Alors que le producteur Jean Labadie se plaignait il y a deux semaines que les « pirates » volent en toute impunité ses films, la Hadopi a commandé il y a quelques jours une étude afin de mieux savoir quelle valeur les internautes accordaient aux films, aux séries TV et à la musique. L’institution pense que cela pourrait avoir une incidence sur leurs pratiques, potentiellement illicites.
La semaine dernière, la Hadopi a lancé un énième appel d’offres. L’institution est en effet à la recherche d’un prestataire capable de réaliser une étude qualitative et quantitative « ayant pour objectif de comprendre la perception que les internautes français ont de la création de musique, films et séries télévisées ». Pour tenter d’en savoir plus sur ce qui intéresse plus précisément la Rue du Texel, Next INpact s’est procuré les documents contractuels liés à ce marché public.
On y apprend que la Haute autorité considère que les internautes portent un regard différent sur la musique et les films/séries. La Hadopi explique en ce sens que ses dernières études sur les « Digital natives » et le jeu vidéo « ont montré qu'il y avait de réelles divergences de perception de la valeur de la création en fonction du type de bien culturel. Ainsi, un morceau de musique ne verra pas sa création être appréhendée de la même façon qu'un film, et cette différence va affecter la perception de toute la chaîne de valeur associée à l'œuvre ».
À tel point que cette distinction « pourrait apporter un nouvel éclairage sur le recours à des moyens illicites pour accéder à ces œuvres ». En clair, les « pirates » pourraient avoir un comportement différent en fonction de la valeur qu’ils accordent aux contenus musicaux ou audiovisuels (qualité, apport culturel ou de divertissement, etc.).
Des comportements différents en fonction de la valeur accordée à l'oeuvre ?
Un prestataire est ainsi sollicité afin d’appréhender plus en détail « les rapports et attitudes des consommateurs » face à la musique et aux films/séries. Il devra notamment interroger les Français sur la valeur qu’ils accordent à ces biens culturels. « Selon le consommateur, est-il possible de les considérer comme des « œuvres » ? Dans quelle mesure, dans quel(s) cas ? Y-a-t-il des différences perçues selon le type d’œuvre et le support (physique vs. dématérialisé) ? » Voilà le type de questions que la Haute autorité voudrait voir posées aux Français.
Dans le même ordre d’idée, il faudra sonder la perception et la connaissance qu’ont les consommateurs de films et de séries quant au temps de travail ou aux budgets relatifs à la création de ces œuvres. Pour ceux qui ont des pratiques illicites, le prestataire devra les interroger sur leur « connaissance de l’impact qu’elles peuvent avoir sur la création de musique, films et séries TV », ou bien encore chercher à savoir si les « pirates » se fixent des limites sur cette base et pourquoi.

L’étude commandée par la Hadopi devra également se pencher sur les attitudes des consommateurs vis-à-vis des mesures techniques de protection, de type DRM. « Ces mesures de protection ont-elles un impact dans leurs usages ? Si oui, dans quelle mesure ? » se demande par exemple la Rue du Texel.
La Hadopi prête à débourser jusqu'à 50 000 € pour cette étude attendue pour la fin 2014
Comme d’habitude, l’institution rappelle dans la section relative à l’indépendance du titulaire du marché qu’elle « propose des orientations ou sollicite des corrections sur la présentation formelle des livrables ou sur le cadrage de l’enquête ». La Hadopi attend un rapport final pour le 31 décembre 2014 au plus tard. En l’échange de ses services, le prestataire pourra prétendre jusqu’à 50 000 euros (hors taxe) d'argent public.