L'arrivée prochaine de Netflix en France forcerait-elle les acteurs locaux à changer leurs habitudes un peu plus rapidement pour éviter le massacre ? On pourrait le croire en voyant les deux dernières initiatives prises par Canal+ en terme de diffusion de certaines de ses séries.
Regarder les épisodes d'une série chaque semaine, les uns après les autres, à raison de 24 semaines par saison... en 2014 ? Cela existe encore. Eh oui, alors que la consommation de ces contenus a largement explosé ces dernières années, et que le piratage a déjà fait des ravages dans les habitudes françaises en la matière, on trouve quelques chaînes pour continuer à s'enfermer dans ce genre de modèle, au nom de la maximisation des revenus publicitaires générés, parfois à grands coups de rediffusions.
La diffusion des séries en France : un archaïsme qui a la peau dure
Si M6 est encore l'un des spécialistes du genre, notamment avec NCIS, d'autres ont commencé à largement changer leurs habitudes. Ce n'était pourtant pas gagné, tant on part parfois de loin. Même des chaînes où les séries constituent une large part des diffusions, comme TF1 ou Canal+, se sont encore retrouvés l'année dernière à couper des séries comme Person of Interest ou Scandal à la hache, lorsque ce n'était pas tout simplement les épisodes qui étaient diffusés dans le mauvais ordre, règles du CSA obligent. Si l'on ajoute à ça les diffusions plusieurs mois après les USA, on commence à comprendre pourquoi les fans cherchent des solutions alternatives.
Le marché de la vidéo à la demande aurait pu être une bonne solution, mais là aussi nous avons déjà noté de nombreux abus. TF1 est largement en tête en la matière avec les tarifs plus que prohibitifs pratiqués sur son service, qui se paie le luxe de facturer certaines séries près de 50 € la saison, sans possibilité pour le fan de disposer de la moindre réduction, par pack ou par abonnement par exemple.
Non, vous ne rêvez pas
La diffusion US+24 à la rescousse
Avec le temps, on a tout de même vu quelques initiatives intéressantes. Canal+ et OCS se sont ainsi mis à diffuser via leur service de « replay » des séries américaines en version originale sous-titrée 24 heures après leur diffusion outre-Atlantique. Si dans le premier cas, le tarif mensuel imposé par Canal+ est encore souvent jugé prohibitif, c'est différent dans le second. Il est ainsi question de seulement 12 euros par mois, malgré un catalogue plutôt complet notamment grâce au partenariat avec HBO, d'une large diffusion, d'une ouverture des applications mobiles à venir et même de la mise en place d'une lecture hors-ligne il y a quelques mois.
Mais même avec toutes ces initiatives, et le développement d'exclusivités pour des services de SVOD tels que Canal Play Infinity, l'arrivée du tourbillon Netflix pourrait bien faire des dégâts, surtout s'il opère non pas depuis la France, mais depuis l'étranger. Chacun cherche donc à se renforcer, et Canal+ a récemment lancé deux initiatives qui devraient plaire aux inconditionnels de séries.
HBO et Game of Thrones ont largement contribué au développement d'OCS en France
Canal+ accélère le rythme et multiplie les essais
La première concerne la nouvelle saison de la série 24 : Live another day, avec le célèbre Jack Bauer, dont on vient d'apprendre qu'elle sera diffusée non pas 24 heures après les USA, mais 40 minutes seulement, histoire de s'assurer d'une bonne qualité du flux et d'éviter les déboires techniques. Un principe qui n'est pas totalement nouveau puisque France 4 avait par exemple mis en place avec la BBC une diffusion simultanée d'un épisode important de la série Doctor Who. Une pratique qui n'a malheureusement pas été généralisée à l'ensemble de la saison ou des épisodes spéciaux. Ici aussi, cela ne concernera que les deux premiers épisodes.
La seconde initiative a été mise en place un peu plus tôt dans le mois et concerne Mafiosa, une production maison. En effet, Canal+ a décidé de permettre à ses abonnés de pratiquer le « Binge watching » et donc de regarder l'intégralité de la saison sans attendre quatre semaines, comme le fait Netflix avec House of Cards par exemple. À raison de deux épisodes par semaines et de huit épisodes par saison, il faut dire que le risque n'est pas énorme puisque cela n'aurait de toute façon pas été au-delà d'un mois. Une telle série n'est donc pas destinée à garder captif l'abonné sur le long terme. C'est autre chose pour celles disposant d'une vingtaine d'épisodes par saison, que les chaînes raisonnables diffusent par pack de deux ou trois.
On note d'ailleurs que les habitudes marquent parfois les esprits. On a en effet vu le community manager du compte Twitter dédié aux séries du groupe vanter la diffusion des épisodes 3 et 4 de la dernière saison de Mafiosa à l'ancienne, pour ceux qui savourent plus qu'ils ne gloutonnent. Mais que l'on soit rassuré, il n'y a là aucun jugement de valeur. Il faut sans doute que les chaînes françaises finissent de comprendre que leurs téléspectateurs ou clients sont aussi des gloutons qu'il va falloir apprendre à satisfaire et non plus à frustrer, au risque de voir d'autres s'en occuper.
La suite de @mafiosa_laserie [ep 3&4] c'est ce soir : http://t.co/UXe3ax3Ukz (Eh oui ! Tout le monde ne gloutonne pas... Certains savourent)
— Les séries CANAL+ (@seriescanalplus) 21 Avril 2014