Europe : les pistes de Bruxelles pour numériser les industries

Europe : les pistes de Bruxelles pour numériser les industries

Fédérer, fédérer et financer

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Guénaël Pépin

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19/04/2016 6 minutes
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Europe : les pistes de Bruxelles pour numériser les industries

La Commission européenne compte lier les initiatives nationales pour l'industrie numérique, tout en accélérant le développement de standards et en encourageant l'usage du cloud pour la recherche. Des initiatives qui s'intègrent au projet de marché unique numérique en cours de discussion.

L'Europe continue d'avancer sur son marché unique numérique. La Commission européenne vient de présenter tout un lot de mesures destinées à numériser les industries, promouvoir l'échange scientifique et (bien entendu) favoriser l'usage du cloud. Cette annonce suit de premières propositions sur le droit d'auteur, qui ont déclenché un large débat (voir notre analyse), et une proposition de coordination des fréquences hertziennes, pour amener la 4G sur les 700 MHz partout en Europe d'ici 2020.

« Les secteurs traditionnels (comme la construction, l'agroalimentaire, le textile et la métallurgie) et les PME sont particulièrement en retard dans leur transformation numérique » constate la Commission, qui compte bien remédier à ce problème affiché. Pour rappel, selon son dernier barème, la situation de la France est aussi inquiétante en la matière, malgré les initiatives gouvernementales.

Coordonner les initiatives industrielles européennes

Ces dernières années, les pays européens ont ainsi multiplié les plans de financement, de coordination, les incubateurs et autres partenariats. Au point de créer une forte concurrence entre pays, voire régions, sans réelle cohérence. La Commission veut donc les amener à dialoguer, en mettant de l'argent sur la table si nécessaire. Dans le détail, l'institution prévoit de :

  • coordonner les initiatives nationales et régionales en instituant un dialogue européen ; un cadre de gouvernance doit aussi être mis en place, en accord avec les États-membres et les industries
  • concentrer les investissements des partenariats public-privé, en s'appuyant sur ces initiatives locales
  • investir 500 millions d'euros dans un réseau de centres d'excellence technologique où les entreprises peuvent demander conseil et tester les innovations numériques
  • lancer des projets pilotes à grande échelle dans l'Internet des objets, les processus de fabrication, les smart cities, les voitures connectées ou encore la santé en mobilité
  • adopter une législation à l'épreuve du temps sur les données générées par les objets connectées et présenter un calendrier pour la formation numérique des Européens

Le tout doit mobiliser 50 milliards d'euros d'investissements publics et privés, prévoit la Commission. « En s'appuyant et en complétant les nombreuses initiatives nationales pour numériser l'industrie [...], la Commission propose des plans pour utiliser ses instruments réglementaires, son soutien financier, ses pouvoirs de coordination et législatifs pour déclencher des investissements supplémentaires dans tous les secteurs » déclare-t-elle dans son communiqué. L'horizon pour ces initiatives semble (une nouvelle fois) fixé à 2020.

Initiatives nationales numérique Europe DSM

Accélérer le développement de standards

Autre combat important pour l'Europe : les standards. L'Union estime qu'elle peut influer sur l'avenir des normes techniques, et ainsi favoriser les entreprises locales qui en auraient la maîtrise. Sur certains dossiers, comme la 5G, la Commission plaide d'ailleurs l'activisme pour favoriser la conception et l'expérimentation de nouvelles techniques.

Dans les faits, elle propose ici de se concentrer sur cinq domaines prioritaires pour les industriels européens : la 5G, le cloud, l'Internet des objets, les technologies de données et la cybersécurité. Ce sont des priorités déjà connues, mais qui deviendraient d'autant plus importantes avec le marché unique numérique, s'il est adopté. La Commission veut également cofinancer l'expérimentation de technologies, dans l'idée d'aider les industriels à gagner du temps dans la course mondiale pour les prochains standards.

Concernant la 5G, l'UE compte lancer courant 2017 la phase 2 du financement de projets liés au prochain standard, avant une démonstration de ses capacités aux Jeux olympiques de PyongChang en 2018. La troisième phase, elle, doit aussi débuter en 2018, avant la standardisation et les premiers déploiements commerciaux prévus en 2020.

Fédérer les services cloud scientifiques

Au-delà des industries, l'institution compte surtout encourager le développement scientifique. Et quoi de mieux que le cloud pour encourager l'usage du numérique par les chercheurs ? La Commission espère ainsi fournir aux scientifiques un environnement virtuel pour stocker et traiter leurs données de recherche et collaborer dessus (European Open Science Cloud), dès cette année. Cela en fédérant les plateformes existantes et en soutenant le développement de services liés.

L'an prochain, la Commission propose d'ouvrir par défaut les données scientifiques issues du programme Horizon 2020, qui sera financé à hauteur de 77 milliards d'euros. 2018 devra suivre avec une initiative pour accélérer le développement de la technologie quantique, « qui constitue le fondement de la prochaine génération de supercalculateurs ».

D'ici 2020, l'Union compte déployer « à grande échelle » une infrastructure de calcul, de stockage de données et de réseau. Elle compte acquérir deux prototypes de supercalculateurs, « dont l’un se classerait parmi les trois meilleurs au monde ». La Commission veut aussi créer un centre européen des mégadonnées (big data) et moderniser le réseau pour la recherche et l’innovation (GÉANT).

Moderniser les services publics numériques

Dernier point important de ces nouvelles mesures : les contraintes administratives des entreprises. Le but du marché unique numérique étant de favoriser les échanges intra-Europe, il faut donc adapter les administrations pour les faciliter, estime la Commission. Elle propose ainsi de largement appliquer le principe de « dites-le-nous une fois » entre l'ensemble des États-membres, en interconnectant les bases de données nationales. Dans le détail, cela donne :

  • un portail numérique unique pour fournir aux entreprises toutes les informations nécessaires pour les échanges entre pays
  • une interconnexion des registres d'entreprises et d'insolvabilité entre eux et avec le portail e-justice, qui doit devenir un guichet unique
  • la mise en place du « dites-le-nous une fois » pour toutes les entreprises européennes, se déclarer dans un pays permettant d'être reconnu partout
  • une aide au développement de services d'e-santé s'étendant sur plusieurs pays
  • une autre aide pour accélérer la transition vers les marchés publics en ligne, toujours avec l'idée du « dites-le-nous une fois »

Rappelons encore que le marché unique numérique doit être adopté d'ici la fin de l'année par l'ensemble des institutions européennes, selon le souhait de la Commission. Un calendrier ambitieux qui devra passer l'épreuve des débats au Parlement européen et l'avis du Conseil de l'Europe, avec les allers retours éventuels, qui peuvent fortement ralentir sa mise en place.

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Écrit par Guénaël Pépin

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Sommaire de l'article

Introduction

Coordonner les initiatives industrielles européennes

Accélérer le développement de standards

Fédérer les services cloud scientifiques

Moderniser les services publics numériques

Commentaires (5)




Au point de créer une forte concurrence entre pays, voire régions, sans réelle cohérence.



La cohérence, c’est de laisser l’UE décider où déporter telle ou telle industrie ? Virer ce qui reste Grèce et en Espagne pour les coller en Allemagne et vouer ces peuples à l’émigration ?



Les pays sont en concurrence parce que c’est leur nature. La France n’a aucun intérêt à sacrifier ses propres intérêts aux dépens de ceux de l’industrie allemande. Il n’y a aucune identité commune, aucune vie politique commune, aucune solidarité.



Et j’ai du mal à voir en quoi nous gagnerons à déplacer les centres de décision industriels vers un échelon administratif supérieur coincé à Bruxelles, encore plus éloigné des acteurs de terrain, ne parlant même pas leur langue et n’ayant pas de réseau social en commun puisque ceux-ci sont nationaux. Ce n’est même pas un apport d’argent frais puisque cet argent c’est nous qui le leur avons versé en premier lieu. De toute façon on ne simplifie un écheveau en rajoutant des dispositifs redondants.





une initiative pour accélérer le développement de la technologie quantique, « qui constitue le fondement de la prochaine génération de supercalculateurs ».



Ah ah ah.



Avec de grandes idées de ce genre sorties du chapeau, je gage que le plan fera le bonheur de quelques copains.


“Fédérer, fédérer et financer”



Je ne sais pas mais ça me fait penser à la Suisse&nbsp;<img data-src=" />



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Allez encore de la souveraineté qui se barre…&nbsp; Le parlement européen ressemble à la tour de Babel… comme quoi l’homme n’apprends pas du passé…


en Suède “Produktion 2030”, c’est ce qui s’appelle voir sur le long terme.


Fédérer&nbsp;les services cloud&nbsp;scientifiques



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