Si Airbnb, le site de location entre particuliers, semble avoir le vent en poupe, certains de ses utilisateurs intéressent de plus en plus la justice. Aux États-Unis, l’intermédiaire vient ainsi de livrer au procureur de New York des informations concernant 124 hôtes.
Depuis 2008, Airbnb permet à des internautes de louer une chambre ou le logement entier d’un autre particulier. Le site sert à la fois pour la mise en relation et pour la transaction. Mais un peu comme les réseaux sociaux, Airbnb se voit parfois réclamer des informations personnelles sur ses utilisateurs (nom, adresse,...)
Vendredi, la plateforme a annoncé avoir ainsi transmis les données de 124 personnes au Parquet de New York, suite à une demande de ce dernier. Les informations en question concernaient des loueurs de la célèbre ville américaine, et non de simples utilisateurs ayant pu séjourner chez un hôte. Selon la plateforme, la « vaste majorité » de ces hôtes n’utilisait plus ses services. Airbnb a effectivement tenu à minimiser la chose, insistant sur le fait que cette centaine d’individus représentait par ailleurs moins de 1 % de sa communauté d’hôtes new yorkais.
Mais que compte faire le ministère public de ces informations ? Difficile de savoir s’il s’agit pour l’heure de lancer de simples enquêtes ou bien d’engager une action bien plus conséquente. « Même si le bureau du procureur peut demander des informations supplémentaires dans les prochains mois, rien dans les profils de ces loueurs ne suggère qu'il enquête sur quelque chose d’autre que sur des individus qui enfreignent de manière flagrante les règles d'usage de notre plateforme » croit néanmoins savoir Airbnb.
Comme le rappelle ArsTechnica, les autorités new yorkaises sont en guerre depuis plus d’un an déjà contre certains utilisateurs d’Airbnb, qui sont accusés de profiter des services de la plateforme pour exercer les mêmes activités que certains hôteliers, mais sans avoir à se plier aux contraintes que ces professionnels doivent respecter - que ce soit en matière de normes de sécurité que de taxes à payer.
La France pourrait bientôt légiférer sur le sujet
En France, un rapport parlementaire s’inquiétait justement le mois dernier de cette concurrence jugée déloyale à l'égard des professionnels du tourisme. Sa solution ? Obliger tous les sites « qui effectuent de l’intermédiation locative à titre onéreux » à collecter la taxe de séjour (dont le montant peut aller de 20 centimes à 1,50 euro par personne et par nuit, en fonction du type d’hébergement ainsi que de la commune sur laquelle la taxe est appliquée), de la même manière que les hôtels par exemple. Une telle mesure obligerait dans le même temps les hôtes à se dévoiler auprès de Bercy, avec éventuellement à la clef une requalification de leur activité personnelle en activité commerciale - avec toutes les conséquences sociales et fiscales que cela pourrait impliquer.
Le gouvernement semble avoir été séduit par cette idée, puisqu’il a fait voter à l’Assemblée nationale, juste avant la pause estivale, un amendement l’habilitant à prendre par voie d’ordonnance différentes mesures concernant le secteur du tourisme, et plus particulièrement pour « l’amélioration du cadre réglementaire précisant les modalités de location d’hébergements touristiques par des exploitants non professionnels », et ce « afin d’éviter le développement d’une concurrence déloyale » (pour en savoir plus, voir notre article).