Vodkaster revient sur l'échec de MovieSwap et l'évolution de son modèle

Vodkaster revient sur l’échec de MovieSwap et l’évolution de son modèle

Chromecast arrive, sûrement

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Guénaël Pépin

Publié dans

Internet

13/04/2016 5 minutes
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Vodkaster revient sur l'échec de MovieSwap et l'évolution de son modèle

Hier, Vodkaster a arrêté la campagne de financement de MovieSwap, un service d'échange de DVD lisibles à distance. La raison : le nombre de contributeurs ne suffisait pas pour que les investisseurs se lancent. L'entreprise nous explique son choix et les changements à venir.

La journée d'hier a été difficile pour Vodkaster. L'entreprise a coupé la campagne Kickstarter pour son projet MovieSwap, qui devait permettre d'échanger des DVD lisibles via Internet, et ce partout dans le monde. En fait, l'objectif affiché de 35 000 euros était largement dépassé quand le projet a malgré tout été fermé. La raison ? L'objectif caché n'était pas atteint. Le nombre de contributeurs était trop bas pour que les investisseurs de Vodkaster se lancent dans l'aventure. Quand ils en attendaient 10 000, environ 5 000 avaient répondu présent.

Cet arrêt a été une surprise pour la majorité des « backers », surtout que la société maîtrise déjà la technique derrière la mise en ligne de DVD, qui offre un catalogue profond sans dépendre des ayants droit. Depuis près de deux ans, le service français propose d'envoyer ses DVD pour les retrouver dans un espace personnel en ligne, puis de les revendre en quelques clics ; copies physique et numérique incluses.

Cela n'a pourtant pas suffi. « C'est un projet qui comporte un grand risque financier » et nécessitait donc « un signal fort » pour son lancement, nous explique Cyril Barthet, le patron de Vodkaster. D'où les 10 000 contributeurs, qu'un bon début pouvait laisser présager.

Trois millions de dollars nécessaires pour MovieSwap

« On a très bien démarré » affirme Cyril Barthet. La moitié de l'objectif affiché de 35 000 euros avait ainsi été atteint en 24 heures, avec l'ensemble des contreparties « early birds » (premiers arrivés) distribuées. L'entreprise était aussi contente d'avoir atteint un public avant tout étranger, ce qui était l'un des buts de la campagne.

L'argent demandé aux backers était presque symbolique au regard du financement nécessaire : environ trois millions de dollars, que seuls des investisseurs peuvent apporter. « 10 000 backers est beaucoup pour une campagne de financement, mais ce n'est « que » 10 000 personnes d'un point de vue financier, surtout avec un ticket d'entrée très bas » relativise ainsi le service. La première contrepartie à cinq dollars ouvrait ainsi un accès gratuit à vie à MovieSwap.

Dans la journée d'hier, il a été beaucoup reproché à Vodkaster d'avoir masqué son véritable objectif. Réponse de la société : « Kickstarter, comme toutes les autres plateformes de crowdfunding, ne permet pas de définir un objectif par backer. Dans le cas contraire, nous aurions simplement mis 10 000 ».

Ce n'est tout de même que partie remise, le vrai objectif de MovieSwap étant ailleurs. « Derrière MovieSwap, il n'y a pas l'idée d'un service de lecture de DVD à distance mais d'abonnement avec un accès à tous les films. Et tant pis s'il ne s'agit pas de titres exclusifs » explique encore Cyril Barthet, qui tient à marquer le contraste avec Netflix, qui multiplie les créations originales pour compenser une certaine faiblesse de catalogue sur les contenus de tiers.

Un nouveau modèle négocié avec les studios

MovieSwap est, pour le moment, derrière la société, qui se concentre désormais sur son service français, aujourd'hui de lecture et de revente de DVD à distance. Vodkaster travaille en fait à une refonte de son modèle, en train d'être avalisé par les studios. Jusqu'ici, Vodkaster a opéré son service sans besoin de passer par les ayants droit, grâce à l'interopérabilité (voir notre analyse).

Les discussions avec les ayants droit ont donc « bien avancé » sur ce « changement important ». Pour rappel, Vodkaster travaille avec les ayants droit pour permettre notamment l'usage de Blu-ray et quelques facilités logistiques, comme le stockage d'une seule copie par œuvre, plutôt que par disque envoyé. La société discute aussi avec un distributeur culturel français pour que ses clients puissent déposer leurs DVD en magasin pour les envoyer directement sur le service.

Le nouveau modèle en négociation ne serait tout de même plus centré sur la lecture de DVD à distance, même si les disques restent importants. Vodkaster rappelle que la lecture de DVD à distance est un moyen plus qu'un but et que l'objectif est d'accéder au monde numérique à partir de celui du disque, en découvrant plus facilement de nouveaux titres.

Ce changement doit, entre autres, ouvrir la voie à la lecture de films sur Chromecast. Ce qui n'est pas le cas actuellement, la clé HDMI de Google ne prenant pas en charge la navigation dans les menus d'un disque. L'idée d'une clé HDMI maison avec télécommande, SwapStick, est d'ailleurs bien enterrée avec MovieSwap.

Une bataille pour l'avenir du service

« Quand on discute avec les studios, ce sont eux qui mènent la danse. S'ils veulent pousser un modèle, on s'y conforme » explique Cyril Barthet, pour souligner la difficulté à négocier avec les ayants droit. « Il faut concilier le modèle mûri par les ayants droit avec le nôtre » poursuit-il. Les demandes des ayants droit sont l'une des grandes contraintes de la vidéo à la demande, de l'aveu même de ses acteurs.

Interrogé sur Chill d'Orange, qui permettra de « numériser » sa collection physique pour y accéder en ligne, Vodkaster explique que leur but est bien de faciliter l'accès à de nouveaux titres. Cette volonté est jusqu'ici passée par la revente de ses DVD via Vodkaster et l'idée mort-née de l'échange via un service par abonnement sur MovieSwap.

L'évolution du service pourrait aussi passer par les opérateurs, dont le poids en France les rend difficilement contournables, le marché étant dominé par leurs box. Adopter un modèle négocié avec les ayants droit et s'associer à un (ou plusieurs) opérateur serait le meilleur moyen de gagner rapidement en traction, rappelle Vodkaster, qui promet plus de détails dans quelques semaines.

Écrit par Guénaël Pépin

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Trois millions de dollars nécessaires pour MovieSwap

Un nouveau modèle négocié avec les studios

Une bataille pour l'avenir du service

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Dans la journée d’hier, il a été beaucoup reproché à Vodkaster d’avoir masqué son véritable objectif. Réponse de la société : « Kickstarter, comme toutes les autres plateformes de crowdfunding, ne permet pas de définir un objectif par backer. Dans le cas contraire, nous aurions simplement mis 10 000 ».





J’en reviens à ce que j’ai dit dans la précédente news : au vu des paliers de récompenses (5€ limité à 3000 exemplaires, 10€ sans limites pour la paliers suivant), l’objectif initial de 35k€ est incompatible avec l’objectif de 10 000 backers.

Il s’est forcément passé quelque chose avec les investisseurs ou les lobbys des ayants droits pendant la campagne qui n’était pas prévu à l’origine.


l’objectif aurai du etre de 50k€ minimum


Pour être précis, 53000 + 700010 = 85k€ <img data-src=" />