». La fédération propose également un label européen pour le stockage sécurisé des données. Un tel label profiterait directement aux deux principaux membres de la FFT, Orange et SFR. En effet, ils sont les actionnaires majoritaires des prestataires de « cloud souverain » Cloudwatt et Numergy, dont nous vous parlions en détail en septembre.

 

Côté GAFA, la fédération demande une plus grande régulation des services sur Internet, avec des règles de transparence, de loyauté et de « non-discrimination ». Cette demande rejoint le discours déjà martelé autour de la « neutralité des plateformes », une version de la neutralité du Net très appréciée des opérateurs. Ils souhaitent aussi une équité fiscale, notamment par une imposition harmonisée des activités européennes.

 

Dans l’autre sens, la FFT demande de « favoriser les coopérations entre acteurs du numérique ». Comme le note La Tribune, il s'agit d'être plus souple sur les fusions et rachats d'entreprises européennes. Pour certains membres de la FFT, notamment, la concentration des opérateurs européens est une des clés d'un marché télécom unifié. En France, la fédération espère une réduction de la fiscalité des télécoms, un crédit d’impôt « numérique » pour les PME et une stimulation de l’offre locale (« open innovation » et formations dans les métiers numériques).

 

En clair, il faut restreindre les mouvements des acteurs extra-européens et laisser les mains libres aux acteurs des télécoms, seuls sauveurs auto-proclamés du numérique Européen.

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Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des revenus en baisse

Un euro investi dans les télécoms c'est « 6 euros de PIB »

Relancer la croissance du secteur, par la régulation

Une « Smart Europe » qui laisse le champ libre aux opérateurs

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (10)


Ah non désolé, en France on taxe les nouveaux marchés pour perfuser les anciens, attendez d’être dépassés et venez chouiner après.


« Selon le rapport, ce serait même le seul secteur réglementé à voir ses prix se contracter, alors que le train, l’électricité, l’eau ou le gaz vont dans le sens inverse. »

article NEXT INPACT



Si ce n’était faux, ce serait une comparaison trompeuse.



Ces fournisseurs d’accès télécom européens ont pris la grosse tête et veulent re-vendre les prestations de services numériques des autres au lieu de rester les prestataires de services telecom qu’il sont (encore un peu aujourd’hui). A leur décharge, les opérateurs Nord-américains sont pire qu’eux et leur donnent le mauvais exemple.



Mais un autre chemin est possible. Be aware (comme dit JCVD)


C’est bien plus compliqué et simple à la fois que cela et comparé à que ce que dit l’article.



S’il y a du Geek travailleur par ici : qui a vu un boss dire que “ce sera Byzance l’année prochaine!” et “on a le budget!” ? Cette étude est juste une annonce officielle pour dire que le secteur est lui aussi touché. Le même genre de news sur IBM qui licencie est remarquable. Les équipementiers se mettent a raccourcir les durées de maintenance pour “stimuler” les achats. Seul probleme c’est le ROI comparés aux revenu du moment. Merci Free.



Le MUNCI tombe sur le même genre d’analyse (plus sur la partie code/dev).



Qu’ils aient une grosse tête ou pas n’est pas la question finalement. Mais plutôt : en France ca sent la moule pas fraiche, et ca va être dur a avaler.

 


Je comprends parfaitement le lobbying des membres de la FTT et je suis plutôt en désaccord avec leurs arguments. En particulier, ce n’est pas qu’une question de coûts et de concurrence trop forte (sic), mais bien d’une vision du métier qui dépasse celui des télécoms pour déborder dans la fourniture de contenus : en percevant une commission, une part des revenus de la part des prestataires de contenus (GAFAM, presse en ligne, bancassurances en ligne, commerces en ligne, etc) qui font des bénéfices grâce aux abonnés de ces mêmes FAI.








joma74fr a écrit :



en percevant une commission, une part des revenus de la part des prestataires de contenus (GAFAM, presse en ligne, bancassurances en ligne, commerces en ligne, etc) qui font des bénéfices grâce aux abonnés de ces mêmes FAI.



FAI qui couleraient sans l’existence de tous ces services.

les FAI font le même taf que les transporteurs publics ou privés : ils sont là pour délivrer qque chose. je vois mal la Poste, UPS, TNT ou Fedex réclamer un % des revenus liés à la vente par correspondance de leurs clients… alors pquoi le faire avec les FAI?



moi je paye pour un tuyau

si le tuyau coute + cher à faire tourner car je bouffe trop de bits, ok pour payer plus cher

mais qu’ils restent des plombiers bordel …

pour ça que je suis passé chez OVH, ils ont conscience de leur métier (plombier) et restent dedans (faire tourner le tuyau)

si c’est + rentable à leurs yeux de faire du service, qu’ils fassent du service (deezer/DM) osef, mais qu’ils fassent pas raquer l’usage des services des autres sur leurs tuyaux








Patch a écrit :



FAI qui couleraient sans l’existence de tous ces services.

les FAI font le même taf que les transporteurs publics ou privés : ils sont là pour délivrer qque chose. je vois mal la Poste, UPS, TNT ou Fedex réclamer un % des revenus liés à la vente par correspondance de leurs clients… alors pquoi le faire avec les FAI?





Ta comparaison est plus pernicieuse qu’il n’y parait.



Aujourd’hui, la poste, TNT, UPS, c’est l’expéditeur qui paie. Le destinataire reçoit. Dans les télécoms, c’est l’inverse : le destinataire paye (et aujourd’hui, forfaitairement), l’expéditeur non.



Mais le problème principal que pointe la FFT, au-delà des accords de peering qui sont complexes et liés à ça, c’est l’optimisation fiscale des GAFA. Et ça, ça n’a rien à voir avec la régulation des télécoms. Avec les impôts des GAFA, il y a de quoi financer une bonne partie du réseau (qui de toute façon est un « service public » qui ne porte pas son nom).



Les fournisseurs de contenus paient également leur bande passante. Et ce problème est bien un problème de régulation des télécom. 




  Si on considérait qu'un opérateur télécom peut s'intéresser à l'optimisation fiscale des propriétaires des données qu'il transporte, alors ce n'est plus un opérateur télécom : c'est au mieux un diffuseur de contenus (un distributeur, un re-vendeur), au pire une société qui participe au contrôle fiscal ou policier (comme les sociétés qui devaient s'occuper des portiques écotaxe ou celles qui s'occupent des radars automatiques).        






  La Poste, TNT, UPS ne regardent les contenus qu'ils transportent et ne se rémunèrent pas par rapport à l'expéditeur ou par rapport au contenu des colis. Un opérateur télécom est dans la même situation. D'ailleurs ils ont tous la même autorité de régulation : ARCEP - Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes







joma74fr a écrit :



Les fournisseurs de contenus paient également leur bande passante. Et ce problème est bien un problème de régulation des télécom. 




   Si on considérait qu'un opérateur télécom peut s'intéresser à l'optimisation fiscale des propriétaires des données qu'il transporte, alors ce n'est plus un opérateur télécom : c'est au mieux un diffuseur de contenus (un distributeur, un re-vendeur), au pire une société qui participe au contrôle fiscal ou policier (comme les sociétés qui devaient s'occuper des portiques écotaxe ou celles qui s'occupent des radars automatiques).         






   La Poste, TNT, UPS ne regardent les contenus qu'ils transportent et ne se rémunèrent pas par rapport à l'expéditeur ou par rapport au contenu des colis. Un opérateur télécom est dans la même situation. D'ailleurs ils ont tous la même autorité de régulation : ARCEP - Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes







LaPoste se rémunère au poids du colis (pas uniquement, mais ça rentre dans les critères, avec les dimensions (surtaxe « hors-gabarit »), etc). Orange aimerait faire payer à google la bande passante de youtube vers ses abonnés à la consommation, de la même manière. Sauf que les accords de peering sont difficiles à négocier pour Orange, puisque si youtube est pourri, ses abonnés se barrent chez SFR (mais pas chez free <img data-src=" /> ).



Le problème, c’est qu’Orange doit investir pour son réseau (déploiement de la fibre, etc), que cet investissement présente un intérêt au niveau de l’état, et que les retombées financières sont loin d’être évidentes, car l’utilisateur final n’est pas prêt à payer plus. D’où l’idée de mettre à contribution fiscalement les gafa, qui qui plus est ne paient actuellement rien du tout ou presque, et de derrière subventionner la construction des infrastructures avec l’argent récupéré.



« LaPoste se rémunère au poids du colis (pas uniquement, mais ça rentre dans les critères, avec les dimensions (surtaxe « hors-gabarit »), etc). Orange aimerait faire payer à google la bande passante de youtube vers ses abonnés à la consommation, de la même manière. Sauf que les accords de peering sont difficiles à négocier pour Orange, puisque si youtube est pourri, ses abonnés se barrent chez SFR (mais pas chez free <img data-src=" /> ). »



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Dans un sens, je suis d'accord avec toi. Par exemple, La Poste a sûrement négocié un contrat logistique avec Amazon, comme Orange a négocié un contrat avec Netflix. Et il n'y a rien à redire là-dessus tant que ces contrats sont établis avec un minimum de transparence.






 D'autre part, je pense que l'accès à internet ne coûte pas cher (pour Google, comme pour le client final qui regarde youtube). Il y a un problème de tarification que les opérateurs télécom internationaux ne savent pas actuellement résoudre par la négociation commerciale habituelle.        






 Mais, ce ne sont pas des opérateurs télécom, partie prenante du problème, à donner des solutions qui leurs conviennent. Car il faut voir aussi que les Opérateurs (Orange en l'occurrence) sont également producteurs de contenus (Studio Orange) diffuseurs de contenus (bouquet OCS, SVOD). Sur ce sujet, je ne suis pas d'accord, il y a mélange des fonctions. Pour moi, un opérateur télécom ne doit pas devenir un diffuseur ou un re-vendeur de contenus -- question de transparence des réseaux, question de liberté d'expression, question de respect de la vie privée et intime, question de liberté d'entreprendre sur le net sans demander le consentement commercial d'un FAI.    






 « Le problème, c’est qu’Orange doit investir pour son réseau (déploiement de la fibre, etc), que cet investissement présente un intérêt au niveau de l’état, et que les retombées financières sont loin d’être évidentes, car l’utilisateur final n’est pas prêt à payer plus. D’où l’idée de mettre à contribution fiscalement les gafa, qui qui plus est ne paient actuellement rien du tout ou presque, et de derrière subventionner la construction des infrastructures avec l’argent récupéré.    »       






 D'abord, je ne mélangerais pas fiscalité (qui est du ressort de l'Etat et des discussions au sein de l'Union européenne) et le financement des réseaux. Ce sont 2 responsabilités distinctes.        

&nbsp;

Si Google ou Facebook paient leurs impôts au Luxembourg ou en Irlande, c'est un problème des Etats entre eux. Renault aussi paie une grande partie de ses impôts aux Pays-bas et Total s'arrange aussi dans ses activités internationales pour optimiser ses impôts et taxes. C'est de la responsabilité des Etats de mettre de l'ordre dans ces situations fiscales et diplomatiques. Je ne sais pas quelle est la situation fiscale d'Orange, mais j'imagine que cette société a aussi les ressources juridiques pour faire de l'optimisation fiscale dans ses activités internationales.

&nbsp;

Avec cette situation fiscale au niveau mondial et européen, je ne suis pas d'accord sur l'idée trop vague ou amalgamante que les GAFAM "ne paient actuellement rien du tout ou presque"&nbsp; car c'est lancer l'idée que les FAI sont les victimes des fournisseurs de contenus.






 Chacun est propriétaire de son bout de réseau, et finance son propre réseau. C'est la règle de la propriété privée et du capitalisme -- sauf à ce que les opérateurs télécom se voient en diffuseurs de contenus, ce qui est une vision du métier que je n'aime pas et qui pose quelques problèmes de libertés, de consentement, de vie privée, de transparence que j'expliquais plus haut.       






 Pour finir, même s'il est vrai que l'accès à internet n'est pas onéreux aux extrémités du réseau mondial (la bande passante consommée n'est pas payée au prix qu'elle coûte réellement en développement des infrastructures), les fournisseurs de contenus, comme les consommateurs de contenus, ne seront jamais prêt à payer plus cher la bande passante qu'ils utilisent. Dire qu'on n'est pas prêt à payer plus, c'est une évidence, voire une lapalissade. Pourtant, quand on a un réel besoin, et en fonction des revenus dont on dispose, on paie le prix demandé, aussi élevé soit-il (sinon, vu leur prix exorbitant, l'iPhone, le Nexus 6, le Galaxy S5 à 600 euros n'auraientt pas les parts de marché qu'ils obtiennent et le tabac ne se vendrait plus).