Le ministère de l’Éducation nationale a officiellement porté plainte hier après-midi auprès des services de gendarmerie, suite aux fuites de sujets du bac sur Twitter. Les premières investigations des cyberpatrouilleurs ont cependant conduit les autorités à affirmer qu’il n’y avait pas eu de divulgation de sujet avant le début des épreuves.

L’affaire a fait grand bruit hier : des sujets du bac de philo ont été dévoilés sur Twitter lundi matin aux alentours de 8h30, soit quelques minutes après le début des épreuves (voir nos explications). Le problème est que cela pourrait potentiellement avoir permis à certains de prendre connaissance des sujets quelques minutes avant de rentrer en salle d’examen, les candidats retardataires pouvant habituellement être acceptés jusqu’à 9 heures - voire 9h30 cette année en raison de la grève de la SNCF. Cet impact semble toutefois extrêmement limité, au regard des 269 personnes admises hier après 8 heures (en France métropolitaine, hors Corse) et du court laps de temps gagné...
Rappelons au passage la règle : les élèves ne peuvent remettre leur copie et sortir de salle tant que d’autres sont encore autorisés à rentrer. L’objectif est simple, puisqu’il s’agit d’éviter que les candidats s’échangent des informations sur les sujets.
Le STRJD en charge de l’enquête
Si les deux comptes Twitter à l’origine de ces fuites sont désormais inaccessibles, leurs titulaires sont actuellement recherchés par les autorités. Les services de gendarmerie nous ont en effet confirmé avoir été officiellement saisis hier après-midi d’une plainte déposée par un représentant de l’Éducation nationale. Et c’est désormais la division en charge de la cybercriminalité au sein du STRJD (pour Service technique de recherches judiciaires et de documentation) de Rosny-sous-Bois qui est « en charge de l’enquête ».
Quelles charges pourraient être retenues contre ces twittos ? « Cela sera déterminé par un magistrat » répond-on chez les gendarmes. Mais du côté de l’Éducation nationale, on concède que le délit de fraude pourrait ne pas être constitué, puisque c’est le fait de livrer à un tiers ou de communiquer sciemment le sujet, « avant l'examen ou le concours », qui est puni de trois ans de prison et de 9 000 euros d’amende. Or ici, les fuites ont eu lieu après 8h.
Pas de fuites dès dimanche soir
Autre chose : la gendarmerie nous a encore indiqué que les soupçons de fuite, toujours sur Twitter, mais dès dimanche soir aux alentours de 23h30, n’étaient pas avérés. Les investigations des cyberpatrouilleurs ont en effet conduit les autorités à conclure qu’il n’y avait pas eu de divulgation de sujets avant le début des épreuves.
Le ministre temporise : « rien de significatif »
« Je veux rassurer tout le monde : il n'y a pas eu de fuites » s’est ainsi félicité hier le ministre de l’Éducation. Benoît Hamon a néanmoins reconnu qu’il y avait « pu y avoir » divulgation de sujets après 8h, via Twitter. « Nous sommes là dans une situation parfaitement maîtrisée, et qui au pire aurait pu concerner une cinquantaine de retardataires qui, courant pour aller à leur examen, auraient pu piocher l'information, a-t-il néanmoins temporisé. On a rien de significatif » En clair, aucune annulation d’épreuve n’est à l’ordre du jour, comme l'a assuré le ministre ce matin encore sur RTL.
Un « partenariat » de veille entre gendarmerie et Éducation nationale
Insistons enfin sur le fait que le ministère de l’Éducation nationale et la gendarmerie nous ont confirmé qu’un « partenariat » liait les deux administrations afin qu’une veille soit justement effectuée « en permanence » sur Internet, en vue d’éventuelles fuites. Chacune des deux parties s’est cependant refusée à davantage de précision sur cette cellule, l’exécutif reconnaissant néanmoins qu’il y avait eu un « renforcement » suite aux incidents de 2011.
On se souvient en effet qu’un sujet de l’épreuve de mathématiques du bac S avait partiellement fuité sur les forums de JeuxVidéo.com, forçant l’Éducation nationale à ne pas comptabiliser l’exercice en question dans la notation. À notre connaissance, aucune condamnation n’a été prononcée à ce jour dans le cadre de cette affaire.